Faites comme chez vous

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c'est recevant !

lundi 29 juin 2009

Ta maison est en feu - Margaret Laurence

J’ai commencé par L’Ange de Pierre suivi par Une divine plaisanterie qui m’ont donné le goût de Ta maison est en feu, troisième tome de ce que Margaret Laurence nomme Le cycle de Manawaka.

Cette fois, j’ai été déçu. Pourtant, la même auteure, le même cycle, toujours un personnage féminin. Il y est question de Stacey, une mère de quatre enfants rasant la quarantaine qui se pose mille questions sur son utilité dans la vie. En cela, le roman écrit en 1969 a quelque chose d’avant-gardiste, mais il m’est apparu rétrograde au lieu de riche de notre histoire. Cette femme a le devoir de tenir maison et d’être l’éducatrice des enfants, laissant au mari, du haut de son rôle de pourvoyeur, le droit absolu de la critiquer, en l’incitant à se taire. En plus, est exigé d’elle de faire bonne figure auprès de l’employeur du mari qui est représentant de produits « miracle » auquel elle ne croit pas du tout.

Cette femme s’acharne à douter de tout, absolument tout, et avec raison, mais alors pourquoi ses propos me sont apparus à ce point rétrogrades, jusqu’à en être ennuyeux ? Il me semble pourtant que la torture du doute qu’elle s’inflige à chaque seconde aurait pu être intéressante. Ça ne me fait pas plaisir d’avouer qu’il m’a été difficile de saisir l’auteure à travers une traduction qui m’est apparue maladroite. J’ai tout d’abord été prudente, décrier une traduction m’apparaît assez délicat. Pourtant, ces appels incessants à relire, pour saisir ce qui m’échappait ont commencé à me mettre la puce à l’oreille. Et puis, certaines phrases assez boiteuses pour que je prenne confiance en moi. Mais jusqu’à quel point le texte initial en est responsable, j’ai beaucoup de difficulté à tirer une conclusion.

Cette auteure se distingue par ce style : elle nous invite à lire dans les pensées d’un personnage féminin, avec lequel on vit intimement. Très, très intimement. C’était tout à fait réussi dans les deux premiers. Dans ce cas-ci, le personnage est extrêmement hésitant, ce qui en fait un caractère faible, son champ d’action est restreint et en plus, la présentation de nombreux flash-back m’ont embrouillé. Faut dire qu’une convention typographique a contribué à cette confusion, toutes les pensées sont devancées par ce tiret que l’on retrouve habituellement dans les dialogues. J’ai fini par comprendre que le choix s’expliquait par le fait que ses pensées s’adressent à Dieu ! Ou est-ce parce que son présent n’a pas eu l’heur de m’enflammer (malgré le titre !), que j’en ai perdu tout intérêt pour son passé ?

À la longue, j'ai fini par m’attacher à cette sacrée bonne femme de Stacey qui, à sa manière, se révolte et dans les derniers chapitres, ses doutes font place à quelques actions.

Je préviens votre question ; au point d’éviter de lire le quatrième tome du Cycle de Manawaka ? Quand même, non !

Traduit de l’anglais (Canada) par Florence Lévy-Paoloni.
Collection CODA / Coédition avec les Éditions Nota bene
Avril 2009 | 978-2-923550-21-3 | 440 pages | 19,95$

vendredi 26 juin 2009

Quand on fête ses 50 ans !

Enfin, je peux passer le mot ! Petite plage horaire qui me permet de vous parler d’un cinquantième anniversaire qui me fait chaud au cœur. Pour fêter ses 50 ans d’existence dans la joie, il faut accueillir les ans comme un plus. À Eastman, c’est en sagesse et en joie que l’on vieillit, surtout quand on s’appelle La Marjolaine ! Ce théâtre d’été trône dans sa royauté de ferme rouge, tout en haut du Chemin du théâtre (vous aurez bientôt une jolie carte de la localisation dans Le Pigeonographe).

Jeudi, le 25 juin, Marc et moi descendions nos côtes (on a deux pentes ici que même les cyclistes évitent !) quand passent une camionnette de Radio-Canada, rapidement suivie par un camion. Cela ne pouvait être que le Théâtre, la grande vedette ! Que de tralala pour Les premières de classe, me dis-je. Aussitôt l’heure des vacances sonnée, Les Premières de classe (Diane Lavallée, Nathalie Coupal, Martine Francke Caroline Lavigne) envahissent Eastman dans le but de s’amuser en vous amusant, avec cette adaptation de Casey Kurtti par Michel Tremblay.

