Faites comme chez vous

Faites comme chez vous
c'est recevant !

jeudi 30 avril 2009

Tarmac de Nicolas Dickner

Je sors de mes sentiers d’éclaireuse de premières œuvres et me dirige droit sur une réputation. Tarmac serait, paraîtrait-il, entre toutes les mains, aussi bien chez l'étudiant où il faut absolument le lire pour être dans le coup (selon Maphto) que chez la critique qui le lit et l’encense.

Devant tant d’engouement, de mode et de vague, je me pousse à sortir de mon silence pour vous présenter Hope et toute sa lignée. Seraient inscrits dans les codes génétiques de cette famille l’urgence de connaître la date de la fin du monde sinon leur esprit bascule dans la folie. Pour éviter de dire que cette prémisse n’a aucun sens, je lui en ai trouvé un. Ce serait une manière d’incarner la conscience aigüe d'une date de péremption de la planète et son homo sapiens.

Est-ce parce que la psychose de sa mère se présente comme une problématique quotidienne mais Hope nous entraîne dans un monde saugrenu qu'on accepte comme si la folie était un facteur naturel et incontournable. Faut dire que Hope est dotée d’une intelligence qui erre bien au-dessus du convenu. Entre cette jeune femme en quête absolu d'une révélation ésotérique, Bauermann Michel, son chaste copain et toute sa lignée qui s’occupent d’une bétonnière, le contraste est grand. Ces jeunes, aux vécus antipodes se rallient et, étrangement, forment un tandem solide. Ce ne sera pas le seul puisque cette Hope semblerait attirer la dévotion d’un allié, naturellement, sans même le demander. On l’aidera d’une manière importante à s’occuper des côtés bassement matériels de la vie.

Je qualifierais cette histoire d’amusante, toute en finesse, et qui déjoue nos pronostics les plus intelligents. En toute simplicité, elle nous entraîne vers du non explicable, je vous encourage à parfois déposer votre chapeau rationnel. Malgré certains « voyons donc, ça se peut pas », j’ai poursuivi, jouant le grand jeu et je m’en suis sortie gagnante. Ne serait-ce que pour la manière empruntée par l'auteur ; un texte tout à fait savoureux à déguster en 97 mini chapitres titrés d'une manière amusante. L’observation curieuse et pointilleuse de l’auteur se distille et s'égare dans plusieurs champs, domaines, expertises et fait naitre un sourire au coin de presque chaque paragraphe. Devant tant de sarcasme émis sur un ton candide, je craque !

À travers les personnages, le message éditorial se délie mais il y en un qui prime, le comportement anti-écologique des années 90, démontre que la collectivité ignore qu’elle fait tout pour s’enterrer vivante. Dickner maîtrise l’art d’actualiser un sujet, qu’importe l’année à laquelle il campe son histoire, son propos cible des préoccupations hautement contemporaines. C’est sa force. En entrevue, je l’ai entendu dire qu’il part d’une idée et ensuite trouve les personnages et l’histoire pour la servir. Je ne sais pas si c’est parce que je le savais mais cela m’est tout de suite apparu évident. Histoire et personnages étaient au service de cet avertissement général : « Attention, si on continue à traiter la Terre comme un produit de consommation « meilleur avant », la fin est proche !

À ce compte, aussi bien espérer que plus d’une « Hope » soit à l’affût de la date de la fin de monde, ainsi réussira-t-on peut-être à la repousser, sinon même (rêvons un peu), à l’éviter.

lundi 27 avril 2009

Prendre le choeur

Eh là, là, je néglige de vous passer le mot ! Le 23 avril et son lancement de Paul à Québec … à Montréal semble déjà loin en distance de jours, et si près pourtant à vue de souvenir.

Je vais vous raconter un peu. Surtout l’essentiel, parce que le non essentiel se cerne rapidement : Un bar grouillant de monde à ne pas savoir qui est du lancement ou non. En principe, les personnes au fond de la pièce sont du nombre des fans de Michel Rabagliati. Nos amis nous attendaient depuis une heure, celle que nous avons passée coincés dans le centre-ville, à se marteler de cette phrase à inscrire à tout jamais sur notre disque dur, très dur ; ne jamais s’engager dans les artères du centre-ville à moins d’un penchant pour la claustrophobie.

L’essentiel maintenant. Ce qui m’a frappé, moi, conjointe indigne d’un futur bédéiste. Indigne, car fan d’aucun bédéiste excepté le mien. Euh … je dis ça, mais je m’apprête à peut-être, je dis bien peut-être, en rajouter un autre. J’ai lu « Paul a un travail d’été » et j’ai aimé. Agréablement surprise de découvrir une vraie histoire avec des personnages auxquels on s’attache, sans la farce obligatoire où l’auteur attend d’entendre le rire. J’ai le sourire facile en autant que je ne voie pas la ficelle. Ce Paul m’avait offert de l’amusement, de l’attendrissement et du souvenir. Il m’avait même ramené à mon état chronique d’humain. Il m’avait fait tout ça. Et attention, éloge ultime, j’avais même oublié que je lisais un album bédé !

Cette fois, l’histoire raconte la perte d’une personne chère et s’animent les étapes difficiles de sa disparition physique. Plusieurs penseraient que ce n’est pas très bédé comme sujet, pourtant oui. À chacun son style et c’est le style de ce bédéiste de visiter du vrai. Et d’après ce que je lis de réactions touchées et admiratives, il y réussit. J’ai hâte de le lire. Voyez comme je fais du progrès ! Pas une hâte remplie du sens du devoir, une vraie de vraie hâte.

Rien de mieux aussi que de voir l’homme à l’œuvre et je parle toujours du créateur de Paul. Non pas que je l’aie vu dessiner (franchement, je suis un peu rassasiée de ce côté), mais je l’ai entendu chanter. En chœur et encore. Ce n’est pas une figure de style. Une partie de la chorale « Les voix ferrées » était sur place et là tout à coup s’élève un chant, comment dire, (ne vous attendez pas à une commentatrice spécialiste du chant) un chant joyeusement psalmodié, quelque chose qui te réveille le trémolo content. Et puis qui élève, de ça je suis sûre, qui t’élève puisque j’ai vu le bédéiste s’élever, pas de terre mais bien plus haut. Les yeux fermés, l’image même du bonheur. Et là je me suis passé une remarque à la Venise, cet homme-là, il est heureux et s’il est heureux après avoir perdu son beau-père tendrement chéri et conçu un album sur ce deuil, c’est que ça doit être bon. Un bloc de logique inattaquable, n’est-ce pas ?!

