Faites comme chez vous

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c'est recevant !

dimanche 30 mars 2008

Ton kaki qui t'adore de Denys Lessard

Pour tous les épistoliers et épistolières, le couvercle d’un coffre à été soulevé pour dévoiler de belles lettres d’amour en temps de guerre. C’est Gérard qui écrit à Jeannine et dieu ce qu’il l’aime sa Jeannine ! Il l’adore. « Ton kaki qui t’adore » contient les lettres exaltées, passionnées, emportées par la ferveur de l’amour. Cet amour est vital pour lui, pour continuer à être un kaki, il le crie et son cri se répercute dans notre cœur.

Le trésor est consistant, le fils a hérité de 925 lettres (2,700 feuillets), échangées en trois ans d’éloignement. Une lettre par jour, en comptant celles qui ont été perdues. Denys Lessard a cru bon d’écumer les lettres de ses parents pour en choisir environ 30 complètes et d'innombrables extraits pour compléter son propos.

Je le dis d’emblée, j’avais des attentes et elles ont été éconduites. C’est traître des attentes. Il s’agit d’un malentendu entre la réalité et mon interprétation. C’est instantané, le mot « lettre » me conduit au mot « correspondance » et « Ton kaki qui t’adore » ne dévoile pas vraiment une correspondance. L’avoir saisi immédiatement, j’aurais ajusté mes attentes et j’aurais été moins déçue.

Je m’explique. Les lettres de Gérard sont sublimes. Je l’avoue, j’ai rarement lu, vu, entendu un homme aussi enflammé d’amour. Ses mots nous projettent loin, nous ouvrent à plus grand. Sa plume transmet l’amour et de l’amour ressenti aussi puissamment fait transcender les bassesses de la vie. C’est une vague et j’aurai aimé me laisser transporter par elle. Au moins, jusqu’à Jeannine. Mais il n’y a pas de correspondance directe, il y a toujours la voix off du fils qui vient s’intercaler pour situer, expliquer, commenter. Il est très présent, ce qui me fait dire que c’est son livre. Comme il a un esprit analytique et qu’il aime situer, certains y prendront beaucoup de plaisir, j’en suis certaine. C’est du vécu et le contexte de la guerre y est bien amené.

Remarquez que c’est un goût personnel de prendre tant de plaisir à lire les banalités parce que pour moi, entrer dans une correspondance a quelque chose de voyeur. C’est s’infiltrer par les trous de la serrure pour découvrir l’intimité de deux personnes. Est-ce si nécessaire à ce compte-là que l’écriture soit toujours inspirée et la révélation fracassante ? J’imagine que l’auteur a voulu nous éviter l’ennui, en nous offrant la crème de la crème. Il y est arrivé mais cette « crème » a fait naître en moi un fort attachement pour Gérard et pour Jeannine. Un attachement laissé inassouvi par le retrait de grands pans de correspondances entre les amoureux et d'innombrables [...].

J’ai aimé Gérard, et autant Jeannine. Celle-ci se dévoile d’une autre manière et sa discrétion, son pragmatisme, sa simplicité nous en révèlent beaucoup. Le fils annonce que sa mère aime moins écrire et que par là, son style est plus maladroit. Comment le voir ainsi quand la magie de l’attachement a opéré ? Cela équivaudrait à dire que lorsque mon amoureux déjeune les yeux encore dans le vague du sommeil, il est moins intéressant. Mais lisez plutôt ce qu’en dit Gérard :
Je devrais te gronder pour avoir écrit que tu ne devrais pas me confier tout ce qui t’ennuie, te déplaît ou t’inquiète. Pourquoi pas chérie ? Tu sais combien je t’aime, combien je te veux heureuse et ce que ton amour signifie pour moi. Si tu ne veux pas me blesser, dis-moi tout. Comment pourrais-je te consoler, comment pourrais-je me sentir en communion de pensées et sentiments ? Comment alors s’opérerait l’union des âmes, la fusion des cœurs ? Tes joies sont mes joies, tes chagrins sont mes chagrins. […]. Brave je serai pour toi, pour moi, pour nous deux. Et ton amour m’aidera sur le chemin de l’honneur et du devoir, ton amour qui est toute ma vie, et plus encore.

jeudi 27 mars 2008

Partiellement bio

Je suis la vague du vécu. Une vaguelette mais quand même. Le magazine « Le libraire » aborde le vaste dossier, le lucratif dossier de la biographie. En fait, sur le coup, je n’ai même pas réalisé que je surfais sur la vaguelette de l’heure. Je lis simultanément deux livres bio. Un plus bio que l’autre, mais deux bio quand même. Du bio, entièrement naturel, puisque c’est de la nature humaine dont il est question !