Le Théâtre La Marjolaine, le croirez-vous, fête ses 50 ans ! Radio-Canada n’est pas passé à côté, c’est preuves à l’appui, que le vidéo fait défiler ces 50 dernières années. Sa fondatrice, Marjolaine Hébert, le piano rouge de Claude Léveillé, Albert Millaire, et plusieurs autres témoignent de cette histoire de cœur et de passion. Et évidemment que Marc-André Coallier, celui qui l’a ressuscité, y va de quelques anecdotes.

J’étais toute heureuse de découvrir leur passage ce soir-là aux Informations et encore plus de pouvoir partager ce 4 min 56 avec vous qui n’étiez peut-être pas au poste. Imaginez-moi impartiale, il le faut, afin de me croire si je vous dis qu’il vaut la peine d’être vu ! On ne cache pas les fautes et les failles de cette maison de ferme convertie en Théâtre, ce qui en fait le charme.

Cette histoire se suit comme celle d’un roman avec ses rebondissements, ses points de chute, son dénouement, et son histoire à poursuivre. L’action s’écrit là sous nos yeux !

* * *
De mon côté, ça ne fait pas neuf mois que j’y travaille mais j’ai tout de même l’impression que je vais bientôt accoucher : Le Pigeonographe va venir au monde, au plus tard le 30 juin. Que j’ai hâte de vous le montrer !

mercredi 24 juin 2009

L'anglais n'est pas une langue magique - Jacques Poulin

Je tenais mordicus à commenter ce roman la journée de la St-Jean parce que, oui bien sûr, l’anglais n’est pas une langue magique. C’est le français qui l’est, permettez-moi la aujourd’hui. Aujourd’hui pour certains, et à l’année pour d’autres !

Bon, ici, il n’y a pas que la langue française ou anglaise qui est magique, le roman l’est. Et je ne le dis pas parce que ça adonne de le dire, je le dis parce que je le pense. Il y a le charme dans la vie qui, poussé au-delà du raisonnable, s'appelle de la magie.

Je vais tenter de vous expliquer ce que je veux dire. L’histoire est ultra simple, pour ne pas dire tout bonnement simpliste, les personnages esquissés pour certains, presque des fantômes pour d’autres. Autrement dit, ce n’est pas la psychologie des personnages qui l’emporte. Par exemple, il y a une enquête installée, tout à coup laissée en plan, il nous en reste quelques « pourquoi », à mettre sur le dos large du mystère. Soyons indulgents, sous le charme, nous le sommes et ce roman est tout simplement charmant. Une ambiance bon enfant se dégage. Il y a de la candeur partout, ça flotte dans l’espace, comme ces bulles que les enfants soufflent dans des rondelles de plastique. C’est l’image que je vois, je la censure même pas, voyez comme je me sens en confiance avec vous !

Je vous le rappelle, c’est une lecture à voix haute destinée à Marc, ce qui lui donne une dimension particulière. Le rationnel de Marc a quelques fois rouspéter, gentiment. Comment ne pas être gentil avec cet auteur inoffensif, marqué par un style à ce point unique ? Je m’imaginais que cette fois serait la dernière : je ne lirai plus jamais de Jacques Poulin à Marc. Mais non ! La fin s’ouvre sur un troisième tome et je lui demandé, candidement pour rester dans le ton ; « es-tu intéressé à ce que je te lise la suite s’il y en a une ? Bien sûr » fut sa réponse ... « Ah ? » fut la mienne.

J’en suis bien heureuse, car le bon souvenir l’emporte haut-la-main. Premièrement, comment résister à un lecteur professionnel de roman, ce métier du personnage principal, dit « le petit frère ». D’autant plus, allons-y dans les confidences, que c’est un des services qui sera offert au Pigeonographe. Petit scoop, n’est-ce pas ?

Vous comprendrez que je me sois délectée devant ces révérences à la langue française, à certains romans aussi, et surtout à cette description de la lecture à voix haute parsemée de rituels, dégageant de la respectueuse tendresse. Tout ce texte paisible dégage un amour infini pour la littérature et la langue françaises. Cela m’est tout à fait irrésistible.

On aimerait tous retrouver de cette magie dans notre vie. Enfin, c’est ce que je me plais à imaginer !

BONNE ST-JEAN !

samedi 20 juin 2009

La gestation

Enfin, je prends le temps par le collet pour lui dire de s’asseoir un moment avec moi afin que je vous donne un peu de nouvelle. Si je vous semble un peu débranchée ces temps-ci, ne vous fiez surtout pas aux apparences ! Bien au contraire, je n’ai jamais eu autant en tête, les commentaires, les sites, Internet, cette forme de communication qui continue de me surprendre par ses possibilités qui m’apparaissent presque infinies. Cette boîte à surprises de tous les possibles.

