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dimanche 28 septembre 2008

C'est pas moi, je le jure !

Mon déclencheur pour lire ce roman n’est pas le film qui sort sur nos écrans ces jours-ci, c’est Bruno Hébert rencontré publiquement dans un Café littéraire des Correspondances d’Eastman. Pour sa manière à contre-courant de vendre son livre, en mettant de l’avant sa cinquième année seulement, son extrême difficulté à écrire, carrément de l’ordre de la torture pour lui. Sa paresse, son extrême paresse même, le faisant écrire sur de très larges feuilles pour ne pas avoir à les tourner ! Plein de choses surprenantes comme ça qu’il laisse tomber le plus sérieusement du monde. Le moment où j’ai vu ses yeux briller et sa voix vibrer est dans un plaidoyer senti pour défendre la voix de l’enfance. Il ne s’est pas senti habité par Léon, il était Léon.

Bruno Hébert retombe en enfance avec art et naturel, C’est pas moi, je le jure ! le prouve hors de tout doute. Jusqu’à date, Léon est l’enfant fictif que j’ai senti le plus vrai, se tenant loin de la fabrication savante d'un modèle réduit d’adulte. Un enfant qui a le diable au corps, un « Denis la menace » moderne, et finalement un bambin qu’on découvre malheureux. Un clown triste qui au lieu d’attirer l'attention par le rire, l'attire par la catastrophe, le drame, la délinquance.

Mais quelle imagination il a ! Il nous fait oublier un instant nos repères d’adulte, on habite cette tête d’enfant et avec lui, on fait des coups pendables. Et on lui donne notre consentement puisqu’on s’amuse avec lui.

Faut dire que le propos de Bruno Hébert est loin d’être vide, une observation du social subtilement amenée puisque naturellement portée par la bouche de Léon, 10 ans. Écoutez-le décrire ses premiers émois du coeur :
« Et pourtant, je n’avais qu’à regarder Clarence du coin de l’œil pour savoir qu’elle pouvait, sans même lever le petit doigt, prendre mon cœur, le sortir de moi et l’enterrer au fond d’un jardin oublié. Ses paroles avaient la puissance d’une Kalashnikov, un mot pouvait faire un trou béant dans mon ventre. Il fallait que je sois complètement fou pour lui avoir laissé prendre autant de pouvoir sur moi. Je ne savais pas faire marche arrière, il y avait sûrement un levier quelque part, une manette qui renverse la vapeur, mais où ?"

Je n’ai pas lu ce livre, je l’ai souri. Et la meilleure manière de comprendre de grandes vérités, c’est bien de les sourire avant de les réfléchir.

C’est le temps ou jamais de dire que la vérité sort de la bouche … de Léon, avec sa manière bien à lui de déclarer que tout est plus facile dans les livres et dans les vues :
Il n’a pas besoin de prendre une feuille de blé d’Inde pour s’essuyer le fion, Superman n’a pas de fion du tout, une craque de fesses toute parfaite avec aucun trou dans le milieu, comme le GI Joes et les Barbies.

N.B. : J’ai entamé Alice court avec René, je continuerai donc à vivre avec Léon et il faut que j’y arrive avant que le film soit retiré de l’affiche, malgré que … un succès est à prévoir !

11 commentaires:

Anonyme a dit...

Je n'étais pas certaine d'avoir le goût de lire celui-là... mais bon, ok, tu m'as convaincue! En plus, j'aime généralement les voix d'enfants alors... :)

Bonne journée Venise!

Anonyme a dit...

Parle-moi d'un résumé qui donne le goût de lire un livre!

Anonyme a dit...

J'ai lu les deux et ça m'a bien plu. Malheureusement, Hébert n'a rien fait de bon depuis. Je ne sais pas s'il n'est pas un peu prisonnier de ce succès.

Anonyme a dit...

J'ai vu le film hier et j'ai adoré. Ça me donne le goût de les lire... Surtout que, selon ma meilleure amie, ça semble être assez différent!

Bonne fin de dimanche :)

Venise a dit...

@ Karine : écoute, je gagerais ma plus belle blouse que tu vas aimer
@ Julie : Je dois avouer que ce n'est vraiment pas gênant de donner le goût de le lire. C'est tout simplement plein d'esprit en même temps qu'une lecture distrayante.
@ Réjean : C'est vrai que commencer fort, c'est pas toujours évident. Vous savez que le "monsieur" se prétend paresseux. Je lui en souhaite un autre bon, et je nous le souhaite aussi.
@ Virge J'aime quand le livre et le film sont différents. C'est faire honneur aux deux médiums. Ne t'enlève surtout pas le plaisir de le lire parce que tu as vu le film.

Anonyme a dit...

Ah je veux ce livre oui, il me le faut. Je veux lire Léon...

Anonyme a dit...

J'ai ce roman depuis longtemps dans ma bibliothèque. Il y a quelques semaines je l'ai ressorti avec l'intention de le lire bientôt. Ton billet m'en donne encore plus envie.
D'après ce que je comprends, on retrouve le même personne dans Alice court avec René?

Venise a dit...

@ Suzanne : Oui, il vous faut ce livre absolument ; est-ce que l'on se refuse de vivre et lire du profond sous des dehors rafraîchissants ?
@ Allie : Oui, Alice court avec René se passe toujours en compagnie de Léon. N'avait été du coffret, je ne m'en serais même pas douté. Pendant le Café littéraire, cette information est passée inaperçue ... à mes oreilles seulement peut-être.

Anonyme a dit...

Alors je note ce second titre que je tenterai de me procurer après la lecture du premier! Merci pour l'information, Venise! :)

Jules a dit...

J'ai vu le film hier, je n'ai pas apprécié. Antonio dit que je suis incapable de supporter ce qui est improbable et il a tout à fait raison. J'ai trouvé les acteurs faibles, sans âme et je me suis vraiment ennuyée pendant ce film...

Venise a dit...

@ Jules : Laisse-moi en être surprise. Là, tu me piques la curiosité en diable. Le roman est plus crédible, comme c'est souvent le cas, puisque nous sommes assis en plein coeur du cerveau de ce garçonnet et on comprend bien qu'est-ce qui l'anime ou l'anime pas.
On s'en reparle après que je l'aie vue. Mardi tout probablement.