Ma première, partiellement bio est « Ton kaki t’adore » des lettres d’amour en temps de guerre, colligés par le fils, Denys Lessard. Je vais vous en reparler bientôt puisque j’ai dépassé la moitié de ce mince livre.

L’autre, n’est pas un pavé (aille, j’ai appris ce mot-là de nos amies de la France, un pavé au lieu de notre brique, alors je change de matériau) mais un demi pavé, disons. Le titre ? Des rires et une larme. J’adore ce titre et j’aime bien le bonhomme qui "s’autobiographie" et je nomme : Michel Fugain. Comme je l’ai vu en spectacle dernièrement et à Tout le monde en parle aussi, il était quasiment devenu un grand chum mais un grand chum que je ne connais pas. Alors je pallie, oui, oui, je pallie à mon ignorance. Faut dire que Marc est un fan fini de Fugain et son « Big bazar ». Il est bien surpris d’ailleurs que je n’ai jamais accrochée au « Big bazar » en question. Chacun ses goûts, hein ? Je trouvais l’homme tellement dynamique et dynamite que je me disais, c’est pas naturel, c’est pas bio … oh, qu’est-ce que je dis là ! Je veux dire, je le pensais un peu artificiel, genre ça se peut quasiment pas être aussi vigoureusement « peppé » (le mot pep tient le coup chez Le Petit Robert mais pas le peppé, ce qui est explique les guillemets). Peut-être n’avait-il pas encore versé sa « larme ». Cette larme, et là je vous avertis ce n’est vraiment pas folichon, c’est qu’il a perdu sa fille. Sa grande fille, je crois. En tout cas, je vais le savoir bientôt.

Et puis, pendant que je fais dans la « bio », je néglige la Recrue du mois « Vandal love ou perdus en Amérique », un demi pavé ou un tiers de pavé, je sais pas, ça va dépendre si c’est long à lire ou pas ;-D

Bon, bien, je pense que je suis mieux d’aller lire … ou souper. Une option ou l’autre, il faut que je dévore.

mardi 25 mars 2008

Recherche d'auteurs

Titre attirant n’est-ce pas ? Ce n’est pas très souvent que l’on réclame des auteurs. C’est le cas ici, et j’ai trois cas et même si c’est à certaines conditions, cela mérite de s’y arrêter.
Premier cas
Le Festival des Écrits de l’ombre (à St-Antoine-de-Tilly du 16 au 19 mai) est toujours à la recherche d’auteurs. Vous avez écrit un livre ? Il est sous forme de manuscrit, terminé mais non édité ? Ou encore, vous avez déjà publié à compte d’auteurs, il vous reste des exemplaires et aimeriez les proposer vous-mêmes ? (vous avouerez que l’on peut être bien servi par soi-même !). Tous les genres littéraires sont admis. J’ai participé à ce Festival l’an passé et j’y participe une fois de plus cette année, je vous assure que c’est une occasion de rencontres intéressantes. J’ai particulièrement apprécié le contact direct avec un public nombreux et curieux, les nombreuses lectures de mes écrits devant un public intime et intéressé et des informations glanées au passage.
Au mieux, vous vendrez quelques exemplaires de vos œuvres, aurez parlé de vos écrits à d’autres auteurs dans la même situation que vous, au pire, une fin de semaine franchement distrayante (c’est très bien organisé) et entre vos mains, un répertoire de tous les écrivains présents … dont vous bien sûr ! --- Informations supplémentaires ici.
Deuxième cas
Vous aimeriez participer à un Cabaret littéraire ? Soit que vous liriez vous-même un de vos textes, soit que vous le confiez à quelqu’un d’autre. Soumettez un ou plusieurs textes de poésie ou de prose ne dépassant pas 750 mots chacun. Signé d’un pseudonyme, dactylographié à double interligne avant le 31 mars 2008 accompagné du formulaire disponible sur le site www.litteraire.ca --- Par courriel à cdumas@litteraire.ca ou sur papier en 4 exemplaires, aux soins de Cabarets littéraires à l’adresse de la Fédération québécoise du loisir littéraire, 4545, avenue Pierre-De Coubertin, Succursale M, Mtl (Qc) H1V 3R2
Un des Cabarets aura lieu à Montréal, le 27 mai, au Bistro Le Parc des Princes et l’autre dans le cadre du Festival des Écrits de l’ombre (dates ci-dessus).
Troisième cas
CONCOURS ANNUEL du loisir littéraire. Date limite 1er mai. Texte inédit de 200 à 500 mots. Thème Voyageur clandestin.
Premier Prix : 300 $ - Deuxième : 200 $ - Troisième : 100 $ - Publication dans la Revue du Loisir littéraire et attestation
« En secret, en cachette, sans autorisation ni titre de transport, le voyageur clandestin poursuit son voyage. À vous de décider si la traversée revêtira un caractère illicite, romantique, tragique, réaliste, fantastique ou poétique et si le voyageur clandestin s’entendra au sens propre ou au sens figuré ».
Pour plus de détails : www.litteraire.ca
Pour y participer, il faut être membre de la Fédération du Loisir littéraire (plusieurs avantages dont celui de suivre des ateliers d’écriture à prix réduit)

