Faites comme chez vous

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c'est recevant !

samedi 30 octobre 2010

Nos échoueries - Jean-François Caron

La Recrue du mois.
À visiter ... on s'est mis beau ! Et nous sommes maintenant un webzine.

Avec du Gilles Vigneault en exergue, je m’attendais à un style poétique et sur ce point, pas de déception.

En fait, je me suis demandé à plusieurs reprises pourquoi je devais forcer mon attention pour ne pas quitter Sainte-Euphrasie, puisque je n’avais rien, tout au contraire, à reprocher à une langue de très haute qualité.

Serait-ce parce que l’auteur nous confine dans un village et que nous y naviguons, non par le cœur des gens, mais par la langue justement, et ses très nombreuses descriptions ? Pourtant, je ne suis pas du genre à sauter les descriptions pour passer à l’action quand je suis tenue par une intrigue mais, à un moment, comme dans n’importe quoi, trop c’est trop.

Malgré tout, ma réponse à ma difficulté à me concentrer, certains diraient embarquer, m’apparaît incomplète. Je me souviens d’ailleurs où j’ai commencé à décrocher ; un certain chapitre où le nouvel arrivant au village vole un matelas abondamment souillé abandonné derrière l’hôtel voisin. Qu’il soit si troublé de voler un déchet m’a franchement égarée. C’est dans la maison de son enfance vidée qu’il couchera sur ce qu’il nomme « son matelas de suicidé ». Suis-je passée à côté d’une part de la symbolique; les personnages importants de son exil disparaissent et je n’ai pas su en comprendre le sens, pas plus que la symbolique du matelas, du feu, de la Farouche en Marie.

Cependant, j’ai cédé à l’intrigue de la relation avec sa Marie, à qui il s’adresse tout au long du récit. Cette part m’apparaissait claire, malgré un questionnement intense et les nombreuses nuances. D’ailleurs, la fin m’est apparue forte.

Je le répète, j’ai apprécié la justesse de la langue, trouvé original l’emploi du futur projeté dans le présent du récit et suis resté coite d’admiration devant l’esthétique de certains phrasés. Cependant, m’a irrémédiablement manqué une relation plus directe avec les personnages, avec cette impression dérangeante qu’un filtre m’empêchait de les rencontrer.

Et si l’option était de nous faire ressentir l’ennui de vivre dans ce village qui se meurt à petit feu, eh bien, mission réussie, je me suis identifiée au personnage heureux de le quitter !

Quatre autres opinions à La Recrue, une présentation de l'auteur et des questions. Nous y allons à fond. Vous saurez tout ... ou presque !

mercredi 27 octobre 2010

Écriture quand tu nous tiens

Bon, me voilà ! Pas mal occupée ces temps-ci, je me suis enfin attelée à un projet d’écriture personnelle. Et ce ne sera pas un roman, plutôt un récit, appelons ça un témoignage. J’en ai pour au moins un an à l’écrire et il y a une excellente raison pour cela, que je ne peux et ne veux pas dévoiler tout de suite. Un peu comme l’embryon dans le ventre, certaines mères l’annoncent haut et fort dès les premiers jours du « oui », d’autres attendent et c’est souvent des personnes qui ont peur de la fausse couche. J’ai peur de la fausse couche. Pour une fois que je suis décidé à coucher mes mots dans un projet de longue haleine !

Et de un !

De deux, je me suis jointe à un atelier d’écriture avec Michèle Plomer. Quand une de tes écrivaines préférées, habitant à une quinzaine de kilomètres de ta demeure part un atelier intitulé « Terre à terre », d’une durée de six semaines, tu ne te fais pas prier. En plus, j’ai un bonus, Marsi y participe aussi ! En cette première soirée de rencontre hier, Marsi a été le bonus mâle pour huit femmes. Les femmes sont lectrices et sont écrivaines, les femmes aiment les mots, qui dira le contraire !

Pour mon plus grand plaisir, Marsi s’est senti très à l’aise. Submergé par un projet de roman graphique, ça tombe en plein dans ses préoccupations du moment. Et puis, il faut le dire, le groupe est très sympathique. Des femmes allumées ! Certaines forment déjà un groupe qui se rencontrent régulièrement pour s’encourager, s’aider mutuellement, et c’est chacune leur tour qu’elles remplissent le rôle d’animatrice. J’ai aimé voir le respect se dégager des unes envers les autres.

