Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

jeudi 28 juin 2007

La critique littéraire (suite)


Enfin, je peux continuer cette réflexion sur l'évaluation d'une oeuvre littéraire. Que sorte de ma tête – pour se transférer dans celle des autres :) ... un certain tourment qui m'habite à ce sujet. Avant de m'y étendre, je complète ma transcription d'une évaluation de Pierre Monette que je prends comme modèle pour le moment, le temps qu'il me projette à un autre modèle qui lui, m'amènera à un autre ... et ainsi se suit l'évolution si on s'ouvre à elle !

« Chacune de ces nouvelles rappelle que la plupart de nos existences se résument aux rares moments où l'ordinaire fait des histoires où les événements échappent au ronron de la routine. La mort, évidemment, a le don de nous faire comprendre que nous sommes bien peu de chose : « On meurt et ça continue sans nous. » Et c'est tout ça, finalement, qui compte vraiment : « l'inépuisable respiration de la mer »; le redoux qui n'est qu'une trêve, une trahison de l'hiver, un piège »; avoir « la tête dans le bruissement des feuilles »; apercevoir « dans le pâturage [...] des stries vertes d'été, d'autres roux sombre d'automne et, plus loin encore, aux pieds des arbres, des nébuleuses de givre ». Et c'est ça qui compte dans ces récits : une langue savoureuse, une écriture qui porte la signature de Robert Lalonde. La construction de chacun des textes n'est pas toujours des plus heureuse, la narration ne roule pas toujours aussi rondement qu'on l'aimerait : on dirait, parfois, des débuts de romans qui ont tourné court (« Le meilleur ami de l'homme » est l'exception : la meilleure des nouvelles rassemblées dans l'ouvrage). Mais les personnages qui habitent ces pages ! Et surtout le ton, le style ! Ils se font de plus en plus rares, ils sont comme en voie de disparition, les écrivains qu'on reconnaît à la tournure de leurs phrases, qu'on lit moins pour ce qu'ils racontenent que pour leur manière de le raconter, qui n'écrivent pas seulement en français (ou en québécois, si ça se trouve...), mais en Ferron, en Anne Hébert, en Miron, en Marie-Claire Blais, en Beaulieu, en Lalonde. Si, comme le veut l'adage, le style, c'est l'homme, alors Robert Lalonde est tout un homme. »

Voyez-vous un peu mieux ce que j'ai aimé ? Ce commentateur a l'audace de son honnêteté. Il en faut tout de même pour déclarer avec assurance ce que l'on a pas aimé : « la construction de chacun des textes ... pas toujours des plus heureuse, la narration ne roule pas aussi rondement qu'on l'aimerait ... ». C'est le style, le ton, les personnages, la signature unique qu'il a apprécié au point de nous donner le goût de fouiller ces "Espèces en voie de disparition". Et comme il a particulièrement été impressionné par le style, il nous en fait une belle démonstration (vous aurez compris que les guillements à l'intérieur des guillements sont du Lalonde).

Il est certain qu'on aime connaître ses modèles. J'ai donc demandé à Google qu'est-ce qu'il savait de ce Pierre Monette et j'ai découvert, à ma surprise, qu'il a été au centre d'une polémique suite à la publication de son « Pour en finir avec les intégristes de la culture » (Boréal, 199 p.) :

J'en ai jusque-là! Plein mon casque des chroniqueurs et niqueuses pressés de placer leur mot, qui débattent de mes propos sans se soucier de référer à ce que j'ai écrit. Je fais désormais partie, en compagnie de Mordecai Richler et René Daniel Dubois, de ces auteurs dont on parle sans les avoir lus, et qu'on dénigre sans les nommer.
[....]
Qu'on soit d'accord ou pas avec mes positions, peu m'importe: qu'on lise son livre avant d'en parler, c'est tout ce qu'un auteur est en droit de demander.
Le moins que l'on puisse dire est qu'il a déjà goûté à la saveur amère de la critique lancée haut et fort sans l'assise honnête et responsable qu'est la lecture d'une oeuvre au complet avant de la critiquer vertement.

Et là, on atteint le coeur de mon tourment. Je suis à lire un roman et ma première impulsion aurait été de l'abandonner « au plus sacrant » ! Je le lis jusqu'au bout, en rouspétant. Avec la mauvaise attitude justement. C'est un exercice que je m'impose. Je le vois ainsi, pigeant dans ma réserve d'humilité (j'en garde toujours une bonne réserve, cela peut être si utile parfois!) pour déclarer que je ne suis pas prête à évaluer ce roman. Mon évaluation ressemblerait beaucoup trop à une critique.

Ce qui fait que je devrais critiquer ma critique, et puis critiquer la critique de ma critique. Et là, je ne serai pas sorti du bois .... et comme j'y habite !

mardi 26 juin 2007

La critique littéraire en deux temps


On ne peut aborder le sujet de la critique littéraire en un seul billet. Impossible ! C'est un sujet trop chaud, trop brûlant. Ils brûlent les mains et bien des gorges. Surtout les gorges.

Qu'est-ce qu'un critique littéraire ? Pour ces questions à saveur émotive, je m'en remets à monsieur Le Petit Robert pour sa réputée neutralité. Voyez vous-même comme, dans ce cas-ci, le ton l'est : « Émettre un jugement faisant ressortir les défauts (de qqn, qqch) : blâmer, condamner, censurer, contredire, dénigrer, désapprouver, réprouver ». Après une telle définition, on ne se demandera plus (en passant, qui se le demandait encore !?) pourquoi les critiques littéraires sont si peu aimés, ausssi peu que les Aubergines d'ailleurs ! Je parle de la police française surnommée « Aubergine » à cause du costume de cette couleur. C'est quasiment tentant de parler de police littéraire, tellement il lui arrive de condamner un livre dès sa sortie ! D'utiliser la contravention et la matraque à profusion. Mais je ne le ferai pas, ce serait un jugement sur le Jugement !

Ce n'est pas d'un jugement dont un livre a besoin mais bien d'une évaluation. Voilà pourquoi je préfère le terme commentateur littéraire. Il sonne mieux à mes oreilles. Ce qui ne veut pas dire que le travail du commentateur soit plus facile, bien au contraire. Je suis très impressionnée par les commentaires consciencieux. Mais encore là ; Qu'est-ce qu'un commentaire consciencieux ? Question que je ne poserai pas au Petit Robert puisque ma propre réponse m'est venue par une démonstration exemplaire. J'ai trouvé dans le dernier numéro de « Entre les lignes » un commentaire sur « Espèces en voie de disparition ». Pas de confusion ici, Robert Lalonde, l'auteur, ne nous offre pas un essai sur les bons commentateurs, des espèces en voie de disparition ! Il nous offre onze histoires sur un « type de personnes que l'on rencontrerait de moins en moins : des gens biens, qui sont ce qui se fait de mieux parmi les humains, des gens qui savent aimer, qui savent vivre, qui savent que le simple fait de respirer et de sourire suffit à donner un sens à la vie. Des gens dont les sentiments ont la sincérité des émotions animales. Des hommes et des femmes qui, confrontés aux contraintes des convenances et des conventions, éprouvent l'épouvante de vivre à côté de la vie». C'est ainsi que Pierre Monette a entamé son commentaire.