dimanche 23 mars 2008

Tout m'accuse

Drôle de timing, je vous arrive avec mon « Tout m’accuse » de Véronique Marcotte le jour de la résurrection. Il aurait été de meilleur aloi de vous le présenter Vendredi Saint. D’autant plus vrai que vous vous doutez bien que le « Tout m’accuse » contient son lot de culpabilité et pas de la légère, du « poids lourd ». Chacun, ou à peu près, a son geste regrettable qui pèse sur sa conscience.

Véronique Marcotte m’a donné l’impression d’une grande maîtrise de ses joueurs, euh … ses personnages. Elle les fait avancer ou reculer d’une case – ou plusieurs – sur l’échiquier avec, toujours, une menace d’échec et mat qui plane.

Ce qui m’a frappé dans cette histoire est la manière naturelle avec laquelle l’auteure nous présente d’importants travers psychologiques. J’appuie sur le mot « naturel » car il nous évite, à mon avis, un roman noir et déprimant. On navigue sur les eaux troubles de la psyché humaine en y voyant clair, si vous me permettez le paradoxe. Le déséquilibre est abordé normalement, déjà là, c’est une expérience à lire et d’autant plus intéressante que j’ai découvert une écrivaine en pleine possession de ses moyens. Un style clair, sans bavure, sobre, qui va droit à son étape qui mène à l'autre. Pas de fioritures inutiles, du rythme, pas de longueurs, à moins que trouviez ennuyant au départ la psychologie d’êtres humains en instance d’interagir entre eux. À éviter alors, vous allez être déçu. Une originalité certaine, elle a intercalé entre les chapitres, au besoin, des dialogues entre amies qui révèlent des bribes d’informations, tout en conservant précieusement le punch final.

À un moment donné, face à la situation installée, assez particulière, (suspense…) j’ai vu arriver mon réflexe de soupeser le degré de plausibilité, je m’en suis gardé et je suis fière de moi, j’avoue. Cela m’aurait certainement empêché d’apprécier cette histoire à sa juste mesure. Comme mon cerveau s’apaise quand je lui offre une petite case, je lui en ai offert une : roman réaliste à la fiction excessive. Allez comprendre, il s’en est montré satisfait !

De toutes manières, et tenez-vous le pour dit, il est facile de jouer le jeu et d’embarquer dans ce navire où vogue les mères ultra possessives, les troublés à l’obsession compulsive, le voyeurisme aigüe, la lâcheté assumé, le barricadé dans son « fort » intérieur et la peinture d’art en toile de fond !

Belle découverte (merci Éric Simard) et je n’aurai aucune hésitation à lire ses œuvres déjà publiées et celles à venir. Et sur ce, JOYEUSES PÂQUES !

jeudi 20 mars 2008

Du champagne pour tout le monde !

C’est un chic type ce Pierre-Léon Lalonde, auteur d’un taxi la nuit. Je lui ai fait savoir qu’il y avait un billet sur Le Passe-Mot, en plus d’échanger des courriels, il m’a remercié en mettant mon lien sur son blogue. Je ne sais pas si vous imaginez les répercutions ? Il y avait de la visite sur le Passe-Mot ! Au lieu de la cinquantaine de visiteurs, ça rasait le 200. Et le lendemain aussi. Son blogue est extrêmement fréquenté. Je n’ose pas trop aller fouiner malgré ma curiosité, au cas où Septentrion sortirait un autre carnet. J’ai vraiment aimé tenir un concentré de blogue dans une main.