Et l’auteure, elle, Michèle Plomer ? Elle a une manière de nous faire travailler, en ne nous martelant pas son savoir, nous aidant plutôt à aller chercher nos réponses. Elle réussit à passer son message, comme si on l’avait trouver toutes* ensemble. Ainsi, je me dis que l’info risque d’aller s’imprimer sur les méninges et d’y rester. En conclusion, je suis très contente de ce que j’ai vu et appris, qui s’annonce très différent de l’atelier « Comment entreprendre son premier roman » avec l’auteur, André Jacques , spécialiste du roman policier. Lequel j’avais aussi beaucoup apprécié. L’occasion de voir sous deux angles différents, c’est ce qui me plait.

En quittant pour mieux vous revenir, je précise que je mettrais bientôt en ligne ma critique sur Nos échoueries de Jean-François Caron. C’est La Recrue du mois d’octobre, mais je ne l’ai pas encore amenée par ici comme je le faisais auparavant. C’était mon astuce pour vous amener à aller vous balader sur notre site renouvelé de fond en comble. J’ai terminé la lecture de la prochaine œuvre sur la sellette le 15 novembre, nous devons maintenant remettre nos « papiers » deux semaines à l’avance. Le suspense demeure entier, webzine oblige !

* pour la circonstance, je fais gagner le féminin sur le masculin !

lundi 25 octobre 2010

Éparpillé de Benoit Roberge

Vous filez pour du léger, très léger, pour de la « chick lit » masculine, vous aimez l’humour en général et l’humour caustique en particulier, cette histoire d’un coup de foudre au cœur d’un été montréalais est peut-être pour vous.

Mais il n’était pas pour moi.

Je commence à conclure que moi et l’humour de Benoit Roberge, nous nous accordons moins que plus. Ce qui me permet de l’avancer est ce Cas Roberge, film que j’ai vu au cinéma. J’ai réalisé qu’à la toute fin qu’il s’agissait du même Benoit Roberge, réalisateur, scénariste et maintenant romancier (son premier).

J’ai écouté l’homme en entrevue, je le trouve sympathique, mais un peu brouillon. Éparpillé est à son image. Je ne nie pas avoir savouré quelques unes de ses critiques sociales bien tournées, surtout avant que la foudre transperce son cœur de bord en bord. Le personnage nommé Louis de Gonzague tombe éperdument amoureux d’une serveuse qu’il lui sert un jour son café dans une Croissanterie. Et qui disparait, s’éclipse, ne revient plus jamais travailler à ce Café. Qu’il regrettera d’avoir manqué l’occasion de se faire valoir à ses yeux ! Il lui a cependant laissé un petit message sur papier blanc.

Le fait qu’il passera sa vie à l’imaginer, la rêver, la chercher m’a lassé. Il en met tant et tant sur cette femme (évidemment le propre de la chick lit), que ça en devient pathétique. Son humour rase-mottes ne soulevant plus que de la nostalgie et de l’apitoiement, il devient une victime, et une victime porte moins bien l’humour mordant, vous ne trouvez pas. Peut-être que son esprit drolatiquement spirituel aurait sonné autrement n’aurait été de ce grand coup du destin.

Il ira la chercher dans tous les coins et, même en Europe, sa serveuse londonienne aux lunettes surdimensionnées. Je vous donne une idée de cette apparition de ses rêves :

« Pour se tenir en équilibre et se mouvoir avec fluidité dans l’espace, elle porte des souliers plats du genre petite Chinoise soumise. Aux pieds d’une granola défraîchie, ces mocassins provoqueraient en moi une profonde répulsion, mais elle, elle les porte divinement bien. L’ouverture sur le dessus laisse deviner un pied blanc et tendre au bout duquel fleurit un crescendo d’orteils savoureux et morphologiquement parfaits. Pour la saveur, je sais, j’anticipe effrontément. Mais comme j’aime anticiper, je dirais nougat suisse et miel d’Orient. Les chevilles sont fines. Mais je devrais les qualifier autrement, parce que des chevilles fines, on entend ça tous les jours. C’est commun, des chevilles fines. C’est banal. C’est comme des joues creuses, des nez aquilins et des mentons proéminents. »

Service de presse
- Éparpillé de Benoit Roberge, Éditions Les Malins, 196 p.

jeudi 21 octobre 2010

Il y était une fois les blogueurs

Samedi, le 9 octobre, j’ai vécu une grosse soirée. Ce genre de moment qui rallie la vie virtuelle, dans laquelle je passe énormément de temps, avec la réelle.