Mais ce n'est qu'un début. À un moment donné (demain, je vous transcrit l'évaluation au complet), vous le verrez, il s'enflamme. On voit que le commentateur a réellement apprécié le bouquin mais à travers le tumulte de son amour de l'oeuvre, il nous sert tout de même les faiblesses.

Voilà ce qui m'impressionne : arriver à relever les travers, même quand on a beaucoup apprécié. Et l'inverse est aussi vrai - sinon plus ! - ; sortir les points forts même quand on ne prise pas du tout une oeuvre. C'est à ce moment que l'on s'éloigne le plus du jugement pour frayer avec l'évaluation qui, somme toute, est beaucoup plus difficile car plus nuancée. C'est si facile de dire « J'aime ou je n'aime pas », c'est « Bon, ou ce n'est pas bon » mais en étayer les raisons est une tâche délicate, précise et qui exige, peut-être, de faire partie d'espèces en voie de disparition !

J'ai bien dit « peut-être » car j'espère bien que non. Et il n'est pas bête, à mon avis, de mettre de l'avant les êtres en voie de disparition - merci à Robert Lalonde ! - car c'est, à mon avis, se donner une chance qu'ils ne disparaissent pas. À partir de ce moment-là, on leur donne l'occasion de nous servir d'exemple, assez souvent sans même qu'ils ne le sachent, comme c'est le cas ici. Pierre Monette ne sait pas que je le sers en exemple et les personnes décrites par Robert Lalonde ne savent probablement pas qu'elles lui ont, un jour, servies d'exemple.

À demain !

samedi 23 juin 2007

Lecture bien ordonnée commence par nous-mêmes


Je ne sais pas si vous connaissez Nicolas Dickner, auteur de Nikolski (roman qui a reçu plusieurs prix bien mérités) mais aujourd'hui c'est du chroniqueur dont je veux vous parler. Son dernier « Hors Champ », chronique dans le Voir discute, dans le sens de remettre en question, le classement des livres en catégories « Nationalité ». Le texte est superbement écrit, toujours aussi disjoncté (tout pour ne pas dire flyé !) mais il est facilement contestable. Ce que j'ai évidemment fait, le contester, puisque là est la règle du jeu. Un chroniqueur joue avec les réactions des lecteurs comme un chat avec les souris. Ce qui importe est que la souris bouge et il ne la bouffe pas obligatoirement. Surtout un chat bien nourri. Et je me plais à croire que Dickner l'est, bien nourri !

Je vous offre mon commentaire, prenez-le comme un gros « BONNE ST-JEAN ! » lancé dans toutes les régions du Québec et que l'écho le fasse résonner au-delà de nos frontières.

Cher monsieur Dickner,
La lecture de votre exposé sur l'inutilité de cataloguer la littérature par petites cases appelées "nationalité" a eu l'effet inverse chez moi, elle a fait grandir mon impulsion naturelle vers ce type de classement.

Se fermer à cette étiquette, c'est automatiquement en créer d'autres puisqu'il faut bien classer et répertorier, ce que vous vous êtes empressé de prouver avec votre classement des plus loufoques. Il m'a apporté un sourire, ce que je prends comme mon cadeau de la St-Jean.

C'est amusant, le temps d'une chronique sur la St-Jean mais une fois à la bibliothèque, je reviens à mes cases nationalité avec un immense plaisir. Ne pas étiqueter un roman "Québécois" équivaudrait à ne pas m'étiqueter comme Québécoise et je ne me sens pas plus Espagnole, que je ne me sens Allemande.

Et en plus, et là se découvre la crème fouettée sur le sundae, j'aime lire et choisir du Québécois, ce que je ne faisais nullement avant. Voilà une belle occasion, en cette journée de la St-Jean, de le déclarer haut et fort et pas seulement par fierté mais par intérêt pur et simple. J'ai réalisé, en me penchant particulièrement sur notre littérature, qu'elle me captivait, et beaucoup. Cela m'a permis de vous découvrir comme auteur, entre autres perles : Suzanne Myre, Stéphane Bourguignon, Christine Brouillet, Jacques Poulin, Robert Lalonde, Denis Thériault, Louise Portal et combien d'autres que je ne nomme pas ici.

Et puis, s'il n'y avait que cette raison ; s'encourager entre nous autant qu'encourager les autres, eh bien, c'est déjà suffisant pour moi. Si l'on ne se lit pas entre nous, comment va-t-on convaincre les autres de nous lire ?

Une invitation à aller voter pour vos livres préférés

Sur le site « Écrivains Québécois », c'est la dernière journée pour vous prévaloir de votre vote. Celui-ci déterminera quels livres seront offerts en pâture, à vous, commentateurs en herbe. On peut aussi gagner des prix ... des livres bien sûr ! Mais le plaisir d'être lu par tous vaut déjà beaucoup. Prenez connaissance des explications. Voter, c'est aussi facile que souhaiter « Bonne St-Jean ! »
Le pire qu'il peut arriver est de découvrir un blogue super intéressant !

jeudi 21 juin 2007

Jouer à la taggue dans la blogosphère

Je me suis fait tagguer par Carole. Lisez le règlement : Chaque personne décrit sept choses à propos d’elle-même. Ceux qui ont été «taggués» doivent écrire sur leurs blogues ces sept choses ainsi que ce règlement. Ensuite, vous devez tagguer sept autres personnes et les énumérer sur votre blogue. Après, vous devez laisser un message aux 7 blogueurs pour les prévenir qu'ils ont été taggués et leur laisser un message pour les prévenir : « C’est toi le chat ! » Je plonge ...

1. J'ai une famille de toutou. Je m'en achète encore quand il me semble apercevoir un regard implorant dans la bille de l'oeil. Ils ont à peu près tous un nom : monsieur Picot (chien), Saint-Ubert (singe) Pistache (crocodile), Roseline (cochon), Annibal (gorille), Chopine (vache), Jaunas (canard) Bizou (chat) ... j'arrête, je sens ma crédibilité fondre à vue d'oeil.

2. Mon bureau est hyper coloré, très fantaisiste, certains diraient avec un petit côté «garderie » ... je retiens le « rie » ... pour rire de soi. Un tel environnement aide à ne pas se prendre trop au sérieux. Si je me sens faillir, je n'ai qu'à lever la tête et découvrir le poster de Tricot Machine avec de gros boutons sur leurs oreilles, une horloge-miroir dont les chiffres sont tombés, un aviateur volant dans l'air (sans avion, on s'entend), un mobile de poissons, des photos de bébés, des bibelots bébé ... un tableau de liège en spirale (orange et rouge), un ventilateur de plafond en fleur avec palmes pétales ... Je sais, je sais ... je ne serai plus jamais prise au sérieux.