Ça sonne comme une vraie blague mais comme toute vraie blague, il y a un fond de vérité. Une histoire est mieux racontée avec juste ce qu’il faut de recul. Je pars de mon expérience de comédienne pour l’avancer. Une actrice qui vient de perdre son père et a une scène extrêmement triste à jouer aura de la difficulté. Il faut jouer et pour jouer, il faut ce pas qui recule pour englober l’histoire et l’écrivain qui manie cet art m’intéresse. Plonger dans un souvenir encore cuisant, c’est encore mieux. Saisir son souvenir à vif, ça donne une ligne vive et l’accent mis sur la vérité.

Je crois que Paul à Québec est tout ça. Mais c’est une présomption, je vous reviens aussitôt que je l’ai vérifiée.

Signée : Détective Landry.

N.B. L'illustration est un ex-libris remis à l'achat de l'album le 25 avril chez Planète BD.

vendredi 24 avril 2009

Raphaëlle en miettes - Diane Labrecque

Mais il me semble qu’être encore heureuse après sa mort serait la plus grande trahison à notre amour. C’est rare que je commence par les mots de l’auteure, cette phrase m’a frappée, pour ce qu’elle centre du message entendu dans cette histoire.

C’est la confession d’une femme à sa fille, qu’elle ne connaît pas. Cette mère, en état de souffrance aiguë, l’a abandonnée à sa naissance, incapable d’en prendre soin sans lui faire plus de mal que de bien. Bien sûr, ce n’est pas ce qu’une mère désire pour son enfant. Toute démarche de retrouvailles est déchirante, on s’en doute, encore plus si le parcours d'une des personnes en cause est torturé. C'est le cas de la mère, et pas à peu près.

Quand s’annonce la souffrance d’une personne, qu’elle soit couchée entre les feuilles d’un roman, ou sur ses deux jambes, on s’inquiète : Aurons-nous, en soi, la force de supporter la souffrance de l’autre, de s’en détacher assez pour la transcender ? Eh bien, dès les premières pages de la vie de Raphaëlle, j’ai su que je n’aurais aucune difficulté. J’avoue avoir été étonnée jusqu’à quel point cette histoire a coulé en moi, s’est lovée en moi. Je me suis bien sûr demandé pourquoi. Cette mère relate pourtant avec force détails son tumulte intérieur, s’adressant à sa fille Hania qui aurait 15 ans en ce jour, et ce qu’elle a à lui confier est une longue suite d’épreuves et d’erreurs, ce qui aurait pu me rebuter. Le ton sur le mode intime décliné avec une remarquable aisance a su conserver mon intérêt, en plus du rythme des mots, des phrases si faciles à suivre qu’on la suit cette femme qui se noie, s’efface, s’enfuit d’elle-même. Se liquéfiant dans son rhum brun, ou s'évaporant dans ses séances de sexualité détente.

Le « moi » de Raphaëlle ainsi avalé est raconté avec une claironnante lucidité par Diane Labrecque. Sain regard qui se recule pour voir en face les gestes perturbés de son passé, et on en devine le mobile, accueillir l’indulgence de sa fille. Bien évidemment que lorsque nous en sommes à s’incliner pour recevoir le pardon s’est qu’on se l’est soi-même accordé. J’ai enfilé les épreuves, les bévues, les trahisons sur le parcours de Raphaëlle, sans trop frémir, l’acceptant comme elle aimerait que sa fille l’accepte. Une belle démonstration de la force du détachement menant à la transcendance.

J’aurais d’ailleurs apprécié que l’auteure pousse sur ce lien avec sa fille Hania. En considérant que le récit se prend comme une confession, j’aurais aimé un peu mieux sentir la présence de celle à qui s’adresse la missive. En fait, j’ai abordé le récit comme une longue lettre, d’où les repères temps seraient un peu difficiles à cerner par contre. Le propre d’une lettre est de sentir aussi bien le destinataire que l’expéditeur, et Hania est restée dans la nébuleuse. J’aurais aimé que sa présence soit si ardente dans le cœur de la mère qu’elle se transmette à nous, lecteurs. Peut-être que ce tour de magie de l’imaginaire aurait fourni à l’auteure assez de chair émotive évitant ce que je considère ici comme un piège, faire défiler une grande quantité de drames afin d’être sûr que le lecteur croit à la perturbation profonde de Raphaëlle.

Avec un tel talent pour dire et raconter, avec une capacité remarquable à manier l’histoire avec cette fluidité que l’on attend en vain dans certaines premières œuvres, je n’avais pas besoin d’autant d’épreuves pour croire à une Raphaëlle en miettes.

J'ai aimé cette lecture et j'espère de tout coeur que Diane Labrecque va récidiver, j’attends son deuxième roman avec impatience.

***
Je réalise à l'instant que Tristan Malavoy-Racine, chef de pupitre section littéraire du Voir donne une excellente critique.

Raphaëlle en miettes, Diane Labrecque. Édition Hurtubise. 192 p.

mercredi 22 avril 2009

Une correspondance entre libellules

Ouf ... l’ai échappé bel, je reviens d’un débranchement ! Passé à un fil d’ondes capricieuses de ne pas être au poste pour se remémorer la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Ainsi que le deuxième anniversaire du Passe-Mot. Depuis quelques jours, je me disais que c’était le moment idéal pour retourner à l’origine du Passe-Mot. Les nouveaux venus, et d’après un sondage BBM (!) vous êtes une trâlée*, ne connaissent peut-être pas l’histoire de mes débuts de blogueuse.

Si vous êtes aujourd’hui à me lire, c’est grâce à une correspondance qui a commencé par un sondage justement. La directrice des Correspondances, Line Richer a envoyé un courriel aux « Amis des Correspondances » (ici, si vous voulez devenir ami) demandant des suggestions de noms pour le futur blogue des Correspondances. J’en ai envoyé quelque chose comme une trentaine. Elle en a été impressionnée. Quelques jours plus tard, elle m’a appelé me disant avoir retenu une de mes propositions Le Passe-Mot et en a profité pour me demander si d’écrire dans le blogue m’intéresserait. Connaissant à peine les blogues, en fait j’en suivais deux sur le site du Voir où il y en avait même pas un littéraire à ce moment-là, j’ai tout de même répondu oui. En attendant la rencontre, je me suis un peu préparée et arrivée sur les lieux, j’étais très enthousiaste, les Correspondances devait avoir leur blogue, et je débordais d’idées de sujets. J’appréhendais beaucoup le côté technique cependant. Line m’expliqua que je n’aurais qu’à écrire et expédier mon texte par courriel à la secrétaire Joëlle Fortier qui y ajouterait elle-même l’image, par exemple une photo prise à même les archives. On s’est donné environ un mois pour se préparer, et pourquoi ne pas partir la « grosse machine » la journée mondiale du livre ? Ça ferait toujours bien un premier sujet de trouvé !