Cette soirée est venue du désir de Sandra Gordon à son premier roman, Les Corpuscules de Krause, d’un lancement sans prétention et flafla, juste du réchauffement de cœurs. Cette Sandra, avec son blogue La Cour à Scrap, s’est attiré plusieurs adeptes virtuels. Dont, moi. Dans son espace, qui m’intimidait au début, je stationne régulièrement mon imagination, il y règne cette liberté d’expression qui sonne comme une invitation.

Ce lancement a trainé dans son sillage deux événements; la rencontre d’une vingtaine de blogueurs autour d’helenablue, grande blogueuse devant l’éternel, venue expressément de Lille en France pour y assister (!!!), suivi de près par la prestation musicale de Masatak (L’homme renversé). Cet happening livre qui unit, réunit, fait la fête, n’aurait pas atteint cette réussite sans un tisseur de liens, Christian Mistral, que j’ai eu, enfin, le plaisir de rencontrer. Il était à peu près temps !

Justement, le plus frappant pour moi fut de rencontrer des personnes dont, pour la grande majorité, j’avais rencontrées dans l’antichambre de leurs mots seulement. En général, c’est la méfiance dans ce genre de « blind party » ; comment faire confiance à des gens camouflés derrière des écrans, le risque est grand de s’y aventurer sans ceinture de fausseté. C’est vrai que tout aurait pu arriver, qu’on se regarde de travers, que des tensions pointent jusqu’à prendre des chocs électriques, et presque pire, que le son sonne faux. Eh bien, désolé de décevoir les plus pessimistes : non, tellement non ! Il régnait dans ce Bar l’Absinthe plus que du respect, c'est l’admiration qui circulait d’une tête à l’autre, et l’association des pseudos avec cette tête qui le porte s’accompagnait de sourires heureux et victorieux « C’est lui ! C’est elle ! ». Même exclamation qu’à la découverte d’un trésor ! Et c'était ça aussi qu'on découvrait, des trésors.

S’aimer déjà avant de se rencontrer, n’est-ce pas un peu magique ? Ça donne toute la valeur aux mots, serviteurs de l’esprit. L’apparence ne précédant pas l’esprit, elle ne fait pas sa loi instantanée parce que conditionnée. J’aime l’idée. Elle me fait penser à la frappante histoire de Cyrano de Bergerac qui a passé à côté de l’amour de sa vie, à ne pas assez faire confiance à ses mots d’esprit.

Ce ne fut pas pour autant une soirée de mots, non justement, il s’en était déjà tellement échangés, et depuis si longtemps, ce fut plutôt une soirée de regards. Une soirée où se voyait de l’assouvissement dans les yeux qui regardent la forme de l’autre pour s’en repaître. Réaliser que les quelques déguisements derrière les écrans en sont des heureux, des imaginatifs, où l’auteur d’un personnage dépasse son personnage. De voir s’articuler les auteurs de blogues, d’entendre leurs échos de voix résonner dans un joyeux brouhaha, m’a nourrie. D’un mouvement lent et concentré, le virtuel rejoignait le réel, et les deux s’unifiaient. S’unifiaient mes deux vies. Je me suis vue et vécue dans un seul morceau cette soirée-là.

Marsi était présent, lui qui navigue peu dans les eaux virtuelles, mais il était loin d’être le seul, je pense au conjoint d’helenablue, au conjoint de Maxime, à la conjointe de Christian Mistral. Ces fidèles compagnes, compagnons, j’ai cru les voir boire à même notre folie effervescente.

Bien entendu, je ne suis pas la première à parler de cette soirée mémorable, plutôt même la dernière ! Si vous êtes curieux de nous surprendre en pays de reconnaissance, de un, Christian a créé un montage avec les photos de Patrick Natier, conjoint d'helenablue qui, bien sûr nous entretient de son expérience québécoise de quatre jours avec verve et émotion. Eh là, là juste avant de mettre en ligne, je découvre un montage à la touche personnelle helenablue, un Carnet de voyage qui prend au coeur, illustre son propos et rejoint le mien.

Et bien évidemment à lire absolument les commentaires de Sandra Gordon par qui tout a commencé ...

Et continue !