Beaucoup de mon énergie, et celle de Marc (et le webmestre Maxime) vont pour Le Pigeonographe, ce site sur lequel nous travaillons en chœur et avec cœur pour qu’il nous ressemble. On le désire en mouvance, interactif, joyeux, convivial. Dense par l’image et le mot. Vous pourrez bientôt visiter la galerie d’images de Marc, si tout va bien fin juin. Quant à moi, j’y tiendrais une chronique babillarde. Et un fanatique de BD aussi passionné que rigoureux tiendra une chronique richement documentée sur le 9e art. Toujours dans l’interactivité, autrement dit vous pourrez y laisser des commentaires comme dans un blogue.

Autre raison de mon silence des derniers jours, en soirée, je n’ai plus accès à mon ordinateur (fiston en ayant besoin) ce qui bouleverse un peu mes habitudes. Vous comprenez maintenant pourquoi je passe moins le mot. Je voulais vous le communiquer, vous exprimant par là que je ne m’éloigne pas. Je suis même tout près et peux vous revenir dans une couple de jours pour tout le plaisir de l’assiduité.

Je vous laisse sur ce petit paragraphe que je pourrais intituler « Stylo fertile » à l’idée assez mignonne et d’un beau vert tendre.

Je vous en ai déjà glissé un mot, il s’agit du stylo-passeport des Correspondances d’Eastman :
« Sa composition naturelle (amidon de maïs non transgénique) est certifiée par le BPIA (association canadienne de l’industrie des plastiques). Une fois le stylo utilisé, retirez la mine en tungstène du stylo. Ensuite, plantez le corps du stylo dans un pot de fleurs ou bien près d’une plante en pleine terre. Le stylo se décomposera sur une période d’environ 8 mois et servira de fertilisant à votre plante ! De plus, l’embout contient une semence de pin gris qui peut être plantée en pleine terre ».

Photographie ci-dessus : alan budney

mardi 16 juin 2009

Lettre de bienvenue à Serge Bouchard

J’en sais plus par Qui commencer ! Non mais vous auriez dû me voir hier avec mon dépliant du programme des Correspondances d’Eastman fraîchement sorti des presses. Je me suis presque « beurré » les doigts d’encre ! Et je n’ai même pas couru après, j’étais au bureau de Poste du village, deux enveloppes de cartes de bonne fête en retard (rien de pire que 2 jours non ouvrables pour détourner son intention) et arrive Line et sa boite de dépliants. Un hasard comme je les aime !

De reluquer sur ce dépliant l’alignement des photos des personnalités invités pour des prestations autour de Nos Amériques m’a impressionné. Tu sais plus où donner de la tête ! J'ai dû me raisonner et décidé de zoomer sur une tête seulement. Une à la fois, pour l’assimilation. Trop de bouchées, tu avales trop vite, tu digères mal, c’est connu. Pour commencer, j’ai repéré celle de Serge Bouchard. Qui est-il (une fois sur le site, cliquez sur son nom pour sa bio), presque tout le monde le sait mais que fera-il aux Correspondances d’Eastman est la question existentielle de l’heure. Alors voici où Serge Bouchard s’épanchera pour nous, juste pour nous :

Café Littéraire sur la Terrasse de La Marjolaine (décor tout à fait superbe !)
TERRITOIRE CRÉATEUR, PAYSAGES ET ÉTATS D’ÂMES
Quelle place occupent nos origines amérindiennes dans le processus de création ?
Avec Joséphine Bacon, Serge Bouchard et Robert Lalonde
Animation : Jean Sioui
Vendredi 7 août / 10 h

Café littéraire sur la Terrasse de la Marjolaine (ne vous en faites pas elle est vaste)
LES GRANDS NÉGLIGÉS D’AMÉRIQUE
Avec Bernard Andrès, Serge Bouchard et Dany Laferrière
Animation : Stanley Péan
Vendredi 7 août / 16 h

Clôture des Correspondances sur la Terrasse de la Marjolaine (juré, monsieur Bouchard ne passe pas la fin de semaine sur cette seule Terrasse)
REMISE DES PRIX DU CONCOURS DE LA POSTE RESTANTE
Lecture des lettres gagnantes
Avec Serge Bouchard, Marc Lévy et Francine Ruel
Dimanche 9 août / 15 h 30

