Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

jeudi 29 novembre 2007

"Les naufragés de Chélon" a fait une heureuse

*** (rf. illustration fin du texte)
Vous vous rappelez le jour où je vous ai parlé d'un concours sur le blogue « Les écrivains québécois » (Carole) ? Je vous l'ai bien dit n'est-ce pas que je l'ai gagné ce fameux roman jeunesse « Les naufragés de Chélon » de Annie Bacon ? Cette dernière m'a fait la judicieuse suggestion de joindre une lettre à ma filleule. Je la lui ai courriellée et elle eu la gentillesse de la joindre au colis.


Si je vous
en parle aujourd'hui c'est pour partager avec vous l'émotion que m'a donnée ma filleule par tout le sérieux avec lequel elle prend cette attente de commentaire. Je l'ai invité, dans ma lettre, à nous donner son commentaire à la suite de sa lecture. C'est charmant un enfant de 10 ans avec toute sa bonne volonté. Lisez-vous même, j'en parle dans ce dernier courriel adressé à Annie Bacon :


Bonjour Annie Bacon !


Je viens à l'instant de parler avec ma nièce, Ève qui a reçu son livre dédicacé par le courrier. C'est la deuxième fois que je lui parle suite à l'envoi. La première fois, c'était le lendemain de son anniversaire et elle semblait sous le choc d'avoir reçu un roman dédicacé par la poste. Elle m'a laissé un message sur mon répondeur, son ton était un peu automate, légèrement monocorde, faut dire que c'était le matin avant de partir à l'école !


Aujourd'hui, elle m'a appelé d'elle-même pour me poser des questions. Quelles étaient les questions auxquelles j'avais dûes répondre pour le gagner, qu'est-ce que j'aurai fait si je ne l'avais pas gagné ... Ensuite, elle m'a bien précisé qu'elle le lirait avec sa mère, à haute voix, chacune sa page. Elle veut être certaine de ne pas se tromper dans ses commentaires qu'elle aimerait laissé sur internet par la suite ! Et puis, un moment donné, elle a eu un cri du coeur qui devrait vous faire plaisir : "Je vais le garder toute ma vie ce livre-là !"

Venise

Je vous tiens au courant de la suite des choses, c'est à dire quand Ève sera prête à nous donner son commentaire, si elle le désire toujours bien entendu.

*** Illustration. Personnage du roman "Les naufragés de Chélon" de Annie Bacon : Elsie, 12 ans, Artiste bohème et féminine avec un excellent coup de crayon.

mardi 27 novembre 2007

Causerie avec Robert Lalonde

J'ai vécu un moment unique hier. Nous étions un groupe à écouter Robert Lalonde qui est venu expressément à la bibliothèque d'Eastman pour nous causer, sans prétention, de sa démarche d'écrivain. Juste avant d'arriver, il a entendu à la radio de son auto, l'annonce que son recueil de nouvelles était finaliste pour le Prix des libraires. Je me suis tout à coup sentie très près de notre littérature, très près de nos écrivains et encore plus, d'un écrivain. Cela m'a donnée une bouffée de chaleur au niveau du coeur.


Robert Lalonde est un être assez spécial, c'est la deuxième causerie à laquelle j'assiste et je suis toujours aussi impressionnée par sa simplicité d'approcher l'état d'être d'écrivain. Pas un métier, un état d'être. Selon lui, on ne décide pas de devenir écrivain, genre un choix de carrières parmi tant d'autres. On l'est, point à la ligne. Et comment l'est-on ? En écrivant, écrivant, écrivant. Par incapacité de s'en abstenir. Le geste de remplir de calligraphie les feuilles d'un cahier, il ne l'approche pas sous l'angle de l'efficacité productive menant droit à la performance, cette maladie du siècle ! Il écrit des « tonnes de copies » pour n'en garder que quelques unes. Qu'importe d'écrire pour « rien », ce rien n'étant jamais rien pour un écrivain. Aimer écrire pour écrire. D'ailleurs, cet arrachement du manuscrit d'entre ses mains afin qu'il puisse aller se promener sous les presses de l'éditeur est un enfer à chaque fois. Son entourage a fini par connaître cette manie de ne jamais considéré son manuscrit fini. Le dernier qu'il a remis récemment, quand il l'a réclamé pour y apporter des changements, son éditeur a prétendu l'avoir perdu !


Il faut aimer beaucoup et passionnément c'est encore mieux, manipuler les matières premières de l'écriture ; les mots, les émotions, l'être humain. Tout geste d'écrire commence donc par l'observation. Il se traite de fouineux de la pire espèce, le nez fourré partout, une vraie blette. Une condition essentielle à l'écrivain, d'après lui. Et ne pas vouloir le confort à tout prix. Ah, il la trouve bien bonne celle-là, la "passion du confort" ; deux mots irréconciliables d'après lui. Il faut éprouver de la passion mais surtout pas celle du confort ! Le confort, pour l'imager, serait s'ancrer profondément dans son fauteuil - ou ses idées - avec aucune envie d'en sortir de peur de prendre le risque d'avancer un pied dans la mauvaise direction, s'enfarger et peut-être même se tromper, qui sait. Ne pas avoir peur de plonger profond dans sa mare humaine. Il y a les pleins et les plaines, en alternance avec les secousses thermiques de l'écrivain, cet inévitable mal de peau devant sa feuille remplie de lui. Un détour obligé que ces tremblements de doutes qui te secouent afin de mieux prendre le large par la suite. Prendre le risque de faire un détour. Et au fait, un détour par rapport à quoi ? Perd-on son temps quand on est écrivain ? apporte à notre attention cet homme de théâtre qui nous mime ces états d'âmes, en contorsionnant son corps fort (coffre-fort) d'une manière si convaincante ! Tout est de la matière à engranger dans notre baignoire mémoire où flotte librement, jusqu'à la dérive, nos souvenirs.