Je pensais que « Les chroniques de la mère indigne » avaient fermé ses pores de blogue mais non, j’ai fini par le dénicher sous l’appellation « L’Off mère indigne » et je me suis laissé engloutir par son dernier billet : hilarant ! Elle est d’une drôlerie élégante. De quoi aérer le cerveau englué par la carence de sommeil d’une mère, même digne.

Où j’en suis dans mes lectures ? J’achève très bientôt « Tout m’accuse » de Véronique Marcotte. J’ai hâte de vous en parler. Ensuite, même si ma pile non lu s’impatiente, j’ai un goût de Champagne au bord des yeux. C’est la faute à "l’heure" de littérature chez Christiane Charrette où il n’y a pas que des combats puisque j’y ai rencontré une Monique Proulx sereine et convaincante qui nous entretenait de son dernier roman "Champagne". Elle en sort un au six ans (elle ne doit pas s’offrir du champagne avec ses droits d’auteur !). Une autre auteure québécoise que je connais de réputation seulement. Vais-je l’aimer ? Je suis sûre qu’il y en a qui vont y aller de leur pronostic. Allez-y, j’aime ça ! Elle a aussi passé à Tout le monde en parle, ce que je ne manque de vous mentionner pour le résultat assuré de vous entendre m’en parler ! Elle a réclamé du champagne, au lieu du vin, la seule manière (SOS, je coule …) de parler indirectement, subtilement, symboliquement de son dernier-né. La famille au grand complet de ses romans passés y ont passé mais le petit dernier, elle l’a bu !

Alors, j’irai vendre quelques livres que je ne lirai plus, que je ne prêterai plus, que je ne rangerai plus à la nouvelle librairie si accommodante à Sherbrooke (« Un livre … une histoire », sur Wellington, centre-ville) et je me donnerai les moyens de m’offrir du ... « Champagne" de Monique Proulx.

Finalement, je n’aurai pas besoin d’aller à Tout le monde en parle pour en boire, bien m’en fasse, je préfère regarder et en entendre parler !

lundi 17 mars 2008

Un taxi la nuit : blogue et livre

Livre tiré du blogue du même nom tenu par Pierre-Léon Lalonde. Comme il est en nomination pour le Prix du Libraire, je n’avais aucune raison de ne pas me jeter dessus. Et pourtant, je ne me suis pas jetée dessus. Est-ce parce que je me sens rassasiée des bloc-notes (recommandation officielle du Petit Robert pour nommer un blogue !), connaissant la source inépuisable de la blogosphère ? J’éprouvais de l’appréhension ; vais-je trouver le propos distrayant, car une fois que je m’arrache de mon écran en fin de journée, est-ce pour aller lire ce que je peux trouver à n’importe quel moment sur l’écran ?

Bien des questions pour rien finalement. J’ai commencé à lire et réalisé que tout est différent et j’ai oublié rapidement la forme première ; le blogue. Pourquoi ? Premièrement, il n’y a pas de liens, pas de commentaires, c’est un face à face aussi intime qu'avec n’importe quel livre. Deuxièmement, ce n’est pas palpitant d’actualité tout chaude. Exemple, le« aujourd’hui » de P.L.L. doit avoir une seule et même couleur, le blanc. Il doit faire du slalom entre les ilots de neige, hauts et encombrants. Une ville égarée dans un stationnement de neige. Le fait que ces feuillets, carnets ou billets (qu’il y a de mots pour les nouvelles réalités !) ne soient pas au goût du jour, à la saveur du mois ou de l’année (dans le livre, on recule jusqu'en 2005) importe peu, tout simplement parce que c’est intéressant en soi. C’est là que je voulais en venir. Pierre-Léon Lalonde a un talent de conteur. Avez-vous remarqué que les grands conteurs aiment le monde ? Ce bloggeur-auteur aime le monde, heureux ou malheureux, éméché ou enflammé, il ne fait pas que traverser des ponts, il en jette entre les êtres. Et surtout, il aime son métier, malgré ses misères.