3. Jadis, j'ai bouffé des biographies jusqu'à « ras le ponpon ». De tous les genres. J'ai un pan de mur de vies sur papier. Par l'humain, c'était une entrée facile pour moi en politique, en sciences, des domaines plus rébarbatifs pour moi. Cependant, c'est de vies d'artistes dont j'ai été le plus friande. M'instruire était la raison de surface, la plus profonde étant d'éviter de lire des romans. Oui, oui, vous avez bien lu. J'ai été longtemps, très longtemps incapable de discipline. Quand je lisais une vie fictive, je mettais la mienne de côté. Ça joue des tours ! Aujourd'hui, je suis une lectrice de fiction à peu près guérie ... malgré qu'une récidive est si vite arrivée, aussi les « briques » sont réservées pour les vacances.

4. J'ai déjà jeté une boite remplie de lettres lors d'un de mes nombreux déménagements. Je le regrette encore. Sinon, je conserve toutes les lettres, reçues et envoyées (j'en faisais des photocopies avant l'avènement informatique!). Tous mes « journal » intimes. Tous mes agendas. C'est une vie en mots, au lieu d'une vie en photos. C'est mon album de mots à lire quand je serai très vieille et aurait besoin de cette mémoire pour me revivre.

5. Je m'appelle Venise parce que ma mère, Jeanne, était une originale. Mais, attention, Aznavour a un peu raison en chantant « Que c'est triste Venise » ... Ma mère se proposait d'aller à Venise avec mon père. Celui-ci est mort, sur le coup, d'un terrible accident d'auto. Ma mère était alors enceinte de trois mois. Comme le voyage a été annulé, elle s'est dit « Si c'est une fille, je l'appellerai Venise ».

6. Notre maison haute et jaune à Eastman a été baptisée « La Jeanne » parce que c'est grâce à ma mère qui a tant acheté et vendu des maisons que j'ai pu réaliser ce rêve. Elle habite avec nous ... en esprit.

7. Au cours de mes nombreuses vies, j'ai habité des régions par ci par là ; Chibougamau, Baie-Comeau, Gatineau, Ste-Anne-de-la-Pérade, St-Hippolyte, ce qui fait que j'ai été souvent entouré de terre. Tout mon entourage me demandait alors pourquoi je ne faisais pas de jardin ... mais j'haïs jouer dans la terre. Ici, on est construit sur du roc pur et dur. Il serait ardu de faire un jardin ... Hon, que c'est dommage!

Je devais tagguer 7 personnes, j'en ai 4 ; Musky,Tristan Malavoy-Racine,Adeline,Bouquin,

... pour les 3 autres, j'ai taggué mes chats : Pouet, dit Plum Pouding, Pistou, dit Spoutnik et Popeye, le vrai marin. Je leur ai dit : « Ça y est, vous êtes le chat ....

mardi 19 juin 2007

L'Angélus de Louise Portal


Quelle belle journée pour parler de « L'Angélus de mon voisin sonne l'heure de l'amour » ! Une journée où s'invite une langoureuse torpeur si l'on ne veut pas se battre contre plus fort que soi, la chaleur. Une journée où la nature s'impose et où l'on se sent petit parce qu'elle est grande. Parce que cette dernière oeuvre de Louise Portal fraye intimement avec la nature. C'est l'histoire d'un deuil. Rien de bien réjouissant, sommes-nous portés à croire, mais tout dépend comment est abordé ce qui prend inévitablement fin un jour ; un événement, une amitié, une attente, une vie.

Dans cette histoire, c'est de vies humaines dont il est question. L'amitié se porte bien, les joues rougies de plaisir. La nature, comme une chape moelleuse, enveloppe les affligés. La reine nature rend sereine la mélancolie. De belles scènes contemplatives sont décrites sous une plume qui respire. On entend le silence entre les mots de l'auteure, ce qui est un art en soi. Oui, en soi. Pour tout ce que cette écriture a d'intériorité.

Les premiers chapitres laissent de l'espace au temps pour faire son oeuvre de prise de connaissance avec les personnages pour que, plus tard, s'installe à demeure la reconnaissance. Je me suis attaché fortement, parce que progressivement, à ces personnages dominant un enchevêtrement de liens intimes. À commencer par l'apprivoisement du « je » solitaire soufflé par la voix de Louise Portal, ensuite l'amie colorée et le voisin, peintre condamné. Un autre personnage tout en silence et en absence, le bel amour disparu. Quelques personnages plus effacés, un fils mystérieux, un conjoint amer qui sont secondaires seulement pour la générosité de donner de la place aux principaux.

Cette histoire chuchotée par les voies intérieures mijote dans un vase clos. Une expérience d'intimité, de voix chaudes qui parlent à d'autres voix qui écoutent. Des thèmes touchants, l'amour-amitié, les liens tissés par le destin, l'homosexualité, l'état de grâce, l'écriture et la peinture.

Un tableau, des tableaux qui vivent avec bonheur sous nos yeux, si on s'entend que sous l'état bonheur pointe parfois des élans de joie et de tristesse.

dimanche 17 juin 2007

Le film avant le roman


Combien de fois entendons-nous « Ce n'est pas aussi bon que le roman » ? Je dirais que c'est devenu une rengaine. Peut-être parce que c'est vrai. Et c'est tout à notre honneur, à nous lecteurs. Cela signifie que nous avons tous et chacun un imaginaire à la hauteur d'un film, de Claude Berri par exemple. C'est un exemple dans le vent (est-ce qu'elle se dit encore cette expression « être dans le vent » ?) puisque « Ensemble, c'est tout » est justement à l'affiche, signé Claude Berri, d'après le roman d'Anna Gavalda. Celle-ci s'est fait connaître avec son « Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part », recueil de nouvelles (1999), sa troisième oeuvre.

Je me compte parmi les heureuses qui n'avaient pas lu le roman. J'ai pu me repaître, savourer, me délecter de ce film tendre. Vraiment tendre. Une histoire d'amour à quatre personnes, âgées de 26 à 83 ans. C'est la Paulette qui a 83 ans. Elle est le deuxième prétexte à « rassemblement » des personnages, le premier étant l'entraide entre voisins d'un même immeuble. Le troisième, je ne le dis pas ... j'en dévoilerai trop. Retenez surtout que si vous avez un penchant pour les thèmes d'entraide, d'implication, d'engagement dans le sens large (inclus avec les mammy et les papy) eh bien, vous êtes à la bonne enseigne, sous le couvert du livre ou du film. L'éditeur a cette phrase savoureuse : « Leur histoire, c'est la théorie des dominos, mais à l'envers. Au lieu de se faire tomber, ils s'aident à se relever ». C'est pas joli ça ?! Et puis, Anna Gavalda qui, à la sortie du livre, avait terriblement peur de la critique a eu ce mot « Il est trop tendre pour être honnête ».