De cette causerie, je garde justement du souvenir, impérissable. Il est clair que cet enseignant (il a un plaisir évident à transmettre, il enseigne à la jeunesse) trouve que le monde se barde de fausses sécurités, se conforte à adopter des idées et y tenir avant même de les avoir tester. Qu'il faille absolument une idée de départ pour partir un roman, Robert Lalonde s'en méfie comme de la peste. Il faudrait plutôt renifler son vécu qui dégagerait une odeur si forte, si envahissante à la narine que, inévitablement, les mots débouleraient. Les laisser débouler est un geste d'abandon, un grand geste par les temps qui courent, le plus difficile peut-être.


Mon amie et moi sommes sorties de cette causerie, enchantées, ravigotées, rassurées. Oui, c'est ça, rassurées. Il a l'art de rassurer. D'avoir entendu sur tous les octaves combien ce n'est pas grave d'être compliqué, que c'est bien plus compliqué de ne pas vouloir être compliqué, pose un baume sur nos complexes face au complexe ! Si on sait accueillir son invitation à se débarrasser de nos concepts, nos prêt-à-penser, on revient à un geste naturel : laisser couler les mots, ils savent, eux où ils s'en vont.

Clark et les autres, Stéphane Bertrand (Hurtubise HMH)
Le reste du temps, Esther Croft (XYZ éditeur)
Les carnets de Douglas, Christine Eddie (Alto)
Parfum de poussière, Rawi Hage (Alto)
Un taxi la nuit, Pierre-Léon Lalonde (Septentrion)
Espèces en voie de disparition, Robert Lalonde (Boréal)
Tarquimpol, Serge Lamothe (Alto)
Léon, Coco et Mulligan, Christian Mistral (Boréal)
Chroniques du lézard, Maya Ombasic (Marchand de feuilles)
Le jardin sablier, Michèle Plomer (Marchand de feuilles)
Treize contes rassurants, Marc Provencher (Leméac)
Le froid modifie la trajectoire des poissons, Pierre Szalowski (Hurtubise HMH)

dimanche 25 novembre 2007

Jusqu'au bout de La moitié d'étoile

Oui, j'ai résisté au lâche abandon, je suis arrivé au bout de ce périple, la lecture de "La moitié d'étoile". Sur le quatrième de couverture, on parle de roman « déroutant ». Carole (Les Écrivains québécois) a parlé de « étonnant » ... À étonnant et déroutant, je rajoute mélangeant. À force de mélanger les genres, le terre-à-terre et le étoile-à-étoile, j'ai perdu pied. Si vous aimez perdre pied dans vos lectures, vous avez là un livre précieux où l'égarement est pour ainsi dire garanti !


À visiter ainsi les mondes infinis, j'aurais pu être enlevée surtout que le style de Tourangeau est entraînant. Il a la plume déliée. Elle s'emporte, s'abandonne, s'excite à se donner le vertige vers le plus vaste que soi. Comme son personnage principal d'ailleurs ; un écrivain fou. Fou d'amour et de jalousie. L'auteur nous impose d'habiter la tête fêlée de ce grand écrivain amoureux de l'étoile de sa vie, Mira, sa Mira qu'il a sortie du gouffre du désespoir et de la prostitution. Je vous assure que ce n'est pas de tout repos de siéger au coeur de la tête d'un écrivain fou de jalousie, envieux de surcroît, et visant le "5 étoiles" (la perfection) que lui refuse un critique littéraire M. Tracemot.


Il y a tout d'abord le lassant de son délire jaloux où sa Mira est aussi froide que la plus froide des étoiles et par conséquent fait semblant d'être chaude avec lui. Il ne croît absolument pas à l'amour de celle qu'il aime follement et il devient forcément cruel comme tous les jaloux du monde. Malgré toute la redondance de cette jalousie maladive, ce propos terre-à-terre m'a tenu un peu captive de l'histoire, en tout cas plus que ces escapades vers les lointaines galaxies avec sa Stella, sa déesse inventée ou non inventée. Vous êtes face à un choix bien réel ; croire à la réalité de l'imaginaire ou non. Le monde imaginaire de l'écrivain est-il une réalité ? Est-ce ces questions que Pierre Tourangeau veut faire réfléchir sur le miroir de notre conscience ?


Peut-être. Si encore, j'avais aimé ces grandes envolées imagées et imaginées vers cet univers grandiose où les êtres ne ressemblent à rien que je n'ai déjà vus. Je ne suis pas du tout portée sur la « science-fiction » et ce n'est pas ce roman qui va m'amener sur ce sentier.


Je reste convaincue que l'auteur a l'imagination assez débridée pour plaire aux amoureux du genre. D'ailleurs, le quatrième de couverture nous en avertit : Un roman qui oscille entre la science-fiction et le terre-à-terre le plus réaliste. Ça oscillait un peu trop pour moi, voilà tout ! Le mal de Terre m'a pris dans ce tourbillon de vrai et d'invraisemblances. Dans le milieu d'un paragraphe réaliste, partir vers les contrées de l'imaginaire, me donne le tournis. C'est ma limite à moi et c'est là est une nuance extrêmement importante. Écoutez plutôt un amateur du genre, Tristan Malavoy-Racine, chef de pupitre, section littéraire du Voir :

Ça donne une caricature du milieu littéraire (Letendre publie aux Éditions des Imbuvables!) entrecoupée d'errements amoureux et de fuite à travers le cosmos avec un être immortel énigmatique - la muse qui mènera Letendre vers la demi-étoile tant convoitée? Chaque chapitre renvoie d'ailleurs à une étoile ou une galaxie bien réelle, dont la description est donnée en exergue.

C'est, en alternance ou en cocktail, flyé, libre, touffu, burlesque, épicurien... Jouissif, quoi.