Rajouté à cela toutes les occasions de le rencontrer par hasard, sacrément aidé par le fait qu’il va passer trois jours à déambuler dans le village, s’arrêtant dans un Café, assistant à un spectacle, écrivant une lettre, regardant un film, écoutant des lectures en plein air, lisant sous un arbre, visitant un jardin, fouinant au Salon des artisans ... tant d’occasions de le reconnaître, d’exprimer votre reconnaissance à cet anthropologue remarquable de jugement et d’expérience. Mais si jamais vous désespérez, et que cette fin de semaine du 6 au 9 août tombe mal à votre agenda et n’êtes pas encore sûr d’y être, vous pouvez lui écrire une lettre ou une carte postale, selon votre inspiration.

Nous accueillons nos visiteurs avec vos lettres. C’est l’occasion idéale d’acheminer vos mots à une personnalité publique que vous aimez. Ici à Eastman, leur état d’esprit s’ouvre aux messages personnels, n’oubliez pas que s’ils sont ici, c'est que la cause de l’épistolaire leur tient à cœur. Et avouez que recevoir une lettre qui nous est adressée personnellement est un geste qui touche.

En cliquant, vous aurez les noms d’une quarantaine d’invités, choisissez celui à qui vous aimeriez rédiger un mot de bienvenu, exprimer votre reconnaissance ou tout autre message plus particulier. La parole est à vous :

(Nom de la personnalité)
8, 5ième Rue
Eastman Qc J0E 1P0.

Soyez assuré que cette lettre sera traitée comme la denrée précieuse qu’elle est, je m’en occupe personnellement.

dimanche 14 juin 2009

Je jette mes ongles par la fenêtre - Natalie Jean

Le rendez-vous du 15 du mois, rencontre des opinions diverses des rédacteurs de La Recrue et voici la mienne :

Le recueil idéal pour se réconcilier, ou se familiariser, avec le genre. Les personnes qui ont un peu de difficulté avec la nouvelle y préférant le roman vont aimer, c’est ma prédiction. C’est que dans la diversité, il y a une solide uniformité. Tout au long de ces onze nouvelles, je me suis sentie près de l’auteure.

Elle se laisse approcher, ou bien est-ce mon affinité avec sa légèreté dans la profondeur qui a joué ? C’est rare quand même, rester léger en abordant des sujets profonds. Paradoxal un peu aussi. Je commence à me connaître comme lectrice, trop de légèreté, par exemple de l’humour pour de l’humour frôlant le niais, ne vient pas me chercher, ou parfois même m’horripile.

Ici, rien de tout cela, plutôt une comédie dramatique de mœurs. Avec frôlement de drames seulement. Le style ? Ah, le style ... que j’ai aimé ce naturel ailé ! Presque aérien. Mine de rien, avec l’impression que l’auteure écrit comme elle respire, sans se prendre la tête à deux mains pour la torture du sérieux d’écrire. Sans prétention donc.

Les intrigues maintenant. C’est certain que l’approche étant plutôt sur le mode « je pense-suivez-moi », on se promène à droite, à gauche, on folâtre un peu, ça étourdit juste ce qu’il faut ... surtout après s’être habituée. Sous cet angle particulier, j’avoue avoir vécu une période d’adaptation, la première nouvelle m’a surprise. Mais dès la deuxième, mes neurones avaient compris, et ça y était, j’étais pleinement embarquée dans cette galère.

La galère humaine qui vit. L’action s’enfile et se faufile dans des situations de la vie, coincée parfois entre deux écorces caractérielles. Je vous le dis, toutes ces histoires sont écrites d’une manière naturelle, gage d’un talent certain. Une auteure à suivre, en commençant par la découvrir.

À ce chapitre (la découverte de l’auteure), petit bémol mais qui d’après moi n’aide pas la vente de cet excellent recueil ; le titre. Déjà que les libraires ont l’air complètement ahuris (et ils en entendent des titres !), le propre d’un titre étant d’annoncer d’une manière juste un produit, ce titre est folichon au point d’en être un peu disjoncté ce qui ne reflète guère le contenu. Évidemment, le contenu comme je l’ai perçu ...


N.B. Est inscrit sur la quatrième de couverture : Illustration de la couverture, Natalie Jean. N’aurait-il pas été plus juste de dire photomontage Natalie Jean, détail La naissance de Vénus de Botticelli ?

vendredi 12 juin 2009

Gare à la pellicule !