Mais évidemment, je vous conseille le film avant le roman. Sinon, c'est à vos risques et périls. Je me suis interrogé sur ces risques. Quelle est la raison de cette sempiternelle déception, à l'exception de ne pas correspondre à notre super imagerie de lecteurs ? Le temps. D'après moi, c'est une question de temps. J'ai vu, que dis-je, j'ai été ébloui par « Ensemble, c'est tout » pendant environ deux heures vendredi. J'ai regardé se transformer des personnages que la Vie avec un grand V a décidé de faire évoluer à la Vitesse grand V. Il leurs arrive plein de choses génératrices d'émotions. Et ce vent de changement leur pousse dans le dos pour les faire avancer. Et ils avancent, évoluent, en deux heures ! Tandis que le roman, lui, que l'on prend et reprend selon notre disponibilité se déroule sur un an de vie. Il est plus facile de sentir le temps passer. L'évolution des personnages devient plus probable et on entend moins les « Du bonbon, rafraîchissant, léger, amusant ... quoique peu vraisemblable ».

Le film doit jongler avec le temps, donner l'impression qu'il passe en évitant la technique du « Deux mois plus tard » un peu facile et qui peut même faire décrocher. C'est ma théorie mais j'aimerais bien vous entendre là-dessus. Premièrement, comment procédez-vous : film ou roman en premier ? Avez-vous déjà été cruellement déçu ? J'en ai une embêtante : est-ce que vous avez le goût de lire un roman, une fois que vous avez vu le film ? Je réalise en l'écrivant que c'est la plus importante celle-là. Parce que, exception faite d'Odette Toulemonde qui a été écrit APRÈS le film, c'est toujours l'inverse. Ce qui veut dire que l'on ne fait pas exprès de lire un roman avant le film puisque l'on NE SAIT pas qu'il va être mis en images.

Malgré la probable diversité des réponses, une constante s'impose ; le film pousse sur le roman et par le fait même propulse l'auteur sur la sellette. Ce « Ensemble, c'est tout » s'élèverait-il en une belle pile chez nos libraires si le film n'était pas présentement à l'affiche? On n'a qu'à penser à cette obscure nouvelle (ici, en tout cas) de Brokeback Mountain d'Annie Proulx, tout à coup parmi les meilleurs vendeurs, une fois que le septième art s'en est emparé.

La littérature et le cinéma ; une histoire d'entraide ! Il s'agit de se tenir ensemble, c'est tout !

Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda
J'ai lu – 573 p. 2005 – 17.95 $
Le Dilettante – 608 p. 2004 – 39.95 $

samedi 16 juin 2007

Pour ne pas oublier « L'Inoubliable »


En parlant de mémoire, assise solide de nos souvenirs, on doit inévitablement aborder l'oubli. Fernand Ouellette, ce méconnu, cet oublié, à presque 80 ans et sans avoir consulté Les Correspondances d'Eastman (!) aborde l'inoubliable, tout en poésie et en profondeur. Je ne me serais pas pardonné d'oublier L'Inoubliable, pour se prouver, juste entre nous, qu'un oubli, c'est réparable. Et pour commencer à mijoter sur le thème des Correspondances, la MÉMOIRE.

Ce printemps est sorti L’Inoubliable - Chronique III, de Fernand Ouellette, le troisième volet de ce qu’on pourrait considérer comme le «grand œuvre» d’un des derniers poètes encore vivants de la génération de l’Hexagone. Presque en même temps paraissait, chez VLB, une étude de Denise Brassard intitulée Le Souffle du passage. Poésie et essai chez Fernand Ouellette, dans laquelle l’auteure brosse le portrait de cet immense écrivain qui, outre des poèmes, nous a aussi offert des essais, des biographies et des romans. Bien que 2008 devrait voir la parution d’un autre recueil, la sortie de Chronique III et du livre de Denise Brassard nous offre l’occasion de prendre toute la mesure de ce géant trop peu connu. Tiré du site www.lelibraire.org

« La mort n’est-elle pas, en effet, la seule chose qui soit véritablement «inoubliable» en cette vie? Cet «espace insaisissable», en signant la fin de toute mémoire, nous ouvre à la seule chose qui ne peut pas être oubliée: cette ineffable éternité, en nous, qui est à la fois notre origine et notre fin: «Ah! la mort se rapproche de nouveau, / Me prépare, comme on vide une demeure, / Tandis que je me penche sur la vie, / Rassemble les syllabes, […] Mais ne s’est-il pas élevé en irradiant / Celui qui […] approche les mourants, / Derrière le rideau du silence, / Qui commencent / De refléter sa gloire?», tiré de l'Inoubliable

L’Inoubliable nous rappelle que les mots ont un sens, un sens plus vaste que celui, fonctionnel et étriqué, qu’ils ont dans la vie quotidienne: «S’avançant dans sa spirale, depuis l’immémorial qu’elle rejoint, l’écriture va, passe son chemin et nous entraîne avec elle vers la Lumière», écrit Denise Brassard.

J'avoue que cette dernière phrase m'inspire particulièrement, ne serait-ce que pour son « immémorial », vaste mot qui enferme des mers et mondes ravivés. Même Le Petit Robert se fait limpide : « Qui remonte à une époque si ancienne qu'elle est sortie de la mémoire ».

Bibliographie :
L’Inoubliable. Chronique III, Fernand Ouellette, l’Hexagone, coll. L’appel des mots, 224 p., 25,95$
Le Souffle du passage. Poésie et essai chez Fernand Ouellette, Denise Brassard, VLB, 448 p., 29,95$

jeudi 14 juin 2007

Vrac avant son temps


Hé, j'ai fait un vol de données ! Bais oui. Mais je me le pardonne parce qu'une blogeuse libellule, ça peut voler ... surtout quand c'est du site des Correspondances (www.lescorrespondances.ca). Quand j'ai vu que je pouvais cliquer sur chacun (ou presque !) des invités des Correspondances et entrer dans leur vie privée ou professionnelle, le geste a été irrésistible. Lisez mon consistant butin :