* * *
Photos, regardez-y les yeux :
1. Sandra Gordon dédicace sous trois paires de yeux passionnés, ceux de sa soeurette, les miens et ceux de Maxime.
2. Christian Mistral, une tête au-dessus, l'oeil heureux !
3. helenablue, femme si comblée par une poutine, qu'elle s'en ferme les yeux (pour ne pas voir le gras j'imagine) !
4. Ces blogueuses ne s'étaient jamais vues : Mc Doodle et Sandra. Elles se dévorent des yeux.
5. Les yeux du si précieux photographe, Patrick Natier.

lundi 18 octobre 2010

Lancement collectif : 42 auteurs

Je l’ai promis de vous glisser deux mots sur le sprint de ma présentation de 42 auteur-es, et bien sûr que dans mon cas, deux mots égalent deux cents. Minimum !

Je vous raconte. Nous arrivons au Salon du livre de l’Estrie un peu avant 18 h, nous nous dirigeons vers le kiosque de l’Association des auteurs (AaaCe), très bien situé cette année, occupant un coin et plus espacé que l’an passé. Ce n’est pas un luxe si l’on considère la quantité d’auteurs exposés, la majorité des maisons d’édition en ont rarement autant. Marsi s'installe, prenant la place de July Giguère qui finissait une séance de dédicaces pour son recueil de poésie « Rouge, presque noir ». Pour les deux ; aucune visite, aucune vente. C’est que le Salon était, à cette heure, assez désertique. Pendant que Marsi attend sa visite bien calé dans un fauteuil bas, tout petit derrière sa table, et qu'Hélène en charge du kiosque se désâme pour attirer les visiteurs, je suis partie à la recherche de la Salle Alfred Desrochers. Arrivée trop tôt, pas un chat, que le technicien au fond de la salle, je rebrousse chemin, reluquant au passage des kiosques pleins de livres et vides de monde. Je retrouve Marsi en discussion animée avec Mylène Dumas-Gilbert, une fidèle au poste, campant presqu’au Salon, tellement elle tient de séances de signature dans diverses maisons d'édition.

Bientôt 19 h, je retourne à la Salle, empressée de vérifier ma longue liste de huit pages avec Francine qui avait monté les fiches de chaque auteur accompagné d’une photo de leur œuvre sur écran géant. En fait, c’est cette liste que j'ai mise à ma main (et à ma vue !) qui m’a sauvée du bafouillage et des hésitations et m’a permise de m’abandonner à la salle et aux écrivains qui se levaient quand je les nommais. L’assistance a vite compris que les applaudissements iraient aux écrivains présents, pas les absents, ce qui fait que la cérémonie s’est vu accélérée. On m’avait demandé de ne pas outrepasser 45 minutes, et même 30 si possible, j’ai accompli le tout en 18 minutes ! On m’en a félicité puisque la cérémonie a commencé 15 minutes plus tard. On attendait, entre autres, le photographe .... Le photographe improvisé, nul autre que mon Marsi qui est arrivé à la rescousse palliant au fait que personne n'avait d'appareil photo. Une fois mon homme assis dans l’assistance, il ne pouvait plus rien m’arriver ! J’attendais mon tour, en écoutant le discours de la présidente, Suzanne Pouliot, assise confortablement sur un sofa sur la scène, ce qui m’a aidé grandement à rester calme. Comme si j'étais dans mon salon !

Heureusement que le lancement des 42 auteurs s’est déroulée prestement, puisque les deux présidents de jury des six oeuvres finalistes, trois pour le Prix Alfred-DesRochers :

Les chevaux approximatifs - un hommage aux formes de Michel Garneau
Feu blanc – Contes de la lune d’Éric Gauthier
Nous ne vieillirons pas de Patrick Nicol

Et trois pour le Prix Alphonse Desjardins :

Le tombeau de Carlo Michelstaedter de Jacques Beaudry
Le féminisme québécois raconté à Camille de Micheline Dumont
Archiver l’anarchie : le Capital de 1969 de Jacques Julien

ont tous deux donné une appréciation étoffée de chacune des œuvres en lice. Mais, il fallait des gagnants et les derniers furent les premiers !

Prix Alfred-DesRochers : Nous ne vieillirons pas de Patrick Nicol
Prix Alphonse Desjardins : Archiver l’arnachie de Jacques Julien

Fait assez cocasse, Jacques Julien (à gauche sur la photo) a déjà été le professeur de littérature de Patrick Nicol (à droite).