Entretemps, nous nous sommes rencontrées Joëlle et moi et je me souviens combien elle essayait de connaître à l’avance mes sujets de chroniques pour les répertorier. De mon côté, je ne savais pas trop et lui répondais que j’irai avec l’inspiration du moment. Mon idée du fur et à mesure semblait un peu inquiétante, mais pas trop, on voyait bien que j’avais du bagout et de toutes manières d’autres rédacteurs se joindraient aussitôt que je tirerais la langue longue.

J’ai mieux compris plus tard, comme cela arrive parfois, qu’on ne pensait pas nécessairement que je prendrais le blogue sur mes seules épaules. L’idée que se joigne un ou des rédacteurs au fil de mes textes n’a jamais été exclue mais pour toutes sortes de raisons, l’idée resta une idée. Malgré qu’une raison se détacherait peut-être des autres, j’arrivais à alimenter le Passe-Mot seule. Rapidement, je me lassais de dépendre de la secrétaire (ce n’était plus Joëlle) pleine de bonne volonté mais assez souvent débordée. Ensuite, pourquoi la déranger à chaque fois avec mes courriels, je commençais à poster mes textes directement. Et puis, la technique d’un blogue finalement, ce n’est pas très malin, j’appris sur le tas et devins autonome.

Le Passe-Mot a été le blogue des Correspondances d’Eastman pendant 6 mois et demi, je n’oublierais jamais que c’est grâce à cette demande de Line Richer que je suis ici derrière l’écran. Maintenant c'est le Passe-Mot de Venise, et la bannière en fait bien état. Auparavant, c'était une libellule. Fait assez cocasse, la libellule est l’emblème des Correspondances d’Eastman mais, avant même de le savoir, la libellule était l’emblème de mes écrits (pseudonyme par exemple). J’ai déniché ce billet du 2 mai 2007 qui batifole sur la différence entre le sens de ma libellule et celle des Correspondances. Les anniversaires servent justement à fouiller la terre des racines afin de mieux voir les feuilles volant au vent de l’air du temps qui passe … le mot.

Alors pas moyen de passer tout droit d’un anniversaire partagé avec la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Nous fêterons en nous rendant au lancement de Paul à Québec … à Montréal. Si vous désirez fêter, le thème cette année est Mille et un lieux … voyagez ! et le site, je vous l’assure, renferme de précieuses informations sur le droit d’auteur à l’honneur et sur les activités dans nos régions (Montréal, la liste est longue ...).

Bonne fête du livre !
(Vous avez remarqué, il est rare maintenant que les librairies offrent une rose à l'achat d'un livre).
* Trâlée : si vous n'êtes ni Suisse, ni Québécois : ribambelle.

lundi 20 avril 2009

Chroniques d'une mère indigne - Caroline Allard

Qui n’a jamais entendu parler de celle pour qui tout a commencé par un exercice de défoulement visant à s’évader du quotidien de mère temporairement barricadée au foyer ? Paraîtrait qu’elle a été la première surprise de l’ampleur de la popularité de son blogue, parlons aujourd’hui de succès ; deuxième livre, Web série à Radio-Canada, Lauréate du Prix Archambault et maintenant porte-parole des Prix et même chroniqueuse radio.

C’est qu’elle a de la verve, et une vivacité d’esprit hors du commun, cette Caroline Allard ! Elle ose dire crûment ce que tout le monde prenait grand soin de taire. S’il y avait un sujet intouchable, c’est l’enfant roi. À notre ère planétaire de l’enfant unique à qui tout est dû, que l’on doit bichonner « santé », inscrire à un cours de karaté à 3 ans ou sinon, il en meurt, cette femme est arrivée avec un franc parler politiquement incorrect. On s’en fout des bébés reines (elle a 2 filles) qu’elle s’est dit, exténuée d’être la sainte qui se sacrifie. Et surprise … elle a débusqué le besoin criant – et latent- de bien des femmes au foyer.

Ça s’appelle arriver au bon moment, avec son talent.

Mais qui est Caroline Allard ? Que faisait-elle avant mars 2006, mois où elle a mis en ligne sa première chronique, se fichant pas mal qu’on la lise ou pas, en autant que ça l’a défoule de sa routine étouffante.
Née en 1971, elle a passé son enfance et son adolescence à Saint-Roch-de-l'Achigan, dans Lanaudière. Ses premières oeuvres de fiction ont été écrites dans l'autobus pour faire rire ses amis du secondaire. Au cégep, elle a d'abord voulu étudier en comptabilité, puis en marketing, ce qui a encore une fois provoqué l'hilarité autour d'elle. Elle a finalement fait un (presque) doctorat en philosophie à l'Université de Montréal. Elle est une boursière de la Fondation Trudeau et elle a aussi publié des articles universitaires (lire: sérieux) dans des revues spécialisées portant sur la responsabilité des multinationales pharmaceutiques dans l'accès aux médicaments, ainsi que sur la responsabilité des dirigeants de l'armée en cas de crimes de guerre. Pendant plusieurs années, elle a aussi fait du travail de consultation en éthique professionnelle, notamment dans les secteurs de l'assurance et des relations publiques. Elle fait maintenant de la consultation en communications politiques pour la firme Exvisu, auprès de clients classés ultrasecrets.

Elle a renoué avec l'écriture de fiction peu après avoir découvert la maternité. En 2000, elle publiait des nouvelles en anglais sur le web dans des webzines tels que Planet Relish, Dragonlaugh, Shadowkeep et The Murder Hole. Sa première carrière sur le web lui a rapporté environ 15 $US. Elle a sans doute porté malchance à ces magazines, puisqu'ils sont tous disparus de la circulation depuis. Au printemps 2003, elle a remporté le deuxième prix du concours de nouvelles de la revue Solaris pour son texte Lueurs d'éternité.

Tiré du site de Radio-Canada

C’est rare que j’opte pour parler de l’artisane plus que de l’œuvre. Et ce n’est pas parce que nous n’avons pas apprécier la lecture de ces chroniques, lues à voix haute en plus, faisant connaissance avec fille aîné, Bébé, père Indigne, par de savoureux dialogues. Apprenant du coup des trucs indignes d’une mère tellement confortable dans son indignité, que ça en devient quasiment digne.