Ça y est, me voici. Une histoire d’écran, à commencer par le tournage À l'origine d'un cri de Robin Aubert (Saints-Martyrs-des-Damnés) et pour finir, je perds mon écran le soir. Eh oui, fiston étant avec nous, il réquisitionne mon ordinateur pour des raisons professionnelles.

Mercredi, j’étais à St-Urbain (en Montérégie près de la frontière) pour le deuxième long métrage de Robin Aubert, réalisateur et comédien (Les Invincibles : le père toffe et absent qui inquiétait P.A. et bientôt dans De père en flic). Si on y va par le cliché, cet homme est hors normes, n’a pas le physique de l’emploi, ni même le comportement typique d’un réalisateur. Il est tout en respect, discrétion, douceur, tout en sachant parfaitement ce qu’il veut. Depuis la quinzaine d’années que je fais de la figuration, c’est une de ces fois où j’ai été le plus admirative et impressionnée de l’ambiance d’un plateau.

Nous avions à faire deux scènes d’endeuillés dans une Église et j’ai eu la chance d’être parmi la vingtaine de comédiens qui étaient de la première, ayant été pointé par R.A pour figurer en « matante ». Un réalisateur très pointilleux qui choisit ses figurants principaux au doigt et à l’œil. Il a si peu la tête de l’emploi, qu’il s’est promené dans notre quartier général (un gymnase d’école) essayant de repérer sur place les « mononcles » qui transporteraient un cercueil. Après son départ, quand je l’ai identifié auprès des autres, les gens restaient incrédules. Il avait passé complètement inaperçu ! Il est arrivé la même chose à Marc stationné devant l’Église, regardant défiler les vedettes (et il y en a toute une brochette dans cette production !), il m’a décrit un homme petit, aspect un peu bum, quel rôle jouait-il ...

J’ai donc eu l’honneur d’assister de près à ce beau spectacle d’ambiance de travail recueilli et patient. C’était délicat techniquement puisqu’une grue déambulait dans l’allée centrale du lieu Saint. Elle servait à promener la caméra qui prenait les scènes de haut et qu’est-ce qu’on voit de haut ... des têtes et des épaules. Les costumières, armées d’un rouleau collant partaient à la chasse de la pellicule pour retirer cette neige indésirable sur les habits noirs. Incroyable le pouvoir grossissant d’une pellicule capable de capturer une pluie de pellicules !

Cent sept figurants, plus la soixantaine de l’équipe comprenant techniciens + comédiens, ça fait bien du monde à messe ! J’ai été bouche bée devant la disposition d’esprit de chacun plaçant sa ferveur au service de Robin Aubert. Ça se voyait que chaque assistant, dont le troisième qui s’occupait de nous, prenait à cœur de répondre à la méticulosité du réalisateur, comme si c’était la sienne. Une ambiance, c’est difficile à rendre en mots, en actions un peu plus, je vous donne donc l’exemple de fin de journée où la masse noire des figurants arrive, joyeusement, sur le parvis de l’Église. Après nous avoir servi un sandwiche au thon (oui, oui, toujours la bouffe) pour tromper l’attente et la faim, on ouvre enfin les portes de l’Église. Sur ce nombre, une grosse majorité sortait d’une attente de sept heures, ça aiguise la patience et malgré cela, aussitôt installée, un silence religieux s’est installé. Pas un mot pendant au moins une heure. Impressionnée, l’équipe technique s’est mise à échanger les infos indispensables au travail à voix basse. Encore là, du jamais vu pour moi. Le comédien, Patrick Hivon (le fils à papa qui prend possession de Rumeurs) a pu reprendre son texte, au message assez lourd, dans un environnement favorisant pleinement la concentration.

Je vous laisse sur une anecdote savoureuse. Imaginez-vous une vingtaine de « mononcles » et « matantes » plantés debout dans un stationnement d’Église en attente d’un signe pour entrer, signe qui ne vient toujours pas après une vingtaine de minutes. Notre charmant troisième assistant essaie de nous distraire, il pense nous raconter une histoire d’enfance avec sa grand-mère, et arrive par derrière lui, Michel Barrette (rôle principal) comme si le mot « histoire » l’avait attiré jusque là. Il entreprend de nous raconter une anecdote personnelle « un dos barré en vacances aux États, un scanner magnétique qu’il a passé et où il a pensé mourir » ... quant à moi, c’est de rire que j’ai pensé mourir ! Cet homme est un conteur hors pair attiré par le monde sans prétention sachant très bien que c’est son public, et qu’on l’aime.