* * *

Malgré ma fierté d'avoir sorti mon épingle du jeu, je suis partie bien désolé du manque de dynamisme que j’ai cru percevoir dans ce Salon du livre de l’Estrie ce soir-là ... un vendredi quand même ! L’utilité d’un Salon à notre ère est une toute autre question et certains dans le milieu se la posent.

jeudi 14 octobre 2010

15 OCTOBRE

Demain est un grand jour. Quasiment trop grand pour moi.

Premièrement, il y a le nouveau site de la Recrue et toutes les surprises qu’il recèle. Il est prêt. Mais je ne l’ai pas vérifié personnellement ... il est verrouillé ! Un peu comme les futurs mariés qui ne se voient pas la veille, histoire de mieux se retrouver, habillés dans du beau et du nouveau. Depuis presque un mois, il est sous clé, pour préserver l’entièreté de la surprise.

Alors, demain, je découvrirai La Recrue en même temps que vous. C’est ça l’idée, ne pas lire à l’avance ce que les autres rédacteurs ont écrit. J’ai hâte. Vraiment, vraiment hâte. Un dodo et puis ça y est !

On va s’en reparler n’est-ce pas ? Vous me direz qu’est-ce que vous en pensez, si nos changements vous plaisent.

Et de UN !

De DEUX maintenant. En ce 15 octobre se rallient deux de mes passions : la scène et la littérature. En effet, je présenterai La Grande Cuvée : 42 œuvres d’auteurs des Cantons de l’Est au Salon de L’Estrie qui s’illustre cette année. Comme je fais partie du conseil d’administration de l’Association des auteures et auteurs des Cantons de l’Est (AaaCe), on me l’a demandé et j’ai accepté avec plaisir. Malheureusement peu de temps est alloué à chaque auteur Imaginez-vous un lancement collectif de 42 auteurs !! et dans la même cérémonie, deux distributions de Prix, Alfred-DesRochers et Alphonse-Desjardins. Il y aura six finalistes dans la salle - trois pour un et trois pour l’autre - assis sur des charbons ardents.

Je vous tiendrai au courant, je vais être en première ligne de l'information.

Demain, c’est aussi l’anniversaire du départ de ma chère maman. Alors, ce fameux 15, une journée chargée dans mon cœur et dans mon corps.

Je voulais vous le dire.

À plus !

mercredi 13 octobre 2010

Abandon de lecture (et Marsi à Pyramide)

J’ai branlé dans le manche avant de vous écrire ce billet. Premièrement, par manque de temps, l’excuse classique. Et là me voici à l’extrême limite ; dans moins d’une heure, une des nouvelles sera passée date ! Alors, celle-là, je vous la dis tout de suite : Marsi passe (ou passera) à l’émission Pyramide à 17 h (nous sommes mercredi, le 13 octobre). Il est un des concurrents, alors si ça vous tente de lui voir la binette quand il est stressé, vous avez beau !

Ma deuxième nouvelle peut prendre des tournures de sondage. Êtes-vous au courant que certains blogues littéraires, comme le mien par exemple, reçoivent des livres en service de presse ? Si vous vous en doutez sans en être certains, je vous le confirme là, tout de suite, dans l’instant, c’est oui.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est qu’après réflexion, j’ai une question à vous poser : est-ce que ça vous intéresserait que je rajoute cette info à la fin du billet : « service de presse » ? Bien plus que ça, je devrais, toujours si ça vous intéresse, rajouter « service de presse approuvé » (par moi), puisque je reçois aussi des surprises, ce qui fait une nette différence pour moi. Quand il est approuvé, c’est que le livre m’attire, quand il ne l’est pas, je serais probablement passé à côté. Je fais des trouvailles intéressantes bien sûr, mais l’inverse est aussi vrai, je peux être déçue, entendre par là que je peine à terminer le roman. Je suis peut-être plus catholique que le pape mais je me suis toujours fait, jusqu’à date, un honneur de lire chaque service de presse. Mais ... mais... je commence à penser à me rajouter de la latitude ; quand je n’ai pas approuvé un service de presse, j’ai l’intention de me donner la permission de l’abandonner, si la lecture est le moindrement ardue. Je vais vous dire pourquoi. Pendant ce temps, certaines de mes lectures choisies ou reçus en cadeau et certains services de presse approuvés attendent sur une tablette qui commence à caler vers le bas, courbée dans un dangereux rictus. Pauvre tablette ! ...