Ce n’est pas tous les jours qu'il nous est donnée l’occasion de monter à bord d’un taxi la nuit. Gratuitement, à part ça. On en voit de toutes les couleurs, une faune bigarrée de passagers qui ne font que passer. Et celui qui raconte s’implique, se mouille jusqu’au trognon comme je dis de n’importe qui (ou à peu près !) qui tient un blogue. Il maîtrise l’art de conter, même quand c’est très bref, il y a un début, un milieu et une fin. Ses fins sont souvent des clins d’œil un brin malicieux. Il a de l’amour et il a de l’humour pour son métier. C’est tout simplement beau de voir ça. Avez-vous remarqué ? J’ai dit « voir » ça. Voilà un autre talent de ce chauffeur de destinées qu'il déplace d’un lieu à l’autre, il nous fait voir. Il a l’œil. L’œil photographique. D’ailleurs, le livre est parsemé de très belles photos qu’il prend au fil de ses randonnées de nuit, sous des angles assez spéciaux. Il aime, il adore Montréal. C’est le pré-requis, la base, la pierre angulaire du chatoiement de ses mots, pour lui, Montréal a une identité propre. C’est un personnage en soi mais en dehors de lui.

En cours de lecture, je me suis d’ailleurs dit, excellent livre à offrir à de futurs visiteurs qui veulent pénétrer Montréal avant d’y mettre les pieds. On a qu’à s’imaginer la pareille en France ; un chauffeur de taxi Parisien qui pondrait des billets quotidiens, d’abord qu’il voue à sa ville un amour sincère malgré un regard lucide. C’est une excellente manière de prendre le pouls d’une ville par ses artères principales pour atteindre son cœur qui bat très fort, le centre-ville, de nuit.

De jour, la couleur serait différente, c’est sûr. Je me suis tellement attachée à la voix de Pierre-Léon Lalonde que j’entretiens un fantasme, celui qu’il décide un jour de faire du taxi le jour, pour voir la ville sous cette lumière, par ses mots. Absolument, ses mots à lui.

Pourquoi ? C’est le même phénomène, un peu inexplicable ; pourquoi nous attachons-nous si fortement à la voix d’une bloggeuse ou d'un bloggeur ?

Je recommande cette lecture. Son prix minime pour beaucoup : Un taxi la nuit, illustré, Pierre-Léon Lalonde - Septentrion, 240 pages, 15.00 $

samedi 15 mars 2008

Plus de poussière que de parfum

Eh oui ! Déjà le 15 du mois. Parfum de poussière de Rawi Hage, un roman étoffé, je comprends l'engouement général, malgré la dureté (mais l'actualité) du sujet. J'ai très hâte d'entendre mes comparses, ont-ils aimé et jusqu'à quel point ? Suspense pour moi, car mon 15 se passera loin de tout ordinateur.

Allez-y lire ... allez, pour moi, JUSTE ICI !

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Roman consistant que cette immersion dans le quotidien de la guerre par la voix de Bassam qui a grandi près des tirs : « J’ai vu mes petites mains poursuivre les douilles vides encore chaudes et les recueillir dans ma chemise relevée … ».

Bassam voit et décrit sa vie avec Georges, son ami qu’il considère comme son frère, sa mère, son entourage avec un regard déjà ailleurs peut-être parce qu’il refuse toute forme de peur. Lors des bombardements, il ne se terre pas dans les caves, il se veut libre et contrairement à Georges, aussi appelé De Niro (De Niro’s Game, titre du roman avant la traduction), il n’adhère à aucun parti, aucune cause, mais pas au point de ne pas profiter de la situation en commettant vols, larcins et autre méfaits.

Le style s’apparente au ton du personnage, détaché, à la limite de l’indifférence avec, parfois et n’importe quand, une manière de se laisser entraîner par des images fantaisistes. Un peu comme une respiration prise à même l’imaginaire. Mais, sinon, Bassam vit en retrait de ce qui lui arrive, comme ce jour où il est capturé et violemment projeté sur du ciment : « Quand j’ai touché la surface dure et raboteuse du béton (…), je me suis dit que celui qui avait coulé cette dalle avait fait du mauvais boulot ; le plancher n’était même pas au niveau (…).

Il y a évidemment beaucoup de violence et à un certain moment, arrivant à me sortir un peu de l’hypnotisme de ces scènes dures, j’ai réalisé que l’auteur avait tendance à placer son héros en victime. Accusé faussement à plusieurs reprises, il n’y a pas que la malchance de la guerre, il y a la sienne propre aussi.