Pour ceux qui les connaissent, font aussi partie de la distribution (pour ne nommer que ceux-là) : Nicole Leblanc, Jean Lapointe, Charlotte Laurier, Bénédicte Décary, Johanne-Marie Tremblay ... et plus.

dimanche 7 juin 2009

Un taxi la nuit - tome 2 - Pierre-Léon Lalonde

Pour ceux qui ne le sauraient pas, ce recueil est la compilation des billets du blogue d’un chauffeur de taxi à Montréal depuis 17 ans. Un amoureux déclaré de sa ville : « Au lever comme au coucher, elle reste d’une splendeur qui ne se dément jamais. Elle me brasse les sens, me fait tourner la tête, me fait tourner en rond. Elle me bouscule et me fait faire des détours. J’aime quand elle m’amène ailleurs. J’aime comme elle me fait rêver.

Et de splendides photos pris par l’auteur reflètent ce regard amoureux. Certaines sur papier glacé s’il vous plaît !

Marc et moi entretenions un souvenir allumé de "Un taxi la nuit - tome 1". J’appréhendais le 2, pour les redites, les us et coutumes du métier nous étant déjà dévoilés, nos attentes seraient décuplés vis-à-vis le cœur du sujet : l’anecdote. Cette série d’anecdotes sur le passage bref, renversant (jusqu’où peut aller l’être humain sans sa conscience, ce n’est pas croyable) des passagers.

C’est vrai qu’à un certain moment, j’ai eu l’impression de revivre certaines situations, comme la ronde des imbibés d’alcool à la sortie des bars et la peur du déversement de leur trop-plein dans l'auto est du beaucoup vu ... et senti (je n’avais jamais pensé à ça, l'odeur, ce fantôme du passager) ! À un moment donné de ma lecture, mon intérêt s’est quelque peu assoupi mais pas pour bien longtemps. Je dirais que la saga de la faune humaine démarre lentement, comme un moteur qui a besoin de se réchauffer. Et puis, l'auteur reprend le fringuant du volant et on apprend encore des secrets sur le métier. Sur la ville. Sur la gent humaine. Sur les relations. Et bien évidemment sur Pierre-Léon Lalonde.

Au Québec, on s’attache ... à Pierre-Léon. C’est sincèrement déclaré. Marc et moi n’aborderons plus du tout les taxis de la même manière, de voir un bras levé hier à Montréal ramène notre pensée à Pierre-Léon. Nous le cherchons et allons probablement le chercher toute notre vie. Mais ce qu'il nous en reste est le respect dû au métier maintenant qu’on en connaît les tenants.

Nous sommes les voyeurs privilégiés de cette randonnée de taxi de plus de 200 pages et étendue sur une année. On rencontre des personnes inimaginables, des personnages sortis de roman mais que l’on sait de chair et d’os. Et sans avoir à les sentir ! Monsieur Lalonde raconte sans ménagement, va directement au but, avec humour, et le fait qu’on y trouve moins de jeux de mots démontre que le conteur prend de l’étoffe.Arrivée à la fin de l’année 2008, nous étions déjà comblés par notre lecture, et puis voilà que l’on découvre une surprise : 40 pages inédites.

Un vrai de vrai cadeau que ce Réflexions lunaires, une seule nuit racontée d'un souffle qui décoifferait même sous un toit. Il y a une force de frappe, un rythme dans ce récit, l’auteur a sûrement été soulevé, en tout cas il nous soulève vers cette réalité hachurée, haletante des courses, mais où le bon temps arrive quand même à entrer. Et en bout de piste, PLL nous ouvre la porte et nous laisse entrer en lui. Je vous le dis, les larmes ont coulé sur mes joues. Fait un peu cocasse, j’étais en auto, je lisais à Marc dans un trafic au ralenti et tout à coup, plus un mot ne sortait de ma bouche. J’étais trop émue.

Évidemment, si vous commenciez par la fin, il y aurait peu de chance que ça vous fasse cet effet. Il faut lire toute la saga pour développer un lien avec cet homme attachant.

Je vous laisse sur cette phrase qui résonne encore en moi :
« Côtoyant soir après soir l’humanité, j’ai fini par découvrir la mienne ».

jeudi 4 juin 2009

OLIVIER ou l'inconsolable chagrin - Nicole Fontaine

Roman que j’avais hâte de lire. Pour plein de raisons dont celle que j’ai assez aimée le recueil de nouvelles « Moi, j’avais l’habitude de naître » et puis, aussi bien l’avouer, je connais un peu l’auteure. Elle est d’Eastman, ce qui n’est tout de même pas si courant !