Rire et sourire garantis, même pour ceux qui ne sont pas parents, Marc s’est prêté au test.

Je vous laisse sur sa saveur particulière : (extrait d’un billet-bilan des plus amusants pondu suite à son apparition à TLMEP et adressé à ceux qui ne la connaissaient pas) :
Sachez cependant que les deux livres contiennent des textes inédits que vous ne trouverez pas sur les blogues (je dis ça pour que vous courriez les acheter afin que mon succès impressionne mes enfants et qu’ils vivent dans l’admiration éperdue de leur mère — c’est pratique pour leur faire avaler leurs légumes).

dimanche 19 avril 2009

Bientôt la journée du Passe-livre

Baudelaire nous invitait au voyage, nous promettant ordre et beauté, luxe, calme et volupté, la Journée mondiale du livre nous propose d’imiter l’auteur des Fleurs du mal et d’embarquer pour ces contrées ou règnent l’imagination, l’aventure, l’esprit, l’audace et la poésie.

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Chrystine Brouillet, porte-parole de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, le 23 avril. Et comme cette année, c’est un couple d’auteurs qui en portent la parole, Stéphane Dompierre n’en pense pas moins :

L’amour des livres devrait toujours être accompagné du désir d’en parler au plus grand nombre, de transmettre ses découvertes. C’est un art. Il faut savoir suggérer les bons livres, en faisant abstraction de nos goûts personnels. C’est aussi un exercice d’ouverture, d’écoute de l’autre. Le roman qui vous tombe des mains et vous incite au sommeil sera peut-être un chef-d’oeuvre pour votre meilleur ami.

Un livre ne se juge pas sur ce que l’auteur a mis dedans, ou même par ce que les critiques en ont pensé, mais par les émotions ressenties par ceux qui l’ont lu et aimé. Tant qu’un livre n’a pas trouvé son lecteur, il ne vaut rien.


Les livres peuvent aussi partir à la recherche de son lecteur, et c’est Venise qui ose l’avancer parce que l’initiative suivante la touche … et pour cause :

Le Passe-livre
Le principe de ce jeu est de déposer un livre dans un lieu public afin de susciter l’intérêt d’un lecteur qui se l’approprie, le lit et le dépose à son tour dans un lieu public, au bénéfice d’un prochain lecteur. Détails ici.

La journée 23 avril ...

... se souligne en grand et la couleur change avec la région. Pour le détail du détail c’est ici et sachez que la région de Montréal se divise par quartiers d’initiative. Et bien sûr, la ville de Québec foisonne d’activités pour sa vocation qui tend vers du plus en plus littéraire, foi du Maire (À quoi rêve le maire de Québec - Le libraire) !

Aussi l’Abitibi, la Montérégie, la Mauricie, la Gaspésie (on peut quasiment en faire une petite toune !) ... je ne les nomme pas toutes mais ici, il en manque pas une.

Et l’Estrie, c’est par ici ...
Évasion poésie et chocolat à North Hatley
Le poète Tristan Malavoy-Racine retourne dans sa région natale et se rend à La Chocolatière de North Hatley, le temps d'une lecture de poésie, suivie d'une discussion. Une courte performance musicale suivra. Le public est convié au Salon victorien pour un 6 à 8 poétique et chocolaté. Quelques passants peuvent également se prévaloir d'un forfait hébergement et poésie (4 chambres disponibles).

Librairie GGC
Rencontre littéraire avec Louise Portal.
Soirée intimiste et inspirante - 19 h 00.
1567, rue King Ouest, Sherbrooke

Les Correspondances d’Eastman
Café Resto Les trois Grâces (cuisine gourmande pour palais heureux)
338, rue Principale Eastman
Causerie avec Danièle Bombardier
Le roman des grands oubliés (que sont devenus nos grands écrivains ?) 10 h à 11 h 45

J’y serai. Je pourrais ensuite tenter de répondre (partiellement !) à cette question.
Ce sera aussi une manière de souligner le deuxième anniversaire du Passe-Mot.

jeudi 16 avril 2009

Trahir pour mieux traduire ?

J’ai longtemps hésité, trop, je le réalise. Là, ça y est, je me lance dans le sondage ! Vous sonder, vous mes lecteurs, toujours en rapport avec la lecture, promis, je ne vous demanderai jamais comment vous vous brossez les dents ! Vous trouverez donc régulièrement ici à droite une question "souriez, on vous sonde".

Aujourd’hui, c’est le vaste et intriguant sujet de la traduction. Je m’y arrête. Patrick Masbourian m’y aide avec sa table ronde d’où tourne trois traducteurs (Paul Gagné, Sherry Simon, Luise Von Flotow), pas toujours du même avis, voilà l’intérêt. Presque une demi-heure d'entrevue à écouter leurs voix feutrées émettre leurs opinions avec une ferme douceur. Est-ce le hasard des personnalités ou est-ce qu’il en faut une certaine pour se tenir avec bonheur à l’ombre d’une œuvre ?

Ils se tiennent à l’ombre, je ne sais pas s'ils y tiennent, mais en tout cas ils tiennent à leur nom. Et avec raison ! Pour Paul Gagné, traduisant à quatre mains avec sa conjointe, Lori St-Martin, plus de quatre œuvres par année, ce n’est pas parce qu’une bonne traduction est transparente que le nom du traducteur doit être invisible.

Pour les plus pressés, je vous offre un compte-rendu, jamais aussi fidèle qu’une bonne traduction. Je n'aurais pas les qualités d’une traductrice, je le réalise plus que jamais après l’écoute attentive de cette entrevue !

Compte-rendu télégraphique :
  • Il ne s’agirait pas de se mettre dans la peau de l’écrivain, plutôt de l’œuvre. Trouver la voix du roman. Preuve de l’impossibilité de se mettre dans la peau d’un écrivain, impossible de les remplacer dans une entrevue par exemple (ce qui leur a déjà été demandé !)
  • Des attributs pour se décrire ; aventurier, découvreur (Paul Gagné, préfère passeur). Va chercher une autre réalité, pas seulement la rapporter. Jeter des ponts, pas seulement tirer des traits d’union.
  • Est-ce qu’il faut être un bon écrivain pour bien traduire ? Non mais avoir une belle plume, oui (quelle est tant la différence … aucune mention)
  • A la question récurrente « Est-ce que traduire c’est trahir », ils tiennent à parler de perte, de déplacement mais pas de trahison.
  • Pour la définition d’une bonne traduction, il y aurait deux écoles ; invisible ou au moins transparente, ou tout le contraire, présente.
  • À la question, est-ce qu’une bonne traduction améliore l’œuvre, les opinions un peu divergentes au départ se sont ralliées : ponctuellement, mais pas de l’œuvre en général.