MYRIAM BEAUDOIN naît le dernier jour d'avril 1976 à Sherbrooke. Elle grandit dans une maison de bois blanche et bleue qui partage ses prés avec de gros animaux qui donnent du lait. Elle apprivoise des abeilles dans des bocaux de vitre « Masson », compose des airs d'harmonica à sa vache Mona, et suit des leçons de piano. Quelques années plus tard, toute la famille quitte le Canada, survole l'Europe et atterrit le 11 août 1988 au Rwanda. Myriam commence ses études secondaires dans une école belge et suit des leçons d'équitation dans le pays des mille collines. Le père, consul pour l'Ambassade du Canada, amorce sa mission à Bamako en 1991. Pour Myriam, c'est le temps des rencontres captivantes avec le peuple malien, le soleil près du fleuve Niger, l'adolescence, l'amour et le début de l'écriture. Elle habite dans la villa blanche, dresse un petit cheval arabe et conduit sa Renault dans les routes de sable. En 1994, Myriam quitte la liberté et l'adolescence pour la réalité canadienne. Elle fréquentera successivement l’Université d'Ottawa et celle de Valladolid. Au lendemain du décès de son père, le 4 avril 1998, c'est la fuite vers le Brésil, une escale sur la plage d'Icapui où elle enseigne l'anglais aux enfants des pêcheurs. Elle revient terminer ses études à Montréal et obtient une maîtrise en création littéraire de l'Université McGill en 2001. Un petit bruit sec est son premier roman, paru aux Éditions Triptyque en mars 2003. Son deuxième roman, Hadassa, publié en août 2006 aux Éditions Leméac, est le fruit de la découverte de la culture hassidique. Aujourd'hui, Myriam Beaudoin enseigne le français au Collège Villa-Maria de Montréal


COCASSERIES QU'ON RIT

1) Service à l'auto pour les bibliothèques : Aux États-Unis, dans de plus en plus d'états pas toujours unis, on s'équipe d'un service à l'auto. Même plus besoin d'allonger le pas, seulement le bras, pour se départir d'un pan de bibliothèque. Il faut bien se faciliter la vie, non ? Et à quand le service de « bouquinage » ? Même plus besoin de choisir son livre ! Il faut bien se faciliter la vie, non ?
2) Le livre hôtel : Dans un hôtel de Manhattan, on innove. Vous choisissez le douzième étage, un étalage de livres de philosophie est à votre disposition. Ne pas se méprendre entre le onzième, l'ésotérisme, et le huitième consacré à l'érotisme. Et s'il reste des chambres au sixième seulement ? Eh bien, vous élargirez vos connaissances en technologie (Hi ! Hi !) ... et vous y perdrez (quant à tomber dans le sexiste) votre homme. Aussi, je vous conseille le huitième. Mais, il doit y avoir foule au huitième ... ça, l'anecdote ne le dit pas !
3) Un peu marteau, Sylvie Laliberté ? Je ne sais pas ... D'une folie organisée, c'est sûr ! Elle aime photographier les mots et mettre des images dans ses textes. Elle est photographe, vidéaste, performeuse, auteure compositrice et signe son premier livre : Je suis formidable mais cela ne dure jamais trop longtemps. « Un livre de phrases » c'est elle qui le dit ! Un marteau trône sur la couverture rouge ... Qu'est-ce que cela signifie ? L'homme qui fait parler les images, mon mari, me l'a dit. C'est une allusion à cette fameuse question : Nommez un outil et une couleur ? Ce à quoi la majorité répond : Un marteau. Rouge.

Tous en choeur, allongeons la liste des cocasseries. Allez-y gaiement ! On aime ça les cocasseries ... quitte à vous étirer l'aile pour les voler !

((((()))))

HASSADA, Myriam Beaudoin, Éd. Leméac, 197 p.
Lauréate du prix des collégiens 2007
Finaliste Prix littéraire France-Québec - Prix des lecteurs 2007

Je suis formidable mais cela ne dure jamais trop longtemps,
Sylvie Laliberté, éd. 400 coups, 133 p.

mardi 12 juin 2007

L'Iguane une Lecture estivale ?


Que doit-être, pour vous, une lecture pour la traiter d'estivale ?

Non, mais c'est vrai, la question se pose en grand, ces temps-ci. Que s'ouvre un magazine, un journal, un blogue, la télé, la bouche d'un inconnu ou d'un ami, tout le monde y va de sa suggestion de lecture estivale. Je lis ces suggestions attentivement, prends des notes en étudiante sage qui veut apprendre. Apprendre de quoi se tisse la fibre « lecture estivale ».

Il y a juste un problème, plus je le fais, plus je suis mêlée. J'essaie de dénicher la constante et je ne trouve que variété. Et là, ça me déroute. Est-ce que la lecture estivale se doit d'être comme le théâtre d'été sur le mode comique et léger ? Pourtant, je n'y ai pas trouvé cette constante, c'est donc plus complexe. Tellement, que pour le moment, je me suis arrêtée à cette définition :
Lecture estivale : lecture que l'on fait durant la saison de l'été et variant d'une personne à une autre.

Comme ça, je suis absolument certaine de ne pas me tromper. C'est de la haute définition.

Le seul problème, c'est que ma définition est ennuyeuse à mourir. Elle ne donne pas le goût de se bercer dans un hamac, lisant mollement jusqu'à ce que le livre tombe de ses mains, l'esprit envolé au pays des songes. Donc, je n'ai plus le choix, il me faut VOTRE avis. Je n'en abuse pas mais là, c'est impératif, il me faut ces précisions sur la règle qui régit le : « NON, PAS CET ÉTÉ ... à l'automne peut-être, en hiver sûrement ».

Non, mais je veux être dans le secret moi ! Sinon, je vais relire L'Iguane que je viens juste de lire, ce livre ressuscité par un combat (des livres)***. Je fouillais les commentaires d'autres lecteurs afin de vérifier si on pensait comme moi à propos de L'Iguane c'est à dire que c'était un livre génial. Oui, on est impressionné mais on arrive difficilement à dire pourquoi dans ses propres mots. Tout le monde le démontre par une ou plusieurs citations tirées du livre. Je les relisais ces bouts de phrases glanées ici et là et j'avais l'impression de les lire pour la première fois. Ce livre est si riche qu'il ne s'assimile pas d'une traite. Je vais y revenir à cette lecture (en été, en hiver ... je vous attends avant de décider) mais une chose est certaine, dictionnaire en main. Personnellement, c'est le livre, toute proportion gardée parce qu'il est mince (186 p.), dans lequel j'ai rencontré le plus de mots nouveaux.

Me semble que lire avec un dictionnaire, ça fait pas estival, non ? Me semble.

...

Bon, désolé, je prends une décision ! Je ne peux pas vous le référer. L'Iguane n'est pas estival même si l'action se déroule sur le bord du fleuve. Et pis qui a du sable qui colle dans la sandale. Pis de la grotte. Pis de l'amitié. Parce qu'il y a un accident de motoneige et une tête qui s'arrache (je ne vends pas de punch, n'ayez crainte).

Je pense que j'ai trouvé un exemple de ce qui n'est PAS une lecture estivale : L'Iguane. Je me trompe pas là ? Rassurez-moi ! Je me sens pas trop trop vaillante, moi là, sans ma définition de poltronne.

*** Montréal, le 2 mars 2007 — Le combat des livres 2007 est arrivé ce matin à son point culminant sur les ondes de la Première Chaîne (95,1 FM à Montréal). Parmi les deux livres encore en lice, c’est L’iguane de Denis Thériault (XYZ éditeur), défendu par l’humoriste Dominique Lévesque, qui a été choisi grand gagnant. Dans ce savoureux roman régional qui se passe sur la Côte Nord, le héros, un jeune adolescent à l’imagination débordante, nous dévoile des pans de son univers secret.

lundi 11 juin 2007

Invitation à danser


... avec les mots bien sûr. Des compagnons stables, compatissants et qui ne nous pilent pas sur les pieds !