Je ne transposerai pas toute l’émotion sur ma tablette ... non, il y a aussi du « pauvre moi », de ce moi qui tient à conserver intact son plaisir pour la lecture, et le commentaire de lecture.

L’abandon en soi est une forme de commentaire de lecture, malgré tout, je compte y rajouter le « pourquoi » qui ouvre sur l’horizon de possibles lecteurs qui seront stimulés de vérifier s’ils partagent ma vision. Je n’ai pas vraiment apprécié ma dernière lecture, vous l’avez probablement remarqué, mais avez-vous aussi remarqué que ça a donné à deux personnes l’envie d’aller vérifier si elles partageront mon avis après l'avoir lu. J’ai particulièrement apprécié ces prises de position qui sont venues compléter l’amorce de ma réflexion. Et c’est sans compter ceux et celles qui auront terminé ce roman, que moi j’aurais abandonné, ça offre l'espace pour l’exprimer.

Donc voilà, tout ça pour vous dire que je vais commencer à me permettre l’abandon de certains livres. Savez-vous que ça va me demander un effort, au début à tout le moins ? J’ai mis tellement d’énergie à terminer certains romans parfois, en me répétant que c’est le respect que je dois à un livre que je traite comme une personne, et je ne choisis bien sûr pas de couper la parole à une personne. Alors voilà pourquoi mon dilemme n’était pas facile à résoudre.

N’oubliez pas de vous exprimer à savoir si l’info « Service de presse approuvé (par moi) » vous intéresse !

Bon, j’avais un autre sujet, j’y reviendrais car sinon, mon premier sujet « Marsi » à Pyramide sera non pas passé date, mais passé l’heure ...

Merci de me suivre assidument, je l’apprécie, et à tous les jours.

samedi 9 octobre 2010

Tuer Lamarre de Simon Girard

Deuxième roman de Simon Girard, auteur de Dawson Kid en 2007. Je suis assez curieuse de voir la suite des choses pour un jeune auteur. Son premier roman s’est fait qualifier de roman « coup de poing », pour Tuer Lamarre se lit sur le quatrième de couverture la même épithète « roman coup de poing », portant sur des sujets très dissemblables. Dans cette histoire brève qu’on peut quasiment qualifier de novella, il s’agit d’abus sexuels au pluriel, celle du père quand il était enfant, et celle du fils de ce père.

J’ai embarqué dans la partie du début où il est question de l’abus perpétré sur le père, même si étonnante, j’ai cru à cette histoire de dame âgée qui abuse de l’innocence d’un garçonnet. Là où j’ai commencé à décrocher est quand l’homme, maintenant en couple et père lui aussi d’un enfant, réalise en lisant dans les yeux de son fiston, que son garçon vit la même chose qu’il a vécu, à la différence près que l'abuseur est un homme. Comme l’abus vécu par le père n’a jamais été assimilé, encore moins accepté, il devient un très mauvais conseiller pour son fils. Attention, quand je dis un « mauvais conseiller », je sors déjà du résumé qui se voudrait objectif, et je tombe au cœur de ma propre subjectivité, parce que je suis loin d’être sûre que l’auteur ait voulu démontrer que ce père était un pitoyable conseiller. Une aura de victoire ressort plutôt du tandem père-fils devenu une force mue par leur complicité vengeresse.

Mais ce sont les lois du fictif, et l'auteur en est le roi absolu, aussi le problème ne se situe pas à ce niveau mais plutôt que la lectrice que je suis n’ai pas du tout cru à cette histoire de père qui se laisse téléguider par l’esprit de vengeance de son fils. Cette froide et cruelle vengeance du fils, qui jamais ne dira un seul mot sur ce qu’il a vécu avec son abuseur, m’est apparue tellement improbable ! Si encore, il avait été question d’un adulte, mais un enfant de 11 ans, quand il a été abusé sur une longue période ne devient pas du jour au lendemain le dominateur impitoyable d’une situation dont il a été victime. Assez pour que son père se fasse un devoir de mettre à exécution chaque désir exprimé par l’enfant. Et toujours, sans un mot, sans une confession, seulement sous l’effet d’échanges de regards, l'entente tacite surgit assez pour que le duo se mette en état de marche.