Je donne le dernier mot à l'auteur, cliquez ici, vous allez lire une entrevue où P. Tourangeau défend très bien son oeuvre et du coup, ça équilibrera le manque d'enthousiasme de la non fervente de science-fiction que je suis.

jeudi 22 novembre 2007

La Bibliothèque

Mon intention n'est pas de disserter sur la Bibliothèque, ce lieu béni par les grands curieux de ce monde. Ce lieu qui met la connaissance à portée de main, gratuitement. Avoir tout près de chez soi, une instance toujours prête à te prêter un livre, c'est précieux, j'en suis consciente.


C'est juste que dernièrement une donnée m'a frappée en plein front. Vous savez une de ces informations que l'on sait pertinemment bien mais dont nous n'avons pas encore réalisé l'ampleur. Admettons qu'on emprunte toujours ses livres à la bibliothèque, je dis bien toujours, qu'on se fait un honneur de stratégie budgétaire d'emprunter tous nos livres à la Bibliothèque, comment alors nos écrivains vont-ils continuer à vivre (façon de parler !) de leur plume ? Et comment vont-ils continuer à fournir nos Bibliothèques ?


Il faut qu'il y ait des personnes qui les achètent ces livres, pendant que nous les empruntons ! Entendons-nous bien, je ne veux pas dire de ne jamais mettre les pieds dans cet antre du savoir à la portée de tous. C'est une nuance que je veux apporter, une simple nuance qui fait toute la différence pour nos chers écrivains.

Ma proposition, parce que j'en ai une (!), faites-vous un cadeau en faisant des cadeaux livres cette année ! Soyez le Père et la Mère Noël de nos écrivains. Pour le juste équilibre des choses.


Et puis, ne vous gênez pas de me dire que c'est déjà votre habitude, ça me tente tellement de l'entendre !


* * *

Continuant sur ma lancée Bibliothèque, la causerie avec Robert Lalonde, lundi, le 26 novembre à 19 h 00 a lieu à la Bibliothèque d'Eastman et NON PAS à la salle municipale.


mardi 20 novembre 2007

Le critère "jeunesse" n'est pas considéré

* * * détail de l'illustration à la fin
Je vous mets en contexte. Tout ce questionnement est parti de la remise en question de certaines personnes, dont moi-même, sur la pertinence du choix des 5 romans québécois soumis aux étudiants pour le couronnement du lauréat du Prix littéraire des Collégiens (pour plus de détails, lire mon billet "La jeunesse lit du québécois"). Puisque Stanley Péan, écrivain et combien d'autres titres (!) en est le porte-parole officiel, je me suis adressé à lui sur son blogue afin de mieux comprendre. La meilleure manière de vous en rendre compte est encore que vous preniez connaissance de mes questions et de sa réponse. À vous maintenant de vous faire une opinion.


À Stanley Péan : J’ai reçu le commentaire d’une personne qui le suit à chaque année et qui s’étonne de ce choix qui ne lui paraît pas très “jeunesse”. Il s’est donc informé qui décidait de ces titres et il apparaît que ce soient les journalistes du journal “Le Devoir”.
Sont-ils vraiment les meilleures personnes pour en décider ? S’informer auprès des professeurs de CEGEP par exemple, ou en tout cas des personnes qui côtoient de près notre belle jeunesse ?
Après tout, l’idée est de leur donner ou de leur garder le goût de lire, puisque du beaucoup lire découle le bien écrire, non ?

J’aurais dû rajouter un exemple. Dawson Kid de Simon Girard par exemple (il est la Recrue du mois de décembre) que j’ai lu d’un bout à l’autre, aurait un excellent choix pour la jeunesse. Peut-être pas pour ces messieurs et dames du Devoir par contre.

Je vous inonde, pardonnez-moi, mais c’est pour la bonne cause ; j’ai tout à coup pensé que vous ne connaissiez peut-être pas ce récent blogue “La recrue du mois”. Un blogeur ( l’écrivain et libraire, Éric Simard) et sept blogeuses, dont une de la France, passent au crible de la critique une première oeuvre fictive québécoise. Nous en sommes à la troisième “Dawson Kid” de Simon Girard, après “Le Sang des colombes, de Dany Leclair et “Les carnets de Douglas” de Christine Eddie.
Nous sommes très fiers de notre recrue française à la Recrue, une blogeuse Caro(line), extrêmement populaire en France. Elle est récemment venue au Québec et a rapporté une douzaine de titres, désirant commencer par L’histoire de la littérature québécoise. Ce qui fait qu’elle en sait probablement plus que moi ! Son site (www.krolinh-lectures.blogspot.com), si vous - ou d’autres ! - voulez entendre parler de notre littérature, c’est idéal parce que du bouche à oreille, il s’en fait abondamment puisque ce blogue assure une moyenne de commentaires d'environ 40-50 par billet !
Voilà, je ne vous importune plus, promis !

Bonjour Venise,

Vous ne m’importunez pas, rassurez-vous. Le jury de présélection est composé de journalistes de l’équipe du cahier Livres du Devoir (Jean-François Nadeau, Christian Desmeules et Danielle Laurin), d’un représentant du CRILQ (Gilles Dupuis, professeur à l’UdM) et de moi-même. Nous débattons de la production littéraire de l’année qui achève et tentons de nous entendre sur cinq oeuvres narratives que nous estimons de qualité et qui nous semblent représentatives de la diversité de la littérature québécoise contemporaine. Le critère «jeunesse» ne fait pas partie de nos préoccupations; ce n’est pas de cela dont il s’agit. Et même si le choix de Dawson Kid a été évoqué, ce roman n’a tout simplement pas fait l’unanimité autour de la table. Ça arrive, voilà tout…

Par ailleurs, j’irai volontiers faire un tour sur le site dont vous me parlez. Et j’ajouterai un hyperlien dans mon Blogroll(ce que Stanley Péan a gentiment fait d'ailleurs - Venise).