Bassam est accroché à une seule chose, sa survie physique et psychologique en dépend ; un revolver. C’est son talon d’Achille et cela lui a conféré un peu d’humanité à mes yeux. Les personnages indifférents sont plus difficiles à cerner, à aimer aussi, et c’est par cette relation intime avec son arme que j’ai appris à le connaître un peu.

Cette histoire chargée, portée par un suspense fort et un style puissant et inspiré, nous oblige à soutenir le regard sur les visions d’horreur de la guerre.

jeudi 13 mars 2008

Histoire de s'entendre ... et autres

Histoire de s’entendre
L’auteure Suzanne Jacob se penche sur les procédés et les mécanismes qui font qu’on s’approprie une histoire. D’où naissent les histoires, comment se rendent-elles jusqu’à nos émotions, voilà seulement quelques-unes des questions auxquelles l’écrivaine tente de répondre. Histoire de s’entendre paraît aux éditions du Boréal :
«Être est une activité de fiction, ça veut dire qu’on ne peut penser et parler, penser et transmettre, penser et agir que grâce à la puissance fictionnelle de la langue elle-même et qu’on invente sa vie avec la fiction de la langue".


Une heure de littérature
Une heure durant ce matin, on a parlé littérature chez Christiane Charrette, sans se battre, dans l’harmonie, et c’était passionnant. Ils ont chacun leur mode de création ; Monique Proulx lance un livre tous les six ans et de son côté, Sergio Kokis a du mal à contenir sa production littéraire: « Quand je pense faire un roman policier, j’ai de nombreux romans policiers en tête. »
Les deux m’ont donné le goût d’aller à leur rencontre. Le troisième larron est arrivé vers la fin, un peu intimidé, je crois. C’est un comédien-auteur ou un auteur-comédien, il se nomme Patrick Drolet (le jeune homme dans La Neuvaine et le fêlé sur les bords dans Les Invincibles).
Attention, je prends une bonne respiration : Un souvenir ainsi qu’un corps solide ont plusieurs tons de noirceur est le titre du recueil de textes de ce jeune auteur. L’animatrice lui a demandé d’en lire un extrait. Cela a rajusté le tir puisqu’il s’excusait presque de ne pas, comme Monique Proulx, écrire pour les « autres ». On y a découvert une démarche intime, très intérieure, rempli d’émotions … « à partager avec les autres », a rajouté généreusement madame Proulx, tentant de présenter le texte – qu’elle avait lu – à sa juste valeur.

Quand la politique se sert de la littérature
C’est frappant et déprimant de voir les nuages noirs rôder au-dessus du Salon du livre à Paris. De nombreux pays arabes ont fait un appel au boycottage parce qu’Israël est l’invité d’honneur. La majorité des écrivains arabes publiant à Paris ont décidé, publiquement ou dans la plus grande discrétion, de participer au Salon comme si de rien n'était. C’est la meilleure chose à faire, bien sûr. Faisons appel à la foi à ce qu'il y a de meilleur en l'Homme qu’il n’y ait pas d’événements déplorables.
Je vous laisse sur ce proverbe chinois que je trouve d'une grande finesse : "La porte la mieux fermée est celle que l'on peut laisser ouverte".

mardi 11 mars 2008

Pour amateurs de littérature : des dates et des adresses

VENEZ RENCONTRER JEAN BARBE

Le Comité culturel de la Municipalité d’Eastman vous invite à entendre l’écrivain, journaliste et éditeur, Jean Barbe
Auteur des best-sellers Comment devenir un monstre et Comment devenir un ange
À la Bibliothèque d’Eastman le jeudi 13 mars, 14 heures. Entrée libre

ATELIERS D'ÉCRITURE
La Librairie Monet réitère son expérience d’ateliers d’écriture et est à l’étape de formation d’un nouveau groupe pour écrire et explorer.
Les rencontres auront lieu les dimanches après-midi, de 13h à 16h à la Librairie Monet :
6 avril 2008 - Les dictionnaires : stimulateurs de l'imaginaire20 avril 2008 - L'intertextualité : écrire, c'est d'abord lire4 mai 2008 - L'écriture : une rencontre avec soi11 mai 2008 - Le Surréalisme : le langage comme champ d'exploration
D'une durée de trois heures, les
groupes sont formés au maximum de huit personnes. Le prix pour l'ensemble des rencontres est de 150 $. Les places sont limitées. Pour réserver, il vous suffit de faire un dépôt de 30 $ (non remboursable en cas d'annulation de votre part).
Pour plus d'information, par téléphone (514-337-4083) ou par courriel info@librairiemonet.com