Je flattais la couverture du roman comme un objet précieux, il l’est, par son esthétisme, son élégance. Il reflète bien le style de l’auteure, justement. Cette fois, j’ai lu attentivement la quatrième de couverture, c’est rare que je le fais, mais en voici un extrait : « Il s’agit de la tragédie causée chez un homme de vingt-six ans, Olivier François, par son amour pour un adolescent d’Asie, prénommé Arun. Le coopérant québécois s’est fait prendre au piège dans un village où les amitiés particulières peuvent avoir valeur d’initiation à la vie adulte. Mais pour Olivier lui-même, comme pour sa femme et toute sa famille, on ne saurait trouver quelque excuse à la pédophilie, même affectueuse ».

Je vous l’offre généreusement mais ne vous méprenez pas c’est moi qui en ai besoin ! C’est, qu’encore une fois, il sera difficile de ne pas trop en dire. Parce que Nicole Fontaine, elle, ne s’est pas censurée. Elle a un style direct qui va droit aux maux, prenant un rebond par son cœur vers le nôtre. Il s’agit tout de même de pédophilie, ce n’est pas rien de l’aborder sous l’angle de l’affectueux et de l’intégrer tout naturellement dans une histoire de famille. De l’extirper du secret de l’interdit. Quelle audace ! Il fallait que ce soit fait avec élégance, et Nicole Fontaine est une auteure toute désignée pour l'accomplir dans la plus noble des formes. Et la manière directe ne veut surtout pas dire grossière. Nous avalons la situation un peu comme devant certaines horreurs du Téléjournal ; le monde est ainsi fait parce qu’il y a des raisons pour qu’il soit ainsi fait.

J’ai aimé l’histoire particulièrement pour cette relativité qui se dépose sous le regard du lecteur. On survole des frontières, et les mœurs se transforment à ce point qu’un geste acceptable dans un pays devient condamnable dans l’autre.

Nous aurions pu vivre la tourmente d’Olivier en catimini, prisonnier de ses pensées étouffantes, mais l’auteure a choisi de nous la présenter à travers la dynamique très particulière d’une famille. J’irais jusqu’à dire heureusement. Pourquoi ? C’est que l’habileté de madame Fontaine est grande de passer de la voix de la mère, à celle de la sœur Catherine-la-terrible, la sage et omniprésente tante Odile, du père psychiatre Alex et revenir à celle de Clara, la loyale conjointe du très mal en point, Olivier. Cela donne un propos dense, intense, chaque voix est un fort condensé. J’ai beaucoup apprécié d’autant plus que le style est à la hauteur, précis, juste, sans fioriture, tellement qu’à partir du moment (vers la fin) où le « cas Olivier » devenant celui de toute la famille, j’ai trouvé l’intensité diluée par des dialogues par trop quotidiens pour le tragique du sujet.

Cela m’amène à aborder de ce qui m’a dérangé, et c’est cette omniprésence d’événements sensationnels, qu’à un drame s’en rajoute d’autres comme une chaîne sans fin. À priori, que l’action rebondisse sous ces assauts n’est pas un mal en soi, à moins qu’elles nous empêchent de fouiller les entrailles psychologiques des personnages. À moins évidemment, et c’est toujours possible de le faire, d’aborder ce roman plutôt comme une nouvelle aux ramifications complexes. On dit que la caractéristique du genre nouvelle est la rareté du personnage, eh bien ici, c’est la famille qui en tiendrait lieu. Dans certains romans, le paysage fait office de personnage, ici ce serait la famille. Elle est une entité omnisciente, omniprésente.

Attendez-vous donc à vivre une histoire habilement déclinée par plusieurs voix, à rebondissements dramatiques, admirablement servie par un style devant lequel je m’incline pour son exceptionnelle justesse.

mardi 2 juin 2009

Les Correspondances d’Eastman ... boîte à surprises !

J’assistais à la conférence de presse dévoilant les hauts lieux, noms, faits et gestes de la déjà 7ième Édition des Correspondances d’Eastman et, en partant, j’ai un problème. Comment faire pour tout vous dire ? Le mieux aurait été que vous y soyez, d’ailleurs, je défis quiconque d’y assister et de ne pas avoir le goût de participer à cette fête de la littérature. Je pourrais dire de la lettre, je m’abstiens. Je prends pour acquis que tout un chacun sait qu’on peut s’installer dans les chambres ou jardins (douze cette année) et écrire une lettre à qui on le désire, en autant que ce soit sur la planète Terre. Timbre, enveloppe, facteur tout est pris en charge, en autant que vous achetiez votre stylo qui, cette année est biodégradable avec à son capuchon une semence de pin gris (non mais !). Si votre plume se sent aussi alerte que verte, quand elle est défiée, sachez que le concours de La Poste Restante vous est toujours offert, supervisée par l'écrivaine et formatrice, Denise Neveu.