Source de l'illustration de l'en-tête :
Un petit garçon qui avait peur de tout et de rien
Texte de Stanley Péan; illustrations de Stéphane Poulin.- Montréal : La Courte échelle, ©1998.- 24 p. : ill. coul.; 22 cm. ©Stéphane Poulin (illustrateur). Reproduction autorisée par Les éditions de la courte échelle inc.

lundi 19 novembre 2007

Pour téméraires seulement - Faire bon usage


Pour téméraires seulement

Je vous avertis ce concours "Le dernier mot" de la Radio de Radio-Canada est pour ceux et celles qui n'ont pas froid aux yeux et ont la gorge chaude (je sais, je déroge au sens premier, je m'amuse !). C'est dans le cadre de l'émission "Vous m'en lirez tant" avec Raymond Cloutier. Généreusement, je vous transmets l'invitation et je me suis permise de rajouter mon fion en italique :

Le dernier mot est un jeu radiophonique qui s’adresse à des candidats téméraires qui souhaitent écrire dans un des genres suivants : humour (monologue ou sketch), publicité, paroles de chanson de type rap, script télé ou cinéma. Timides et mauvais joueurs, s’abstenir ! Le jeu se déroule en ondes, face à un jury de trois personnalités reconnues pour leur verve*. Les candidats doivent relever différents défis d’écriture, le tout sous la pression et… sous l’oreille attentive des auditeurs d’un bout à l’autre du pays! (tout pour mettre à l'aise !)

Cinq (5) finalistes devront montrer de quoi ils sont capables, à la radio, devant un jury formé de personnalités du milieu culturel qui auront la lourde tâche (je ne suis pas sûr que c'est eux qui auront la tâche la plus lourde !) de les départager. Pour cela, ils leur lanceront successivement plusieurs défis d’écriture, à relever en temps limité. Chaque défi se soldera par l’élimination d’un ou de plusieurs candidats.

*Michel Vézina, Pascale Montpetit, Yves Desgagnés (un jury assez dégourdi hein ?)


Est-ce que ça vous tente ? Ça fait un peu casse-gueule, non ? J'ai hâte de voir s'il va y avoir plusieurs candidatures. En tout cas, ils auront la mienne, non pas que je sois si téméraire que ça mais je me suis dit, tiens je vais y participer pour vérifier le principe de la loi inversée, il s'agit que tu ne veuilles pas vraiment gagner pour que ... tu gagnes !


Faire bon usage


Je ne suis pas certaine que je me sentirais complètement à l'aise dans ces soupers de famille ... vous allez comprendre. Cependant, lisez jusqu'au bout, la fin est très jolie, pour ne pas dire "cute".

Le bon usage est la référence grammaticale en français. Pour la première fois depuis 1993, une révision complète est apportée à l'imposant outil. Celui qui a supervisé cette refonte, le Belge André Goosse, présente quelques-uns des changements qu'on trouve dans cette nouvelle édition.

Selon le premier conseiller linguistique à Radio-Canada, Guy Bertrand, Le bon usage est la bible des gens qui travaillent avec le français et de ceux qui en sont amoureux, point à la ligne.
À 81 ans, André Goosse préside le Conseil international de la langue française. Il est aussi le gendre de Maurice Grevisse, le célèbre grammairien belge.

« Sa fille était dans la même classe que moi à l'université de Louvain. J'étais passionné par le français et j'avais quelques interrogations. Je lui ai demandé de transmettre ma question à son père, ce qu'elle a fait. J'ai ensuite élargi mes sujets de conversation avec elle et je l'ai épousé. »

C'est ce que l'on appelle faire vraiment bon usage de ses relations.

samedi 17 novembre 2007

La jeunesse lit du québécois

Il y a d'innombrables Prix, j'avoue qu'il y a de quoi y égarer sa mémoire. Donc, pour me « dépatauger » (aille ... je dis ce mot de temps en temps mais au moment de l'écrire, je m'interroge d'où il vient celui-là !), je vais tâcher de les prendre un à un, en commençant par la jeunesse parce que par elle tout commence.


Le Prix des Collégiens inspiré de son pendant en France Le Prix Gongourt des Lycéens. Même si le Prix des Collégiens existe depuis 2000, comparativement à 1988 pour le Prix français, il fait son petit bonhomme de chemin. J'ai même lu que ce Prix était maintenant parmi les cinq Prix les plus convoités. L'affirmation repose sur quelles données stratégiques et « sondatiques » ? Je ne le sais pas, elle est plutôt gratuite, à mon sens. J'aime la gratuité, de temps en temps, ça nourrit la candeur et puis ma candeur j'y tiens.


Par quelles étapes les 750 étudiants de 40 collèges-cegeps auront à passer ?


- L'évidence même : lecture de 5 romans québécois parus l'année précédente

Participer à ...

... Des discussions littéraires entre étudiants

... Rencontres en librairie avec les écrivains à Montréal, Québec et Sherbrooke (mars)

... À un concours de critiques littéraires – textes gagnants publiés dans « Le Devoir » *

... La délibération au Manoir Victoria à Québec, menant au vote final, désignant le lauréat.

* activité non obligatoire


Qu'auront à lire nos étudiants cette année (roulement de tambour ...)