UN LIVRE … UNE HISTOIRE
Est le nom d’une nouvelle librairie à Sherbrooke. J’ai été y faire un tour, c’est grand, c’est convivial, y a de l’espace pas seulement pour les livres mais pour les gens qui y bouquinent. C’est à vocation culturelle, le propriétaire et sa fille, des passionnés désirent lui donner une vocation culturelle large. L’endroit est idéal pour des lancements de livres.
C’est du beau livre usagé, le libraire tient mordicus à ce que le livre soit de deuxième lecture mais en très bon état, comme neuf. Si ce n’est pas le cas, il y a une section à part où le livre se détaille encore moins cher.
J’ai bien aimé, car la section « Québécois » fait mentir la rumeur que du Québécois, ce n’est pas un bon vendeur. Les livres d’auteurs Estriens sont à l’honneur, c’est une question de gros bon sens, m’assure le libraire en chef. Une question de principe aussi, et quand un commerce en a, eh bien, moi, je vous invite à les encourager !
Un Livre … une Histoire - 87, rue Wellington Nord, Sherbrooke 819-820-8041

samedi 8 mars 2008

Un gros pépin pour Gavalda & J'ai commencé mon éternité

J’ai été très impressionnée par cette nouvelle : près de 100 000 exemplaires défectueux du prochain roman d'Anna Gavalda, La Consolante, seront pilonnés. On parle d’un défaut de fabrication suite à l’augmentation de la charge chez l’imprimeur, le livre préalablement commandé à 100,000 ayant passé rapidement à 300,000, et ceci après que les libraires aient lu le livre.

Les éditions Le Dilettante se sont vues dans l’obligation de rapatrier quelque 20 000 exemplaires déjà livrés. La parution était prévue à l'origine pour le 11 mars. Dans une lettre publiée vendredi 7 mars dans Livres Hebdo, l’écrivaine française s’excuse auprès des libraires du retard provoqué par cet incident.

Il faut dire à la décharge de l’imprimeur que c’est un ouvrage imprimé à la feuille et assemblé en cahiers cousus. Dans ce cas-ci le mot « ouvrage » est bien choisi ! À peine si je réalisais qu’il se fabriquait encore des livres de cette façon, cela me semble un peu archaïque, dites-le moi si je me trompe. Et en plus, cela en augmente le prix. Chez Le Dilettante, les livres se détaillent toujours autour de la trentaine de dollars et plus. J’attends donc sagement l’édition en livre de poche même s’il reste trop gros pour entrer dans ma poche, il entre dans mon budget au moins.


"J’ai commencé mon éternité" - d'Édith Fournier

Je ne sais pas vous, mais moi, j’adore le titre de ce livre. Il est du même auteure que « La mère d’Édith ». Je vous en parle car elle a su que j’ai parlé de son livre dans un de mes billets et elle m’a écrit son appréciation, m’assurant qu’elle va maintenant suivre "Le Passe-Mot". Je n’en demandais pas tant, j’en suis d’autant plus touchée.

Depuis, elle a écrit un autre livre « J’ai commencé mon éternité » puisqu’il se trouve que la même maladie a touché l'homme de sa vie et qu’il en est atteint depuis dix ans. Je compte bien me procurer ce livre qui a été édité en février 2007.

D’ailleurs, elle m’a annoncé que le 1er avril des extraits de "La mère d'Édith" et de "J'ai commencé mon éternité" ont été mis en scène par Marie-Louise Leblanc et ce ne sont pas les moindres comédiennes qui les défendront avec sensibilité ; Louise Laparé et Françoise Faucher, le tout accompagné de musiques.

À la Maison de la Culture Côte des Neiges – 1er avril à 20 heures.
Pour réservations : 514 872 6889.

vendredi 7 mars 2008

Bordeline : à la limite du génie

Oui, ça y est, j’ai vu Bordeline de Lyne Charlebois. Je comprends maintenant les exclamations, les éloges, l’admiration béate. C’est un chef-d’œuvre dans le genre. La difficulté était grande pourtant, un film au propos très intime et abordant un thème pas du tout racoleur ; des génitrices mentalement déséquilibrées qui transmettent, veut ou veut pas, le gène du déséquilibre à sa progéniture, fille. Ça ne fait pas rire du tout.