La première invitation est au www.voir.ca (choisissez Estrie), juste pour y découvrir que cette semaine, Les Correspondances d'Eastman sont à l'honneur. En première page, une Francine Ruel pointe le nez vers le ciel de son imagination. Ça se voit tout de suite qu'elle s'exalte à nous entretenir de la super programmation de la cinquième édition. La photo a un petit côté rigolo et l'article signé Élise Giguère, la pétillante rédactrice en chef du Voir/Estrie soulève passion et tendresse. Elle aime l'événement, elle ne fait pas semblant, sa plume s'envole dans une danse ... bon, bon, je reviens les pieds sur terre, ça va mieux pour danser de toutes manières !

L'important est votre glissement de curseur jusqu'à ce site d'échangistes culturels par excellence. Vous lisez et si le coeur vous en dit, vous écrivez. Ou sinon, vous critiquez ou vous vous exaltez fin seul dans votre salon. Non, non, ça se peut, il y en a qui aime ça danser tout seul, ça dégourdit quand même !

Au www.voir.ca, on n'attend que ça, votre opinion. Et vous serez récompensé de vos efforts par des lecteurs qui laisseront des traces, des votes. Les votes peuvent se transformer en jetons et les jetons se transforment en prix : CD, billets de cinéma, spectacles, théâtre, DVD, tout ce qui est à proprement parler culturel. Je vous assure que c'est simple comme « bonjour », ou même « bonsoir ». Une fois votre opinion exprimée, vous recevrez automatiquement 10, 20 ou 30 jetons. Commencez là, tout de suite votre premier pas de danse, parce que vous connaissez la chanson ; c'est le refrain des Correspondances d'Eastman ! ... Et bien sûr, tout le monde ici connaît les Correspondances, n'est-ce pas ? Et que j'en entende pas un qui réponde NON ? (Hum ...Hum... Je peux me montrer sévère, voyez-vous là ... mon sourcil crispé ?).

Allez, un petit roulement de hanches, une contorsion de poignet et ça y est, vous êtes en ligne !

Comme il faut toujours prêcher par l'exemple, j'y ai laissé un commentaire intitulé « La parenthèse sereine de l'été ». Ah oui, quand vous votez pour un commentaire, vous accumulez des votes aussi.

Je vous le dit, une vraie danse en ligne !

vendredi 8 juin 2007

Que le meilleur gagne !

Attention, ce propos prend sa source de ma vie privée. Cette mise en garde s'impose pour ceux qui éprouvent du vertige à tomber dans du plus personnel. Certains blogues, « Les écrivains québécois » (Carole Beaudoin) classent les billets dans divers tiroirs dont un consacré au « personnel ». Le blogue des Correspondances étant de prime jeunesse, il n'en est pas encore à répertorier les billets. Un jour cela s'imposera, j'imagine.

Tout ça pour vous dire que mon mari et moi avons participé au jeu télévisé animé par Alain Dumas, Que le meilleur gagne ! Une chance sur 100 de toucher 5,000 $ ou même 10,000 $, aucune loterie n'égale cette probabilité. Bien sûr, un peu de connaissances générales s'imposent et le mot « général » n'est pas pris à la légère. Des questions « touche-à-tout », de chansons populaires à un nom de fromage, le morbier par exemple. Justement, le morbier a expulsé 28 concurrents hors du jeu. C'est trop, beaucoup trop, si on veut que l'émission dure une heure. Radio-Canada se réserve donc le droit d'annuler les questions qui éliminent trop de concurrents, nous en sommes avertis avant notre arrivée. À cet enregistrement, pas moins de quatre questions ont été annulées pour cette raison. Voilà un des faits qui ne se voit pas à l'écran et un autre, assez évident pour le concurrent, est l'état d'agitation entre ces coupures obligatoires afin que se repositionne l'équipe technique. Un meneur de foule tire des prix et son objectif est de faire oublier une compétition serrée entre de proches voisins. Il y aurait même eu de l'agressivité lors des premières émissions. Maintenant, ils arrivent à créer une ambiance où s'oublie en partie la compétition et, surtout, la déception. La troupe de concurrents actifs diminue lentement mais sûrement. Des rêves s'envolent en fumée.

Je vous invite à regarder l'émission de lundi, le 25 juin à 20 h 00, celle qui a été enregistrée le 6 juin. Vous aurez l'occasion de voir de près mon mari, Marc Simard puisqu'il est ce meilleur qui a gagné. Pour ceux qui ne connaissent pas l'émission, le meilleur des 100 déterminé par une élimination progressive touche un premier 5,000 $ et il doit répondre à une deuxième question au côté de l'animateur, la caméra braquée sur ses moindres réactions, pour gagner un autre 5,000 $. Mon mari a failli à cette dernière question. Une consolation altruiste : le 5,000 $ se divise avec les 100 concurrents (qui rejouent) répondant correctement à cette toute dernière question. Quant à moi, je me suis rendu jusqu'au 22ième dernier concurrent mais le plus fâcheux est que, dans l'énervement du gain que nous venions de faire, j'ai mal "pitonné" (4 pitons en 10 secondes) pour la dernière question.

Est-ce vraiment nécessaire de dire combien nous sommes comblés du dénouement de cette soirée ? Cela tombe vraiment bien pour deux artistes pigistes comme nous. Et je suis très fière de mon homme. Je me retournais souvent (ils séparent les couples pour éviter une possible tricherie) pour contempler sa concentration déterminée. C'était beau à voir.

Pour ceux à qui j'ai donné le goût d'y participer, la démarche est très simple, et on revient ici au pied de la lettre, il s'agit de rédiger une anecdote (brève) à remplir dans le formulaire à cette adresse : http://www.radio-canada.ca/television/que_le_meilleur_gagne/index.shtml

La disponibilité requise est de 16 h 30 à environ 20 h 30 à la maison de Radio-Canada à Montréal. Ils parlent d'une fin possible à 22 h 30, par contre des techniciens m'ont assuré que depuis le début de la saison, le plus tard a été 20 h 30.

BONNE CHANCE !

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On nous a recommandé d'apporter de la lecture pour déjouer l'attente, le prétexte était idéal pour me procurer le dernier roman de Louise Portal « L'angélus de mon voisin sonne l'heure de l'amour ». J'ai réalisé avec surprise qu'elle en est à sa huitième publication. J'avoue que je la suis depuis « L'Actrice », j'ai donc dévoré « Les mots de son père » avec un plaisir incommensurable. Il me reste à découvrir trois romans : Jeanne Janvier, L'Enchantée, Cap-au-Renard. Du théâtre, Où en est le miroir ? et de la poésie « Portal en chansons ».