Saupoudrons du saugrenu :
  • On précise que ce n’est pas le mandat du traducteur d’améliorer l’œuvre. Clarifier le propos, oui, seulement si c’est tellement ambigu que le traducteur n’arrive pas à traduire. Ils doivent donc consulter l’auteur (via l’internet) et il arrive parfois que l’auteur finisse pas dire « Je ne vois pas qu’est-ce que j’ai voulu dire ! »
  • Une des traductrices va jusqu’à suggérer à des maisons d’édition des œuvres à traduire (elle va au devant des contrats !) surtout que celle-ci se spécialise dans les livres écrits par des femmes.
  • La perplexité était palpable à cette question : demander à un même traducteur de traduire la même œuvre à différentes époques, serait-elle différente ? Quel traducteur pourrait bien accepter une telle proposition ? fut la première réaction. Et puis, on a pensé à la poésie et oui, la chose s’est déjà faite, et même à plusieurs reprises pour le poème Tombeau des rois d’Anne Hébert par Frank Scott et cet échange s’est transformé en « Dialogue sur la traduction » (Bibliothèque québécoise). On peut en conclure que la langue est bien vivante puisqu'elle change à ce point !

N’oubliez pas de répondre à mon petit sondage, en haut à droite, ça me fait tellement plaisir !

mercredi 15 avril 2009

Ce qui s'endigue - Annie Cloutier

À lire les commentaires de lecture de La Recrue, il est clair que ce premier roman ne laisse pas dans l'indifférence. La lecture est intense, aucune vision diamétralement opposée, plutôt six manières très particulières de l'exprimer. Voici la mienne :

Nées le même jour, Anna et Angela, en deux trajectoires parallèles traverseront la vie, et tout ce qu’elle comporte, de la naissance à la mort. Deux biographies romancées soigneusement agencées côte à côte. L’auteure les a désirés serrées une sur l’autre, littéralement parlant, puisque d’un paragraphe à l’autre la parole d’Angela passe à celle d’Anna, sans tout de suite que l’on sache de qui il s’agit, ce qui exige beaucoup d’attention. Attention que je ne demandais qu’à donner, absolument conquise par le style. Subjuguée même, assez pour faire rouler certaines phrases dans ma tête, les examinant, les admirant, comme les reflets d’une pierre précieuse.
Décidément, Annie Cloutier maîtrise son écriture, une virtuose de la langue. Tout y est précis, découpé, placé. J’y reviendrais, car j’en ai été grandement frappée de ce roman placée au quart de tour près.

Peut-être s’impose-t-il auparavant de parler de l’ambition de ces femmes, car oui, je leur ai trouvé ce point commun fort. Elles le sont toutes les deux, et à leur manière, Anna discrètement, Angela, impétueusement. Peut-être que chez Anna, cette ambition est moins apparente puisqu’elle aura accès plus facilement à sa carrière de médecin, tandis que la colérique Angela aura à lutter. Si leurs circonstances de vie avaient été inversées, que serait-il arrivé ?

J’ai suivi leur trajectoire avec un intérêt curieux et stable, les thèmes abordés étant nombreux, les plus accrocheurs pour moi ; le dépaysement, l’infidélité, la passion amoureuse, la sexualité, la maternité, la séduction, le deuil, la colère, tout en n’ayant de cesse de me demander où l’auteure voulait en venir. Je sais, pourquoi est-ce si indispensable d’arriver quelque part autre qu’au terminus de la vie ? Va de soi que l’on peut se satisfaire du conte de deux vies, mais encore faut-il que ces femmes nous passionnent et que l’on s’y attache.

Voici le point. J’ai été intéressée à les observer, un peu comme on observe des bêtes de laboratoire. Placées sous haute surveillance, sous une lentille grossissante, à l’affût de chacune de leur réaction, les scrutant avec curiosité. Les observations sur elles sont extrêmement bien compilées, minutieusement placées (certaines phrases distribuées sur 8 lignes avec un ou deux mots par ligne).

Fini par se dégager de l’ensemble une sensation de retenue, par des brides ou par de solides digues, tenant le couvercle fermé sur leur composante humaine. Une image m’est apparue pour décrire la sensation suscitée en moi, celle de les regarder à travers une vitre. Transparente, parce que consciencieusement nettoyée, mais à travers malgré tout l’écran que peut être une vitre. Sans jamais la sensation de pouvoir les toucher et d’être touchée par elles. Cela m’a certainement manqué puisque leur déconvenue respective m’a laissée sur le rivage de leurs mots, les regardant éprouver des émotions, sans qu’elles se transmettent à moi. De là une lecture un peu clinique qui, à mon avis, n’enlève rien au talent incontestable d'Annie Cloutier, auteure, remplie de promesses.

mardi 14 avril 2009

Copier-coller

Vous me pardonnerez ce copier-coller, j’espère. Il y a une raison inavouable, que je vais vous avouer (!) … je dois terminer « Ce qui s’endigue » et sortir mon commentaire de lecture pour le 15 du mois à La Recrue. Ça coince un peu dans le temps.

Mais de toutes manières, je m’arrête toujours à ce 23 avril, J’y porte attention, on traite du livre, pas d’un livre. Cette année, le thème est la diffusion, ça m’intéresse, tous les dessous m’intéressent. Il y aura un forum « Le droit d’auteur à l’honneur » pour ceux qui vont rester devant leur écran une partie du 23. Il y a du « avant journée », un concours. Les prix laissent moins de latitude que l'an passé (certificats-cadeaux d'une librairie), cette année ce sont les livres des porte-parole, Chrystine Brouillet et Stéphane Dompierre. Par contre les 10 questions « questionnent » vraiment, exemple de la première :

Un écrivain est une personne qui a publié au moins deux livres au cours de sa carrière. Combien y en a-t-il au Québec?

a) Entre 250 et 500

b) Entre 1 000 et 2 000

c) Entre 5 000 et 6 000

d) Entre 12 000 et 13 000

Je viens de terminer les 10 questions (cliquez, c'est assez instructif) et j'ai eu 6 sur 10 ... Ce qui est intéressant, que nous ayons vrai ou faux, nous est donné le lien pour nous renseigner.

Copier-coller à partir du Libraire
La 14e Journée mondiale du livre et du droit d’auteur (JMLDA) marque le début d’une trilogie qui sera axée sur la diffusion. La première année met en valeur le lieu, l’espace, tant physique que virtuel.