# Catastrophes, Pierre Samson

# Ce n'est pas une façon de dire adieu, Stéphanie Meunier

# Espèce en voie de disparition, Robert Lalonde

# Pourquoi faire une maison avec ses morts, Élise Turcotte

# La soeur de Judith, Lise Tremblay


Début du processus Salon du livre de Montréal (présentement)

Fin du processus : Salon du livre de Québec (avril)


Environ 5 mois pour conclure vos gagures ! Je suis certaine qu'il y en a plusieurs d'entre vous qui sont en avance sur la première étape, la lecture des cinq oeuvres. Qui, qui ? Levez la main !


photo : Pan Bouyoucas, Anna Pourquoi, Prix Collégien 2005

Nicolas Dickner, Nickolski, Prix Collégien 2006

Myriam Beaudoin, Hadassa, Prix Collégien 2007


jeudi 15 novembre 2007

Huit sons de cloche : Les Carnets de Douglas

Vous trouverez sur le blogue "La Recrue du mois" sept opinions différentes sur ce premier roman Les Carnets de Douglas d'une auteure québécoise Christine Eddie. Cette fois-ci, la divergence est plus notable que le 15 du mois passé (Le sang des Colombes - Dany Leclair). Voici ci-dessous ma vision mais je vous en prie, profitez-en pour relativiser, sept opinions vous attendent à la Recrue. Quant à moi, j'avoue que chaque 15 du mois, c'est une récompense de lire le commentaire des autres sur le même bouquin.
Oups ... nous avions aussi la collaboration spéciale de Caro(line), ce qui est très plaisant, pour un huitième son de cloche directement de France, cliquez ici.


Une romance familiale à l'eau de Rose


Les Carnets de Douglas, le titre ne m'attirait pas plus qu'il ne le faut. Une première leçon, ne pas se fier au titre, pas toujours, car j'aurais passé à côté d'un livre que j'ai beaucoup, beaucoup aimé. Un roman goulûment dévoré de la première à la dernière page.


Pourquoi, oui pourquoi, je l'ai tant aimé ? Je commence à croire qu'il est aussi difficile d'expliquer son amour que le contraire. Pour justifier cet amour qui se satisferait pourtant de l'inconditionnel, disons que le style clair, ordonné par des phrase simples, des chapitres d'un seul souffle, avec peu de personnages dévoilés un à la fois, ce style succinct, épuré est venu me chercher là où j'étais.


L'histoire s'annonce par de la dureté ; deux enfants meurtris qui auraient pu se laisser mourir étouffés par le manque d'amour et qui choisissent courageusement d'attraper leur baluchon pour aller voguer, peut-être vers plus de misère physique mais moins de misère morale. Avoir peu mais avoir le principal, la liberté. Ces êtres affranchis de leur famille, Romain et Éléna ont rendez-vous avec l'apprivoisement de leur être intime à partager avec un autre corps, un autre coeur. Leur maison, quelques branches coupés, leur univers, la forêt. Mais l'auteure n'a pas prévu de laisser couler une romance à l'eau de rose. Un bébé vient au monde, Rose, une histoire meurt, une autre naît.


Les thèmes sont nombreux et abordés d'une manière assez originale ; Une famille (atypique) reconstituée, l'amour paternel et maternel, la médecine dans un petit village, la marginalité, le rejet, le déracinement, le père lointain, l'amour du bois, la mort qui survie, la musique.


La forme maintenant. Des titres découpant l'histoire comme un film, oui, pourquoi pas. Le générique, je dois l'avouer, même s'il a assouvi ma curiosité du « après » m'a quelque peu bousculé. La toute fin est si forte, un peu comme dans une nouvelle, l'arrivée du générique et le défilé des personnages a achevé mon émerveillement un peu trop brusquement.


Je viens de feuilleter les pages, un parfum s'en dégage, me fait découvrir un goût ; le revivre.

Christine Eddie, Les Carnets de Douglas, Alto, 198 pages

mercredi 14 novembre 2007

Venise à l'écoute des correspondances

Il faut bien que ce blogue ne soit plus sous l'égide des Correspondances pour que s'y découvre une savoureuse correspondance entre Paul et Réjean. Rien ne me fait plus plaisir que d'entendre de tels commentaires entre vous, cela me démontre que le mot passe et c'est mon but, somme toute. J'en profite pour préciser qu'un courriel m'annonce chacun de vos précieux commentaires. Merci !


À moins que Réjean ne lise beaucoup que de premières pages... Peu flexible ce Réjean, et très prompt à affirmer son opinion. C'est vrai qu'il est plus chic de se dire déçu que de se dire content, même un peu. Pour le Lise Tremblay, Réjean montre qu'il a du flair, mais que la prose épurée est son genre. Réjean serait-il un lecteur de Yoko Ogawa ?

Signé : Paul

Cher Paul,
J'espère que mes opinions ne vous bousculent pas trop. Certes, je suis prompt à dire ce que je pense, et des blogues littéraires comme celui de Venise sont là pour ça, non ? Je ne me dis pas déçu pour faire «chic», comme vous semblez le prétendre (croyez-moi, je déteste les snobs), mais bien parce que c'est vraiment ce que je pense. La prose épurée, oui, je m'en satisfais bien. Mais je n'aime pas que ça. Par exemple, je suis en train de lire le tout dernier Joyce Carol Oates paru en français. Ça s'appelle Mère disparue. J'aime beaucoup cette auteur américaine. La connaissez-vous ?

P.S. Êtes-vous le «Paul» qui fait de la bande dessinée et dont il est question dans le billet de Venise ? Si oui, vous faites du beau travail. Votre dernier album m'a bien plu et je n'ai pas lu que les premières pages... :-)

Signé : Réjean

Bonjour Réjean,
Non, je ne suis pas LE Paul, désolé ! Je suis content de vous lire sur vos choix. Je trouvais simplement que vous y alliez souvent un peu raide avec les nouveautés. mais ce sont les règles du jeu. J'ai présentement à côté de moi les deux nouveaux livres de la très prolifique - et pas toujours très pertinente -, J C Oates. Écrivaine remarquable. Je mentionnais Ogawa, parce que du côté de la prose étrange, c'est du bonbon.