Je suis entrée dans l'histoire de Jeanne Dorval et me laisse caresser par le souffle doux des mots, des phrases, des silences. L'écriture bien particulière de Louise Portal a le don d'apaiser n'importe quel esprit surchauffé.

À lire après un passage à « Que le meilleur gagne ! » ... Absolument !

jeudi 7 juin 2007

Distribution du livre : réponses contradictoires


Suite à ce questionnement ; Pourquoi il n'y avait plus d'exemplaire (ne serait-ce qu'un !) du dernier Suzanne Myre, deux mois après sa sortie, j'ai reçu une réponse par courriel de Gilbert Caillère de la maison d'édition Marchand de Feuilles:

« Nous publions aucun livre à compte d'auteur. (réponse à ma question vérifiant une information m'ayant été transmise au Festival des Écrits de l'ombre)

Marchand de feuilles est à la fois éditeur et diffuseur ce qui signifie que nos livres sont plus rapidement approvisionnés par les libraires car ne passent par aucun intermédiaire. Malheureusement, en ce qui concerne GGC, qui est sur notre grille d'office nous avons reçu cette semaine le retour des invendus de MISES À MORT de Suzanne Myre de cette librairie. »


Et vlan ! Mauvais timing pour moi qui commande le livre à peu près la même journée où il est retourné. Je comprends maintenant le malaise du libraire responsable des commandes. Comment dire ... des phrases sifflaient dans son cerveau, de ces phrases tues et tuées avant l'éclosion buccale.

Toujours sous le même sujet, j'ai apprécié un commentaire laissé par celui qui s'est nommé « Précision » et comme je viens à peine de le dénicher (Grosse machine, 3 juin), je ne voudrais pas que vous le ratiez :

« ... Pour ce qui est de Marchand de Feuilles, outre le fait qu'ils publient des livres qui sont, malgré leur qualité d'impression douteuse et leur graphisme kitsch, souvent intéressants, ils ont choisi de ne pas avoir de distributeur. Un distributeur accueillerait certainement leurs livres, même à une époque où on parle plus de retours que de ventes. Se distribuer soi-même est un choix et le libraire est pris pour négocier les stocks de Myre, Moutier et les autres en commande spéciale. À qui la faute si les livres ne sont pas disponibles? Cela dit, Suzanne Myre est unique, qu'on aime ou pas, et elle mérite plus qu'une copie en librairie ».


Je commence par le plus évident pour « Précision » et moi : un livre devrait avoir droit de vie dans une librairie, quant à moi quatre mois (imaginez, on en est à se battre pour quatre mois de vie !!!). Cela n'a pas été le cas pour Mises à Mort et depuis mon feuillet, plusieurs lectrices (j'attends toujours le lecteur) m'ont approchées m'assurant que c'est chose courante. J'ai le choix de répliquer « C'est renversant », par souci d'apparente modération, signe d'équilibre, ou je réplique « C'est révoltant », si je n'ai pas peur de passer pour emportée. J'opte pour le dernier, même si j'admets qu'il y a plus révoltant dans la vie. Je précise donc : c'est révoltant ... dans le milieu littéraire. Voilà ma réputation est sauve !

Je n'ai toujours pas de réponse claire puisque un semble dire que le libraire est responsable, l'autre suggère que c'est la maison d'édition. Selon le représentant de « Marchand de feuilles », il est plus rapide de se distribuer soi-même et selon le commentaire laissé par « précision », c'est plus « spécial », sous-entendu plus compliqué.

Mon aspiration à plus de clarté est toujours aussi vive. Si jamais il y a des personnes (neutres ou pas neutres) qui connaissent les rouages internes de la distribution, nous avons besoin d'éclaircissements ici. Merci. De mon côté, j'ai pensé à demander au chef de pupitre section littéraire du Voir et tout récemment blogeur, Tristan Malavoy-Racine.

Je vous reviens sous peu avec sa réponse mais auparavant, je vous promets un intermède récréatif appelé « Que le meilleur gagne ! », émission à laquelle mon mari et moi avons participé hier (100 concurrents). À demain !

mardi 5 juin 2007

Directement de ma mémoire ... en bref


Bon, attention, je m'essaie à rendre un message bref. Je me lance ce défi justement aujourd'hui où j'ai tant à dire, puisque je reviens du dévoilement de la programmation des Correspondances. Une conférence de presse, comme disent certains. Mais aujourd'hui, je n'ai pas entendu cette expression et je m'en porte très bien. Ça m'écorche un peu les oreilles, déjà que le mot « conférence » amène du monde en avant, qui parle, qui explique, et qu'on écoute et quand c'est notre tour, si on est sage, on pose des questions. Eh bien, cela ne s'est pas du tout déroulé comme ça.

C'était animé, intime, chaud, vivant. Le courant passait et la parole aussi. C'est avec sensibilité que l'animatrice, Danièle Bombardier, reliait les paroles entre elles. Elle l'a tout d'abord prêtée à la présidente, une Nicole Fontaine allant à l'essentiel avec un naturel élégant, pour ensuite la passer à Francine Ruel qui l'a gardée suffisamment pour débouler, avec vivacité, la programmation d'un calendrier chargé à ras bord. Cette femme ne peut s'empêcher de tout assaisonner de son grain sel et il ne faut surtout pas manquer ses parenthèses. Parce que ses parenthèses, elles sont fameuses ! Et que dire de son fion qu'elle envoie, n'importe où, n'importe quand. Avec elle, il faut tendre l'oreille vers le mot dit en catimini. Parce qu'il est souvent savoureux. On se tient loin de la science oratoire mais bien plus près de la parole portée avec bonheur. Parce qu'elle le porte encore le bonheur aux Correspondances même si cette année s'ouvrent grand les tiroirs de la mémoire. Pour y piger à notre guise. Comme dans les Lettres de Fadette (je vous en reparle de ces lettres-là, rappelez-vous, je relève un défi). Bref, ils ont fait naître en moi l'envie, le désir, la hâte de partir en voyage au pays de la mémoire. Est-ce parce que les gens vouent un amour sincère à cet événement, mais la rencontre avait des allures de fête.

....
Allez, dites-le que je suis capable de faire bref ! J'en ai confondu certains, n'est-ce pas ? Mais pas moi ! Car moi je sais que j'ai pris autant de temps à effacer qu'à écrire. C'est une règle de la mémoire : Ce que l'on en retire, ne s'efface pas nécessairement ...

lundi 4 juin 2007

Maudit que le bonheur coûte cher !


Après « Et si c'était ça, le bonheur ? », je termine à l'instant « Maudit que le bonheur coûte cher ! ». Suite à une question sur le bonheur, une affirmation, que dis-je, une exclamation ! C'est que Francine Ruel est une femme exclamative. Oui, oui, c'est un mot qui existe, je viens de l'apprendre et ça tombe bien puisqu'il est approprié à cette femme qui est tout, sauf ennuyeuse. Il y a un mot qui la résume : vivante.