Cette 14e édition, mise en images par l’illustratrice Annick Poirier, se fera sous la présidence des écrivains Chrystine Brouillet et Stéphane Dompierre, porte-parole de l’événement.

Le 23 avril, c’est l’occasion de participer à des centaines d’activités offertes à la population dans différents lieux partout au Québec, tels que bibliothèques, librairies, écoles, maisons de la culture et autres.

De plus, une invitation est lancée à participer au forum, intitulé «Le droit d’auteur à l’honneur», à tous ceux qui veulent en savoir davantage sur le sujet, en particulier, aux différents professionnels du milieu du livre : (j'ai rajouté les heures) :

Ghislain Roussel, secrétaire général et directeur des affaires juridiques de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (de 11 h 12 h)
Aline Côté, directrice des Éditions Berger (14 h à 15 h)
Robert Soulières, auteur et éditeur (15 h 16h),
Stéphane Dompierre, auteur, (19 h à 20 h)
Alain Dubuc, journaliste (16 h 17 h),

Ils dialogueront avec les participants, en ligne sur www.jmlda.qc.ca, le 23 avril.

La population est aussi invitée à mesurer ses connaissances sur le droit d’auteur en remplissant le questionnaire sur le site, dès aujourd’hui. Les participants auront la chance de gagner des livres écrits par les porte-parole.

Initiative internationale de l’UNESCO, la JMLDA est célébrée au Québec depuis 1996. Pour souligner cette journée symbolique du 23 avril (anniversaire des décès de Cervantes et de Shakespeare), il est également de tradition d’offrir une rose à tous ceux qui se procurent un livre.

Lien pertinent :
Site de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur

dimanche 12 avril 2009

Une machine à découdre le temps

C’est congé, et je me donne congé ! De littérature. Et je vous raconte une histoire. Mon histoire. Une rencontre entre mon passé et mon avenir, c’est aujourd’hui qu’elle commence.

Ma mère trouvait les artistes inutiles. Ça tombait mal, je voulais en être une (à 18 ans, je m’inscrivais en cachette à l’école nationale de théâtre, je vous raconterai un jour comment j’ai fait une folle de moi !). Elle s’appelait Jeanne et elle adorait coudre. Pas à la manière conventionnelle de prendre un patron (elle n’aimait aucun patron !) et le suivre, non, l’idée était de tenir compte d'aucun patron, aucun plan, aucune ligne, aucune directive. Il fallait adapter, innover, créer. Plus il y avait d’accrocs dans un vêtement, plus il était trop court, trop long, trop large, trop tout, et plus elle jubilait. Elle dessinait de nouveaux modèles, sans s’arrêter à prendre un crayon, elle laissait couler l’inspiration à travers ses mains agiles. Les résultats étaient époustouflants, de la haute couture se traficotait dans ce cocon étouffant où siégeait son antique machine à coudre. Fallait la voir entourée de boîtes de retailles de tissus amassées même dans les ruelles. Aujourd’hui, on appelle ça de la récupération.

Mais entendons-nous bien, elle n’était pas, au grand jamais non, une artiste !

Quand elle est décédée à 91 ans en 2004, nous avons vendu sa chère machine à coudre, cette machine encore plus vieille qu’elle. L’idée est que la créativité de maman reste dans la famille, c’est notre belle-sœur qui en a héritée (ne vous le demandez même pas, le gêne de la couture ne s’est pas faufilé jusqu’à moi). Même après toutes ces années, quand ma belle-sœur m’a dit vouloir s’en départir, je ne me suis pas résignée à perdre de vue l’emblème de la créativité de Jeanne. Je l’ai donc accueillie dans mon bureau avec l’idée folle que le meuble et ses petits tiroirs mémoires, sa large pédale de fer forgé devienne ma table de travail. Tout en restant ergonomique. Tout un défi ! Une chance, Marc est aussi fou et sentimental que moi. Il dessine, invente, et crée. Plus il faut adapter, innover, aménager, plus il jubile … C’est un artiste.

Je vous écris en cette journée de Pâques, enfin installée devant ce meuble lourd de bois et de passé, meuble chéri par la créativité de ma mère. Je m’ouvre à elle, toute voile créative au vent, des fois qu’elle voudrait se reprendre et être l’artiste qu’elle ne s’est pas donné la permission d’être. On ne sait jamais, après tout, le mode d’emploi du temps ne nous a pas été donné avec notre arrivée sur Terre. Peut-être que le fil du temps n’est qu’une illusion et que le ici de ma mère peut s'étirer dans mon maintenant, à travers moi. Elle serait donc un peu moins morte, si je lui accorde cette occasion de vie. On n’a rien à perdre de s’ouvrir à la créativité de l’autre, et pourquoi pas, même si le corps n’est plus. Miron, Anne Hébert, Hubert Aquin inspirent encore.

J’ai pour mon dire que nos morts sont vraiment morts le jour où on les oublie.

Et je me dis que la légende, conte, fable de la résurrection, cette histoire qui a traversé le temps, c'est peut-être tout simplement ça qu'elle voulait nous raconter.

vendredi 10 avril 2009

Les cimetières du village virtuel

Je tends vers un thème d’ambiance en ce Vendredi Saint, profitant de l’occasion pour ne pas vous laisser oublier ma promesse de visites mon de voisinage virtuel. Sans plus tarder, rendons-nous chez helenablue, sa porte est de toute manière toujours ouverte (même le vent fort s’y engouffre) et son esprit l’est, tout autant. Se lit d’ailleurs sur le paillasson de l’entrée « Open your mind ».

Et tout le monde s’essuie les pieds avant d’entrer. Et il y a peu de courants d’air.

Les sujets maintenant, mes amis, les sujets ! Cette helenablue touche l’art avec sensibilité et délicatesse, vous invite dans des univers de peintres, sculpteurs, photographes, nous guide discrètement, gratuitement et sans déplacement vers ces galeries sous-terraines de l’image, souvent fortifiées par le mot dansant autour du sujet. Que ce soit poète ou écrivain à l'honneur, y règne un perpétuel état d’esprit de « voyage ». La routine n’a pas sa place, l’étonnement, le déroutement toujours. Tonifiant pour entretenir le qui-vive accosté au quai de la vie.

Chez helenablue, aucune frontière entre le Québec et son nord de la France. Enchevêtrés par les liens de l’art, il n’est par rare que je découvre de mon art et de ma culture en cette demeure unie vers celle qui sait tisser loin sa toile.