Nous sommes littéralement aspirés par ce qui se passe à l’écran. Tout y est fortement amené, les comédiennes sont renversantes, le propos va à l’essentiel. C’est succinct, on ne parle pas pour rien dire, l’image est éloquente, du vrai cinéma quoi ! Pas de bla-bla, et dire combien il aurait pu en avoir quand on se rappelle que cette histoire part d’un paquet de feuilles de mots, un livre, deux livres.

Isabelle Blais est le pilier et à elle seule vaut le détour. C’est une performance d’actrice qui en met plein la vue, et pas de la petite vue, de la vue panoramique. Mais dieu que ses mères sont fortes, denses, intenses. Sylvie Drapeau, magnétique dans sa folie silencieuse et Angèle Coutu, cette image de grand-mère à la bourrasque dure et tendre tout à la fois, ce personnage restera à jamais incrusté dans la mémoire de notre cinématographie. Un personnage secondaire ça ? L’incarnation qu’elle en a fait la propulse en avant plan, elle devient primaire, primordial.

Toutes ces images éclatées et éclatantes ne m’ont pas enlevées le goût des mots, le goût de lire ces deux récits que je possède, précieusement rangés dans mon coffre-fort livre. J’ai hâte de retourner dans ce monde d’ingénieuse folie, ces mots qui soulèvent la poussière du vécu sans que l’on étouffe par manque d’air.

Bordeline et La Brèche, Marie-Sissi Labrèche – Boréal Compact – 23.90 $ pour le coffret revampé au goût du jour (photos puisées dans Bordeline, le film)

lundi 3 mars 2008

En mots et en couleurs

En mots
Avez-vous remarqué les petits changements du blogue ? Je devrais dire les tentatives de changements ! Le premier, que je voulais faire depuis longtemps est accompli. J’ai défini le Passe-Mot en mots : "Tout part du milieu" (juste à droite). C’est bien beau de baptiser mais il faut aussi arriver à dire qui nous sommes ou plus justement, qu’est-ce que nous tentons d’être. Je ne pouvais pas le faire avant aujourd’hui (à peu près) parce que ce n’était pas assez clair pour moi. On baptise un bébé, un enfant parfois, sans savoir qui il est. C’est en grandissant que l’on apprend à se connaître. Toute la vie, on apprend à se connaître. Mais en ce moment, les mots que j’ai choisis agissent à peu près comme une photo, il fige le Passe-Mot de Venise dans le moment présent. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’autres photos, probablement tout un album défilera sous mes yeux et, je l’espère du fond du cœur, sous les vôtres !
En couleurs
Vous le savez que Marc ou Marsi de son nom de bédéiste est à rendre une bédé (j’ai fait un lapsus et dans un premier temps, j’ai écrit bébé !!!) dans ses rondeurs. C’est une bédé en couleurs vu qu’elle se destine aux « 9 et 99 ans ». Marc est débordé, il est à encrer la bédé, ce qui ne semble pas être une mince affaire, ce sont des heures et des heures, et des heures, de re-traçage. Donc, il y a de la coloration à faire et elle ne se fait pas. Me voyez-vous venir ? Qu’est-ce que je viens faire là-dedans moi qui vois la vie en couleurs ? Je vais plonger dans une mare de couleurs, plongeon faite sous haute supervision. Je ne peux pas mettre du mauve parce que j’aime le mauve. Je dois être créative, me laisser aller, mais encadrée. Un équilibre à atteindre d’autant plus grand pour moi que le pinceau est une souris (il y a donc de la technique) puisque tout se fait par Photoshop. Disons que ces jours prochains, un défi de taille et de couleurs m’attendent.
Je voulais que vous le sachiez. Les mots restent importants pour moi et je n’en perds pas le fil, ni le blogue, mais je vais me risquer à la concision, ce qui ne devrait pas me faire de tort non plus. Un autre défi !
Une liste sans liens
J’ai travaillé à une de mes résolutions du Jour de l’an et j’ai libellé (classer, en fait) mes comptes-rendus de lecture. Je les ai affichés comme une belle liste cliquable mais c’est un leurre. J’ai pensé jusqu’au dernier titre qu’elle l’était, cliquable, mais non. Je n’ai pas encore mis la main, et la souris, sur la formule magique de Blogger et de ses si nombreuses et mystérieuses fonctions.
Encore de la technique pour Venise ! Mais je ne perds pas ma vision colorée des choses et de la Vie … plus que jamais, il le faut !