Signé : Paul


Mais Paul, décidément, nous avons les mêmes lectures ! C'est vrai que Oates n'est pas toujours pertinente, comme vous dites, mais quand elle fait un bon roman, alors là, vraiment, c'est un plaisir toujours renouvelé. L'un de ses premiers romans, que j'ai lu trois fois tellement j'ai été bouleversé par ce livre, s'appelle Au commencement était la vie. C'est un chef-d'oeuvre de concision et d'émotion. Si vous vous intéressez à cette auteur, je vous le suggère fortement. Mais attention, c'est un livre très dur. Quant à Ogawa, c'est effectivement du bonbon, mais je crois que je l'ai trop lue : elle ne me surprend plus tellement, car je connais trop sa «manière». (Salutations à Venise !)

Signé : Réjean


Et que dire de Denise (Neveu) qui a rajouté à « Qu'est-ce qui fait écrire ? » ces mots très pertinents tirés de la bouche* de Jung :

Venise, je suis si contente de connaître votre point de vue sur la motivation d'écrire - ce cliché sur l'écriture pour névrosés en mal d'amour est trop répandu à mon goût. Excusez-moi de me citer, mais voici ce que j'écrivais à ce sujet dans mon dernier ouvrage Comme un livre ouvert, éloge et pratique de l'écriture sans frontières (Éditions du Roseau) :

« Selon Carl Gustav Jung, tout trouble psychique serait écarté si chaque humain portait ses images non peintes à la lumière et libérait ses poèmes non écrits. Est-ce un reliquat de notre culture judéo-chrétienne? Nous faisons un trop grand usage pharmaceutique de la création en l’appliquant comme un baume sur nos plaies vives. Ce postulat de l’art échappatoire pour névrosés semble indélogeable de notre ciboulot d’occidentaux. Tant d’artistes montent en épingle les souffrances de leur enfance pour justifier leurs œuvres présentes. Encore récemment, un auteur chevronné affirmait sur les ondes qu’il n’aurait jamais écrit s’il n’avait pas vécu sa jeunesse les joues coincées dans l’étau de l’incommunicabilité. Mais voyons voir… Pour une centaine de garçonnets emmurés comme lui dans le mutisme ravageur, un seul versera plus tard dans le camp des fabulateurs professionnels. Les autres se feront bouchers, professeurs de biologie moléculaire ou croque-morts. Pensez-vous vraiment que les bouchers et les croque-morts soient moins assoiffés d'amour et de reconnaissance ici-bas que les poètes et les romanciers? Et qui nous dit que les biologistes ne pleurent pas, au fond de leur laboratoire, le désarroi de leurs molécules d’autrefois?
Les réalisations artistiques ne sont pas toujours des s.o.s. désespérés et ne servent pas seulement à sublimer les aspects indigestes de la réalité. Nous gagnerions beaucoup, je crois, à exalter leurs fonctions de vitamine soleil, de puissance catalytique, de fontaine de jouvence. »

* Eh oui, il parle toujours ce Jung ! La définition d'un grand homme n'est-elle pas de parler encore plus après sa mort que de son vivant !

dimanche 11 novembre 2007

Moi, j'avais pas l'habitude de naître

Avez-vous remarqué les libellules qui volent en arrière plan de la bannière ? Elles sont différentes, quelque peu transformées. La silhouette est semblable mais différente de l'emblème des Correspondances d'Eastman. Ce symbole porte sa nuance. Le Passe-Mot devient Le Passe-Mot de Venise, reflétant un fait de toutes manières. Le blogue avait beau prétendre appartenir aux Correspondances d'Eastman, il faut bien avouer qu'il a pris au fil du temps une couleur, la mienne.

Mon coeur continue de battre pour la mission qu'il s'est donnée de s'inspirer des Correspondances. Sous « Le Passe-Mot » vous entendrez chanter la Lettre sous tous les octaves de l'alphabet. Les idées, initiatives, activités des Correspondances prendront une place importante dans ces billets qui continuent de s'envoler vers vous sur les ailes d'une libellule.


Je n'ai pas trouvé de meilleure journée pour vous parler de « Moi, j'avais pas l'habitude de naître » de Nicole Fontaine, la présidente des Correspondances d'Eastman, par la bouche de Matthieu Petit, rédacteur en chef du Voir/Estrie de :

"Nicole Fontaine a écrit un premier recueil de nouvelles aux Éditions Hurtubise HMH. "Passionnée de littérature, elle a longtemps écrit pour les autres avant de se laisser tenter à son tour." Dans son livre Moi, j'avais pas l'habitude de naître, elle traite principalement de l'enfance. Son écriture est emplie de tendresse, de simplicité et d'humour. La plupart des personnages sont des enfants. Ceux-ci tiennent parfois un discours d'adulte, mais comme l'écrivait Éric-Emmanuel Schmitt, "l'esprit d'enfance vient avec les années. Ça arrive tard. C'est un souci de vieux". Il s'agit donc d'un joli recueil pour les grands enfants sages".


Vous me connaissez, je n'allais pas laisser passer une occasion de m'ouvrir le clapet :
"Oui, de jolies nouvelles qui s'avalent d'une traite en se payant la traite. La variété des thèmes sur les petits est grande. Nicole Fontaine nous entretient de l'enfance, plus que des enfants, son regard englobe plus large que l'univers du tout-petit. Qui dit enfance, dit aussi tristesse, nostalgie, drame. Et joie aussi, un ou l'autre, toujours avec ce style élégant qui se dépose sur les mots avec tendresse et poésie.

Certaines de ces trente-trois courtes nouvelles sont comme le flash d'une photo qui illumine l'espace d'une image, d'autres creusent vers les tréfonds obscurs de l'âme humaine, parce qu'à travers les yeux d'un bambin ou d'une mammy, l'âme n'a pas d'âge. Et c'est de cet angle que l'auteure s'est placé pour déposer un faisceau éblouissant sur les enfants et leur difficulté, pas seulement à naître, mais à vivre.