En entrant, dès le vestibule, vous vous fonderez dans le fond noir sans fond, couleur annonçant la profondeur. Par temps de nuit, chez helenablue surgit la pertinence d’une question sondeuse des tréfonds de l'âme humaine, parfois habillée de vilaines habitudes, mais toujours, alors là mais toujours, drapée d’espoir. Tout sujet de cet acabit s’aborde avec le franc-parler de l’hôtesse. C’est contagieux, sachez bien que c’est contagieux. Je l’imagine facilement, en ces jours de délicates questions, nous attendre une bougie à la main pour tamiser son antre déjà sombre. Est-ce que chaque soi ainsi camouflé par une chape noire, la figure flamme vacillante, se détendrait si bien que les bribes de vie se confieraient sans heurts et maux de cœurs ? Toujours est-il qu'une chambre noire veille en permanence pour ces confidences chuchotées à tue-tête.

Aujourd’hui, en ce Vendredi Saint, à découvrir chez cette voisine de village virtuel, un cadeau érotico-comico inspiré du cimetière du Père Lachaise. Basé sur des faits réels, ça donne chaud, ou froid, à chacun sa température.

Et quant à avoir l’esprit déjà au cimetière, profitez-en l’air de rien, pour allonger le pas vers un autre lieu de sépulture, celui-là vu sous la lentille claire de celui qui se targue d’avoir L’air de rien. À chaque billet, son image, sortie en droite ligne de son troisième œil caméra affûté à voir l’invisible à l’œil nu.

mercredi 8 avril 2009

Vous êtes ici - François Gravel

Un auteur québécois que je désirais connaître, ne serait-ce que parce qu’il en est à son cinquantième roman, incluant ses romans jeunesse. J’avais inscrit son nom sur ma liste de cadeau, on m’a offert son dernier. Une amie m’a dit "tu vas aimer, c’est vraiment amusant".

C’est bien simple, toute l’action est confinée aux Galeries de la Rive Sud. L’auteur se serait donné comme défi de nous faire voir l’angle intéressant d’un lieu de débauche de la consommation, via une équipe de sécurité. Toute association de marchands serait au comble du bonheur d’engager cette équipe du tonnerre, colorée, dévouée, passionnée et menée de main de maître par son responsable, Michel. Ce dernier vient de faire entrer Viateur, son ami et prof à la retraite, pour qu’il se joigne à Mélanie, détective dans l’âme, la sage Francine, Sébastien, le père de famille, les très passionnés gardiens du stationnement, etc …

Viateur, quelque peu récalcitrant au départ, se laissera gagner par l’ambiance de fête de ses acolytes, apprenant dans le détail le rouage de la fonction de surveillant. En même temps que ce nouveau venu, nous assistons à chaque réunion au Quartier général pour se préparer à divers événements ; prestation d’une chanteuse populaire, arrivée du Père Noël, Boxing day, ferme à Pâques. Vol mystérieux, disparition, vandalisme, voyeurisme, maniaque sexuel, toutes ces péripéties sont racontées sur une note légère. Une enquête menée par Mélanie pour découvrir une possible gang d’anarchistes sera particulièrement mise de l’avant.

La routine d’une équipe de sécurité m’a semblé bien documentée, plausible, en autant qu’on y rajoute le positivisme à tout crin et un parfait esprit d’équipe. L’auteur ne cache pas son intention : « Si l’on souhaite de nos amis qu’ils soient capable de générosité, de compassion et d’indulgence, pourquoi en serait-il autrement des personnages que l’on rencontre dans des œuvres de fiction ? »

Je le dis sans ambages, je ne dois pas être la clientèle cible d’un roman évoluant dans un centre d’achat. Immanquablement les thèmes abordés sont la surconsommation, ou son contraire. Le fond du propos ne m’a pas allumé, même pas une petite flammèche. Pas grand trait d’esprit (et il y en, et il y en a !) a réussi à me dérider pour la peine. J’ai un peu embarqué dans une histoire de pères noëls verts pour quelques pages, le temps passant un peu plus vite pour moi. Pourtant, j'ai rarement vu une équipe tissée aussi serré, j'aurai juré qu'ils existaient, éveillant jusqu’à mon goût de me joindre à eux, et je ne suis pas sarcastique ! C’est le rêve de tout travailleur, je crois.

Si vous aimez les histoires optimistes avec dialogues en abondance et qui offre généreusement des solutions gentilles, ingénieuses et humaines pour chaque pépin rencontré, offrez vous ce bon moment. J’avoue aussi, et je m’en confesse, m’être passé la remarque que François Gravel est habitué de s’adresser à la jeunesse. Et quant à y être, je pousse et j’espère que je pousse égal (expression typiquement québécoise), c’est un roman à offrir aux jeunes de corps, pas seulement les jeunes de cœur (comme mon amie).

J’espère avoir rendu justice à ce roman au ton humoristique, malgré mon manque d’affinité avec le thème et son genre littéraire que je qualifierais de « chronique bon enfant » sur la vie d’une équipe de sécurité dans un centre d’achat.

lundi 6 avril 2009

Mon village virtuel

« Parlons blogues ». Je ne sais pas si vous avez remarqué, c’est une de mes catégories (à la fin du texte). Après tout, c’est l’environnement du Passe-Mot et dans la vie, je trouve important d’être conscient de son environnement.

Les blogueurs, c’est connu, c’est assez « sorteux » et ça se fréquentent entre eux. Chacun y va avec ses besoins, ses affinités, ses goûts. Des liens se développent qui peuvent aller jusqu’à frôler la relation amicale, comme dans la vie à force de se parler et de se voir. Mais je dirais même plus convivial que dans la vie. C’est rare que dans la vie, on arrive chez une connaissance et que tout de suite, elle sorte son carnet d’adresse pour le partager. Prends de mes adresses, ne te gênes surtout pas !

Où je veux en venir donc ? À mon titre ! Mon village virtuel. Récemment, j’ai perdu des « amis » blogueurs … Pfffffffff ! Du jour au lendemain disparus sans laisser de trace. Ou à peine un fluide de promesse traînant derrière leurs pas. Cela m’a fait réaliser que même si on ne se parle pas en se regardant dans le blanc des yeux, on s’attache à la personne derrière les mots. Comme à un personnage de roman. Imaginez-en un que vous aimez et qui vous bavarderait pendant deux ans et à qui, même, vous laisseriez des commentaires et qui vous répondrait. Et qui sait, cette relation pouvant même influencer l’histoire. Vous y êtes ? On se comprend alors !