Passons au côté social, celui qui fait qu’à la clôture de l’événement, on se sent plus riche. Cette année, nous sommes gâtés au-delà de toute espérance : Danièle Bombardier (porte-parole médias), Marie-Claire Blais, Serge Bouchard, Nicolas Dickner, Dany Laferrière, Louis Hamelin, Marc Lévy, Catherine Mavrikakis, Michèle Plomer, Francine Ruel pour n’en nommer que quelques uns. Avez-vous remarqué ? Ça saute aux yeux pourtant ... que Marc Lévy est chanceux d’être si bien entouré !!!

Et que dire de ces précieux messagers, à commencer par notre intense Chloé Ste-Marie, la muse du spectacle d’ouverture, et une mention toute spéciale au concert intime avec Bïa à l’Église du village. Pascale Buissières, Daniel Gadouas, ces talentueux porteront la parole via l’émotion d’une correspondance dense entre la dramaturge new-yorkaise Helen Hanff et un libraire londonien, 20 ans de lettres tirées du roman 84 Charing Cross Road. Je vous en mets plein les yeux, n’est-ce pas ? Je vous entends d'ici me dire, n’en jetez plus la cour est pleine !

Justement, en parlant de cour, il a été remarqué que les amoureux des jardins d’écriture aiment les jardins tout court ... La Société d’embellissement du village d’Eastman (SEVE), et c’est une première cette année, nous amène dans 8 jardins privés. Moment idéal pour s’inspirer (pas encore de droit d’auteurs sur l’œuvre paysagiste !) et qui sait, échanger des trucs.

Je ne vous ai pas encore parlé de ce qui, personnellement, m’intéresse au plus haut point : les Cafés et spectacles littéraires. Évidemment, les thèmes tournent autour du très vaste « NOS AMÉRIQUES », l’enseigne de la 7ième édition. Mon expérience me fait avancer, qu’importe le thème, les écrivains apportent un angle nouveau, ça saute aux oreilles que ce sont de grands voyageurs devant l’éternel. Voyage aux quatre coins de votre tête garanti !

Et l’écran lui ? Je veux dire le grand, rien pour lui ? Eh bien, aux Correspondances, ils ont des contacts ... avec Stephan Bureau, par exemple. J’ai manqué l’émission Contact avec Dany Laferrière, celle avec Mario Vargas Llosa aussi, plusieurs m’en parlent encore. Qu’à cela ne tienne, (j’ai 2 mois pour développer le don d’ubiquité !), je pourrai me reprendre. Vous aussi. Et Victor-Lévy Beaulieu, l’avez-vous manquée celle-là aussi ? Rien de plus normal. C’est un « Contact » inédit pour vous qui serez à Eastman. Et ces projections sont gratuites, alors profitez-en pour vous projeter aux Correspondances de Manosque.

Quand je pense que je ne vous ai même pas encore parlé de l’entrevue de Francine Ruel avec Marc Lévy. Vous allez voir qu’on a le sens du partage ici. Pensiez-vous que Francine Ruel allait le garder juste pour elle (qui la blâmerait d’en avoir eu l’idée !) ? Eh bien non, elle est bien trop généreuse pour ça ! Elle offre son entrevue aux yeux de tous sur la scène du Théâtre La Marjolaine. Vous apprécierez sûrement son idée d’offrir une boîte pour vos questions.

À la conférence de presse, Francine Ruel nous a donné une idée de certaines questions ... hum, ça promet ! Je vous assure que monsieur Lévy ne s’ennuiera pas. C’est qu’elle a la répartie flamboyante cette colorée dame très aimée du public. D’ailleurs, à la demande générale, elle donne de nouveau un atelier d’écriture, lequel a eu beaucoup de succès l’an passé.

Et en passant, un nouvel atelier cette année, et ici j’emprunterai l’expression de la revue littéraire Entre les lignes - un signe des temps ! – offert le jeudi, une initiative pour démystifier le blogue. Donné par qui ?

Venise

P.S. Incapable de tout vous dire, je vais vous revenir, aiguillée peut-être par vos commentaires ou questions. En attendant, une visite sur le site des Correspondances d’Eastman devraient un peu apaiser votre hâte. Vous en apprendrez plus long sur la première édition de "Lettres from Knowlton", Les Correspondances d'Eastman à Knowlton, le 1er et 2 août 2009.