À certains, vous allez vous attacher instantanément pour cette capacité de l'enfant, si bien saisie par l'auteure, de nous offrir leur présent comme un cadeau. D'autres vont rester à hanter longtemps vos nuits. Un peu comme ce qui est arrivé à l'auteure, présidente des Correspondances d'Eastman :

«Lorsque finalement, je suis fatiguée et que j'éteins la lumière, j'ai l'impression que les enfants se promènent dans ma chambre.

Cette dernière phrase que j'ai "piquée" d'une entrevue donne une bonne idée du degré de poésie dans lequel baigne ces nouvelles. Une poésie involontaire, et c'est souvent la plus savoureuse.

samedi 10 novembre 2007

La (mystérieuse) Notaire de Patrick Nicol

Je termine de lire « La notaire » et ce n'est pas un exploit. Comprenez-moi, pas de l'avoir écrit mais bien de l'avoir lu ! Il se dévore en une seule bouchée. Petit par ses pages et plus grand par son propos.


La photographie est réussie, le sujet proprement encadré. Le portrait d'un homme perdu dans ses pensées après une séparation. Un homme infantile dans le sens précis de tout attendre des autres. Il est le point de mire. Comme il nous invite à habiter sa tête pendant 133 pages, on est en mesure de constater l'ampleur de cet égocentrisme. Quelle est l'époque où règne en roi et maître un égo sans en avoir conscience ? L'enfance, évidemment. Nous avons donc droit à une virée de son album aux souvenirs, largement ouvert sous nos yeux voyeurs. L'homme perdu le fouille revenant souvent aux mêmes pages pour son obsession de lui-même.


Le propos porte haut son symbole sans en avoir trop l'air, ce qui m'a plu. J'ai aimé le côté intégré de la symbolisme. L'homme vivant mollement la brisure de ses points de repère d'avec une conjointe qui l'aimait beaucoup (les hommes immatures se laissent si facilement aimer !) choisit une maison nichée dans le quartier de son enfance. Une maison jadis habitée par un homme qui le photographiait, lui, et particulièrement lui, il en est convaincu.


Mais qu'est-ce que viens faire la notaire dans ce cirque intime ? Introduite durant la transaction de la maison laissée à un prix dérisoire (mystère ...) par une vieille dame, conjointe du photographe, la notaire aime s'envoyer en l'air avec l'homme et ne s'attarde nullement à son égocentrisme. Qui est-elle, que veut-elle ? Vous le révéler serait vous en dire long, trop long pour une si courte lecture !


Très beau style, soit-dit en le soulignant, puisque sans ce style très personnel, la fusion avec l'homme (ainsi nommé dans le livre) serait nulle et non avenue.

Si vous désirez une autre manière de le présenter, cliquez ici.


La notaire, Patrick Nicol, Leméac, 133 pages, 13.95 $

mardi 6 novembre 2007

Paul a un travail d'été

Connaissez-vous Paul ? Moi, je le connais maintenant, plus intimement disons. Voici deux semaines, je ne l'appelais pas Paul, je l'appelais « Les Paul ».


Ce sont des histoires illustrées qui m'ont appris à le connaître.


Je triche là en le présentant ainsi. Pourquoi je triche, moi, d'une nature si honnête ;-) ? Parce que si je vous dis, ce sont des albums de bandes dessinées, je vois déjà le bond de certaines souris, allant cliquer ailleurs. Et vous ne connaîtrez pas Paul et Paul vaut la peine d'être connu, je vous l'assure !

À bien y penser, je ne triche pas tant que ça, « Paul a un travail d'été » est vraiment une histoire illustrée. Une histoire bien construite de 149 pages qui nous fait vivre les péripéties d'un jeune homme d'environ 16 ans, gâté par la vie et ses parents. Il est clairement encore à l'étape du « donnez-moi tout » et je ne « vous doit rien » propre, parfois, à la jeunesse. Le travail d'été de Paul va le transformer et croyez-moi, la chose est amenée avec doigté, ce n'est pas plus miraculeux que dans n'importe quel roman réaliste. Il va s'éveiller à lui, par les autres et pour les autres, et délaisser ces réflexes d'enfant-roi. L'amour au sens large va y être pour beaucoup.


En escaladant un mont à pic, il va grimper plus haut que lui-même, Paul. Il va s'entêter, se rebiffer mais la constance des encouragements dans ce camp de jeunes où l'entraide et le partage prévaut sur tout, va le pousser à se dépasser. C'est beau à voir, et permettez-moi le, c'est bien illustré ! Je dirais même que le message passe pour n'importe quelle personne récalcitrante à sortir de l'état d'enfance. C'est pas facile de sortir de ce nid douillet qu'est l'enfance, et Paul s'en sort en donnant. Il n'a pas pour autant la couenne d'un héros, plutôt la peau poreuse des tendres.


L'histoire a plusieurs rebondissements, le coup de crayon est alerte et bien sûr qu'un moment donné, emporté par les émotions, on finit par ne plus scruter chaque détail du dessin à la loupe. Parce que c'est ce que je faisais au début ! Je vous l'ai déjà confessé que je ne suis pas « bédé », bloquée à l'idée que les BD, c'est bon pour ma jeunesse. C'est vrai dans un certain sens, les BD "jeunesse" sont destinés aux jeunes (et encore !) mais il y a tant et tant de BD adulte maintenant. Et il y en aura de plus en plus, au Québec. Parce qu'en Europe, c'est chose entrée dans les moeurs. Un adulte, même cravaté (!), peut lire sa BD dans le métro sans se couvrir de honte. C'est seulement la deuxième bédé pour adulte que je lis, la première étant "Rapide-Blanc" , Pascal Blanchet, La Pastèque (une page de notre histoire superbement illustrée), j'ai donc du chemin à parcourir pour rattraper les autres (qui sont ces autres ? ... Exprimez-vous !)