Sur le coup, j’ai éprouvé un petit choc, assez en tout cas pour que s’enclenche une réflexion. Une saine réflexion, je dirais. Le virtuel, ce n’est pas de la fausse réalité. On l'appréhende par l’esprit, et les émotions suivent de près. Le « dit réel », on l'appréhende dans un lieu matériel, par du tangible, et des émotions. Voyez, l'émotion est le lieu commun aux deux !

Donc, après ces morts subites, le phénomène de l'éphémère se perpétue, ça tombe comme ça, plusieurs blogues sont en pause. Je ne parle pas ici du petit intermède régénérateur, je parle de la pause remise en question : est-ce que je continue ? Suis-je encore motivée, est-ce que ma balance « plaisir » et « effort » est en équilibre ? Assez pour conclure que le village virtuel est la terre fertile du précaire. On marche sur le sable mouvant des liens, il faut l’avoir en tête pour que le cœur reste dans le courant, et que le corps ne s’enfonce pas. En entretenant la bonne attitude, celle de vivre au présent. Oui, oui, le fameux mot synonyme de « cadeau » ! Il faut savoir apprécier chaque blogue quand il passe sous la route claire du net. (Remarquez, tant qu’à être dans le philosophique, le monde réel est pas mal précaire aussi. Un peu moins, il est vrai, et bonne mère que j’espère ne pas me tromper en le prétendant !)

J’ai pensé que c'est le moment idéal pour vous présenter certaines de mes fréquentations, partager avec vous le regard que je pose sur elles. Je ne vous ferai pas faire le tour de mon village d’un coup, vous seriez étourdis. Surtout que, parmi eux, il y a de vrais « conteux », vous savez celui qui dans un village attire les attroupements par ses bonnes histoires ? Eh bien, dans mon village virtuel, il s’appelle Gaétan Bouchard et se raconte "Simplement". Il raconte en mots, aussi bien qu’en images. Il est peintre. Peintre des mœurs de la vie, ceux qui se meurent, comme ceux qui se vivent bien ou qu’on aimerait voir vivre mieux.

Je vous dis qu’il en voit des choses, des gens, et son plaisir de raconter se sent, s’entend entre chaque virgule. Presqu’à chaque jour son histoire, c’est un flot régulier, comme un fleuve. C’est relaxant, ou distrayant et au mieux, les deux. Et si vous acceptez le pire du mieux, ses histoires peuvent porter à la réflexion. Et alors ça nous prend comme une épidémie qui court sous la peau de la pensée, qui se transmets au voisin du voisin.

En attendant la visite au prochain voisin, tenez votre chapeau entre vos doigts, des fois que vous rencontreriez Gaétan, il aime bien qu'en toute politesse, on le salue ... Simplement.

vendredi 3 avril 2009

Je t'écris pour te dire ...

... que c’est presque indécent, je vis à Eastman et je ne t'ai pas encore parlé des Correspondances d’Eastman ! Pourtant des invités de marque ont déjà confirmé leur présence, dont le romancier français Marc Lévy, ainsi que Marie-Claire Blais, triple lauréate du prix du Gouverneur général et Catherine Mavrikakis, dont le Ciel de Bay City a été primé au Grand prix du livre de Montréal 2008. Pour faire durer le plaisir, et le suspense, je vous reviendrai avec d’autres noms à intervalles réguliers pour cette (déjà !) septième édition dont le thème ratisse large, presqu’à la grandeur de notre planète : Nos Amériques.

Mais n’attendons pas la cérémonie d’ouverture pour se mettre dans l’ambiance, en ce moment même où je vous écris, des activités littéraires ont cours. Je le précise car plusieurs croient encore que Les Correspondances, c’est seulement l’événement ayant lieu du 6 au 9 août.

Commençons par le commencement, les jeunes du primaire (2ième et 3ième cycle) à qui on offre de participer à un concours, encadré par leur professeur, en rédigeant une lettre, soit à :

- À un héros américain
- Ou un explorateur
- Ou un ministre
- Ou encore à Biz des Loco Locass.

Être un jeune, je choisirais … ne voulant influencer personne, penchez l'oreille vers mes mots, je vous les dirai en catimini ... Biz de Loco Locass … que ça reste entre nous, hein ?

Parlant de Biz, ça tombe bien, c’est justement celui qui ouvre grandes les pistes d’inspiration pour que s’y engouffrent les jeunes du secondaire :

« Mais allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés géants?

J’adore cette phrase, des plus inspirantes parce aussi intelligente qu’optimiste. L’air qu’elle fait respirer est frais et vivifiant.
Pour rajouter à la stimulation, des prix de participation seront tirés au sort parmi les finalistes (deux des plus importants, un ordinateur portable et un ipod nano). Voilà pour la matérialité. Et pour un plaisir plus spirituel ; l'écoute de sa lettre lue par un artiste invité lors d’une sympathique et chaleureuse célébration au cœur du village. Ça stimule un jeune à naître et être un géant !
Le détail de la procédure est ici, tirée du site des Correspondances d’Eastman.

Et les adultes ?

Pour le moment, on vous demanderait votre concours pour trouver des recueils de correspondance et des ouvrages de référence sur l’écriture épistolaire. Cette collection s’ajouterait à ceux offerts par les maisons d’éditions d’écrivains invités aux Correspondances.

Parce que bien sûr qu'à travers l’histoire de la littérature et de l’écriture épistolaire, plusieurs amitiés ont été rendues célèbres. Parmi elles, on retrouve celle de Marguerite Yourcenar et de Jean Cocteau :

Ma chère Marguerite Yourcenar
,
Il n’existe pas hommage du coeur qui approche le don d’un poème.
Puis-je vous remercier de ce livre qui entre par la fenêtre, vole à travers la chambre et se pose enfin sur ma table ?


Joli n’est-ce pas ? Une correspondance moins connue mais qui n’en semble pas moins charmante.

Si vous n’avez aucun recueils, offrez vos mots tout aussi précieux en expliquant brièvement c’est quoi l’Amérique pour vous ? à info@lescorrespondances.ca. Un petit exercice de réchauffement qui réchauffera la planète, sans les gaz à effet de serre !

Toutes ces activités dont le but lucratif est l'explosion du mot écrit vous ont donné le goût d'une correspondance avec Les Correspondances d'Eastman ? Très simple, devenez ami des Correspondances ! En échange d’une contribution de 20 $ par année, vous recevrez des privilèges exclusifs. C'est ici que vous découvrirez les avantages de votre gage d’amitié.

En toute amitié,
Venise