C'est rare que l'on parle d'une auteure comme si on la connaissait. Pourtant, je connais Olivia, le personnage qui anime cette histoire en deux tomes mais je ne connais pas Francine Ruel. Ou plutôt, je la connais comme tout le monde la connaît, parce qu'elle se laisse facilement deviner, se cachant derrière aucune mascarade. L'impression de lire les péripéties de Francine Ruel, une femme de coeur, à travers celle d'Olivia, une femme de coeur aussi, est très frappante.

Le deuxième tome « Maudit que le bonheur coûte cher ! » nous sort des aléas rocambolesques de vouloir « refaire une maison à neuf ». Pour être tout à fait juste, pas dans les premiers chapitres où l'on s'attarde à la rénovation, une passerelle entre les deux romans. Et puis, on se lance à pieds et mains déliés dans un condensé de vie très goûteux.

Une fois la couverture refermée, je réalise qu'en 385 pages sont abordés, mine de rien, maints et maints sujets chauds : le sida chez les jeunes, le mariage, l'adoption par des homosexuels, le deuil, la chimiothérapie, la fausse couche, la reconnaissance du bon compagnon amoureux, la grossesse, le désir, la ménopause, l'estime de soi, la naissance ... On passe de la vie à la mort, de la joie à la tristesse et le entre-deux grouille à souhait. Toujours dans un appétit de vivre et de victuailles. Et, on y désamorce, en maniant l'art du "mine de rien", un tas de préjugés. On pourrait tout aussi bien traiter cette histoire bien menée de chronique époustouflante d'une femme grouillante qui tente, comme tout le monde, de décrocher sa part de bonheur.

C'est aussi l'art de renvoyer un miroir à tout un peuple afin qu'il s'y mire. Sans aucune moralisation, juste pour le plaisir de raconter des histoires de coeurs, palpitantes sous la couverture chaude de l'humanisme. Les Québécois aiment rire, ils sont des jouisseurs innés et Francine Ruel fait plus que le comprendre, elle le vit. Il ne lui reste plus qu'à le transmettre, ce qu'elle fait très habilement d'ailleurs, dans un style et un ton qui lui ressemblent.

Univers à visiter si vous aimez la simplicité de la chaleur humaine et l'absence de prétention. Pour jouissifs seulement !

)))))((((((

Meilleur vendeur
Librairie Archambault : 10ième
Librairie Renaud-Bray : 9ième
Librairie Pantoute : 5ième
GGC Sherbrooke : 4ième

dimanche 3 juin 2007

Une grosse machine


Je suis un peu déconnectée. Peut-être parce que je l'ai été d'internet pendant plus de deux jours. Tout ça pour l'amour du mot français ! Quand « mon » disque dur a crashé, on a installé ce qu'il y avait sous la main ; un système d'exploitation anglais. J'ai essayé de m'adapter, j'y suis arrivé oui, mais avec la sensation de la voyageuse en vacances dans un pays étranger. Comme chacun sait que le propre des vacances est sa temporalité, quand le docteur informatique m'a demandé si je désirais en changer pour un système d'exploitation français, j'ai décidé de rentrer au bercail.

Ce que je ne savais pas est que le trajet de retour serait si long. Les chemins informatiques sont des voies si étroites qu'aucune concession n'est acceptable. L'informatique est une dictature accueillie dans nos vies à bras ouverts. Pour son résultat sensationnel. Pour moi qui passe de la basse à la haute vitesse, c'est de l'ordre du sensationnel. Est-ce que mon cerveau suivra ? Est-ce que le prochain crash qui me guette est celui de mon esprit incapable de suivre? Je réponds par un espoir ; que la machine atteigne sa limite car l'humain en a une. Je dis ça et je me trouve bien frileuse, malgré mon lainage. C'est fermer la porte au nez de l'évolution. Peut-être, après tout, que nous allons développer une partie de notre cerveau, jusque là inexploitée, à force d'aller vite, de plus en plus vite. Mais avant de développer ce qu'il faut pour l'atteindre, cette vitesse, ça peut être inconfortable. Entre le gros et le petit, on se sent parfois bien à l'étroit.

Je pense aux librairies (il est temps de nous ramener au principal sujet non ?), les intermédiaires, c'est à dire celles qui se situent entre les grosses et les petites. Les moyennes quoi ! Elles n'ont pas la vie facile ces temps-ci. Elles ont été exclues de l'Association des librairies indépendantes parce que pas assez petites, comme GGC et Chez Raffin par exemple, même si elles ne sont pas assez grosses pour bénéficier des avantages reliées à une chaîne. C'est un sujet chaud que j'ai essayé de démêler mais on m'a fait comprendre que le sujet était très complexe. Je me méfie des sujets « trop » complexes et, pourtant, je suis attirée vers eux comme un papillon de nuit vers la lumière.

On se brûle les ailes parfois, avant même d'avoir eu le temps d'y voir plus clair. Je vais y revenir, c'est certain, et en attendant je me suis penchée sur du vraiment petit, comme la maison d'édition « Marchand de feuilles ». Elle se démarque pour ses beaux livres, graphiquement parlant. Ils encouragent que l'image se balade parmi les mots, à la manière loufoque, fantaisiste avec toujours une touche d'esthétisme. J'ai appris, par un libraire responsable des commandes, que « Marchand de feuilles » n'a pas de diffuseur. Cela expliquerait pourquoi il n'y avait aucun exemplaire de Mises à Mort sur les tablettes, même s'il est sorti depuis à peine quelques mois. J'étais encore plus surprise de constater qu'on en commandait une seule copie. On m'a révélé que c'est le huitième exemplaire commandé en trois fois. Est-ce parce que c'est un auteur peu lu ? Non, m'assure le libraire, malgré que ça dépend, me dit-il deux secondes plus tard. Son avant-dernier « Le peignoir », ils en auraient vendu deux exemplaires seulement. Tandis que celui qui a gagné un prix « Nouvelles d'autres-mères », ils en auraient vendu d'innombrables copies.

La question se pose : est-ce qu'ils en ont vendu plusieurs copies parce que l'oeuvre avait été primée et de ce fait, on en tenait une pile en magasin, comme La Fabrication de l'aube en ce moment ? De ne pas tenir de copies n'aide pas à vendre, ça tombe sous le sens. Ça nous amène à cette constatation qui nous jette hors du rôle idéal du libraire : celui qui nous stimule et nous amène à .... Force est de constater que c'est celui qui suit la tendance, la demande. Un rôle assez passif, quoi !

Le libraire a conclu en me disant que c'est une grosse « machine » le livre. Une grosse machine !? Ce n'était pas le mot à prononcer devant moi ces temps-ci ! On me nargue, je vous le dis, on me nargue. Je n'ai aucune aptitude pour démonter mon glinglin à clavier mais l'autre machine, elle, ne perd rien pour attendre !

Histoire à suivre.