Il est maintenant plus facile pour moi de comprendre les Prix (ci-dessous) destinés à cet album et son auteur, Michel Rabagliati. En plus, cette année, il est parmi les neuf invités d'honneur du Salon du livre de Montréal : « Comptent pour la première fois dans leurs rangs un bédéiste et non le moindre : le Québécois Michel Rabagliati, l'auteur de la série Paul »*


Je suis sortie de cet album (j'ai failli dire lecture, mais c'est plus que de la lecture !) avec le désir de fréquenter Paul assidûment. Paul qui ? Aucune espèce d'idée ! On appelle nos amis par leur prénom, non ?

*

Paul à la campagne (La Pastèque)
Paul a un travail d’été (La Pastèque)
Paul en appartement (La Pastèque)

Paul dans le métro (La Pastèque)
Paul à la pêche (La Pastèque)


  • - Prix des libraires du Québec 2007 - Mention spéciale
  • - Festival de la BD francophone de Québec 2003 - Prix Réal Fillion - Meilleure bande dessinée québécoise de l’année
  • - Bédélys Québec 2002 - Album québécois de l’année
  • - Bédélys Média 2002
  • -Prix BDQuébec - Meilleur album


Photo de l'auteur, Michel Rabagliati et de l'illustration de Paul pris sur le site La Pastèque.

samedi 3 novembre 2007

Qu'est-ce qui fait écrire ?

On pose souvent la question : qu'est-ce qui fait lire ? Qu'est-ce qui fait écrire ? moins souvent, il me semble. Qu'est qu'en dit, Gilles Archambault, auteur de 29 livres depuis 1963, sur l'irrépressible besoin d'écrire son dernier opus, "Les Rives prochaines" : "Quand je n'en peux plus de ne pas écrire, j'écris. Je décris des ambiances, des personnages et ça accompagne ma vie. C'est à peu près comme si je tenais un journal intime". Il dit aussi qu'il crée des personnages avec qui il ne détesterait pas passer une soirée ... Comme c'est joliment énoncé !

Mais ce qui m'a le plus frappé dans son propos est ceci :

"C'est l'insatisfaction qui fait écrire. Si vous êtes un homme de 30 ans, que vous avez 15 millions à la banque, que vous faites partie d'une grande famille, vous n'allez pas vous mettre à écrire des livres, parce que vous regorgez de possession et de satisfaction. Écrire un livre, c'est une sorte de demande. On veut être aimé. Et on voudrait l'être pour les bonnes raisons".

Je l'avoue, je trouve ça frappant et ça démange mon coeur de fouineuse de l'âme humaine : est-ce vraiment vrai ce qu'il avance ? Je dois avouer que j'ai un gros doute, même si je considère ces affirmations loin d'être stupides. Premièrement, existe-t-il cet être comblé du coeur et du portefeuille ? Qui n'attend plus rien de la vie finalement ! Je le cherche et le chercherai longtemps, d'après moi. Je connais des êtres à qui tout réussit et qui restent affamés de valorisation. J'irais jusqu'à penser qu'il n'existe pas sur Terre une personne qui n'est pas avide d'être aimée et reconnue pour ce qu'elle est. Ce ne sont pas les possessions matérielles, ni l'affection d'une bande d'amis, ni l'amour d'un conjoint qui arrivent à remplir ce vide. Nous serions donc tous des candidats à écrire ! Qui se décide à le faire, là, c'est un autre chapitre de l'histoire !

Je pense que l'information la plus importante à retirer de ces confidences de Gilles Archambault est qu'il ressent fortement son besoin d'être aimé. Il doit se dire : "Je pourrais rester tranquille, flâner, voyager (il est à l'âge de la retraite), ne pas me donner tant de trouble, avoir beaucoup plus de temps à moi mais, non, il faut que j'écrive".

Admettons que par la chiquenaude du nez d'une sorcière bien aimée, 15 million$ soient ajoutés dans son compte en banque, je gage un million qu'il continue d'écrire ! Facile à dire, il y a plus de sorcière, ni bien ni mal aimée, puisque l'halloween est finie (Hi ! Hi !). Mais je n'ai pas menti, je gagerai un million, oui, mais un million de cennes noires !

Qui est-il ?

Né à Montréal en 1933, Gilles Archambault fête en 2003 ses quarante ans d’écriture. Réalisateur mais aussi animateur d’émissions sur le jazz et la littérature, il a travaillé à Radio-Canada de 1963 à 1992. Son émission «Jazz soliloque» fait aujourd’hui figure de référence dans le domaine. Chroniqueur à l’émission de Joël Le Bigot (CBF Bonjour), il poursuit maintenant une carrière de journaliste pigiste et d’écrivain. Il a aussi collaboré à différentes émissions de télévision ainsi qu’à deux longs métrages, dont l’un était l’adaptation de son roman La Fleur aux dents. Il a créé avec Jacques Brault et François Ricard les Éditions du Sentier qui ont existé de 1978 à 1986.

En 1981, il a reçu le plus grand prix littéraire du Québec, le prix Athanase-David, pour l’ensemble de son œuvre, et en 1986, le Prix du Gouverneur général du Canada pour son recueil de nouvelles L'Obsédante Obèse et autres agressions.

Invitation à lire Les Rives prochaines, Gilles Archambault, Boréal, 192 p. 19.95 $ :

Jeunesse et vieillesse, amour et abandon, joie et souffrance, souvenir et oubli. Entre ces rives de l’existence, des êtres se croisent, se cherchent, parfois se rapprochent, parfois se perdent, découvrant toujours, au bout du compte, ce qu’ils savaient confusément mais n’osaient se dire : qu’ils ont besoin à la fois de s’aimer et de se fuir pour que la vie, en eux, continue de palpiter encore, et que le temps qui les emporte ne leur soit pas trop inhospitalier.