Vient se rajouter l’histoire du couple homme et femme (père et mère du fils). Cette fois, c’est le père qui entraine le fils dans sa vengeance d’homme qui se sent victime d’une femme trop « contrôlante ». Que le fils soit mêlé à l’histoire du couple ne m’a pas seulement mise mal à l’aise mais plus grave encore, c’est mon impossibilité de croire qu’un enfant venant de dévoiler un si terrible secret (même si dans le silence de la complicité), au lieu de s'effondrer reste jusqu’au bout le témoin complice de la vengeance du père, perdant du coup la consolation et la compréhension de sa mère.

La vengeance est le leitmotiv de cette histoire. La seule cohérence que je peux y voir est qu’encore une fois la démonstration est faite que l’absence de mots pousse à poser des gestes violents. Mais si encore j’y avais cru, cela aurait sonné plus juste.

lundi 4 octobre 2010

Les Jérémiades - Simon Boulerice

Ce roman, c’est l'auteur lui-même qui m’a donné le goût de le lire. J’avais retenu de sa présentation aux Correspondances d'Eastman qu’on y parlait des amours de l’enfance aussi intenses que celles à l’âge adulte. C’était peu dire. Plus intenses que ça, tu meurs !

Les jérémiades, dans le sens propre du mot (plaintes sans fin qui importunent) de Jérémie 9 ans en est la forme mais le fond, lui, cerne le sentiment amoureux, l’ultime, celui dans lequel on se fond et se perd dans l’autre à force de vouloir lui plaire. Comment expliquer à un enfant la maturité pour rester soi-même devant le regard gourmand d’un ado, roux par-dessus le marché ? Et les parents là-dedans, peuvent-ils le conseiller ? Bien sûr que non, tout de même pas assez fou pour se montrer au grand jour, le petit Jérémie. De jouer avec l’interdit, d’avoir à mentir et faire semblant, lui retire peu à peu de son innocence.

Ce roman va très loin, repousse les préjugés et les conventions comme des broussailles encombrants un sentier fait pour avancer vers l’avant. Un pré-requis absolu pour le recevoir de cœur à cœur ; l’ouverture. Beaucoup, beaucoup d’ouverture pour accepter qu’éprouver l’amour à cet âge, ça fait grandir vite, trop vite. Si on s’attend que des enfants, ça ne fait que jouer et aimer les bonbons, si on n’arrive pas à se débarrasser d’une morale conventionnelle, on risque d’être choqué des propos tenus ici.

J’ai moi-même marché sur la corde tendue de mes principes me demandant parfois si j’allais basculer dans l’indignation du « ça se fait pas ». Les lois du fictif me ramenait à l’ordre ; Simon Boulerice est justement un romancier à l’état pur, il magnifie, se laisse emporter par l’exagération, s’abandonne à l’outrancier, ne se censure pas. Si on se laisse décoller, chevauchant la grandeur des émotions dépassant les personnages, tant mieux. Sinon, eh bien, on reste par terre en risquant de passer son temps à rouspéter !

J’ai aimé que les personnages ne s’appartiennent plus - surtout Jérémie ! - ça m’a fait réaliser que ce n’est plus si courant finalement. C’est une force cette capacité de s’abandonner à ses personnages et, à mon avis, ça va mener loin cet auteur, en même temps que son style déluré au rythme presque dansant. Les dialogues sonnent sans jamais une fausse note.

À voir la fin et son extravagance m’a rappelé que ce créateur est un homme qui aime le théâtre et ses envers du décor.

J'ai aimé ce roman pour sa qualité et aussi, pour l'exercice qu'il m'a forcé à accomplir : me dépasser comme lectrice.

vendredi 1 octobre 2010

J'ai eu peur d'un quartier autrefois - Patrick Drolet

J’étais intriguée. Un comédien qui me fascine dont on dit que la facture du roman est spéciale. Et très spéciale, selon les dires d’une Christiane Charrette. Quelque chose dans l’intonation de CC est venu me chercher ; spécial comment ? Pour être tout à fait franche, ne pas avoir lu ces mots de Tristan Malavoy-Racine : « Ouvrir ce très réussi petit livre, c'est accepter de passer une heure ou deux en compagnie d'un être qui nous ressemble, au fond, la carapace en moins » ; aurais-je accepter d’entrer dans le monde de ce comédien qui incarne assez souvent d’étranges personnages ? Comme j’atteins rapidement (trop ?) mon quota d’étrangeté, le « qui nous ressemble » de Tristan M.-R. m’a rassuré assez pour m’y aventurer.

Et quelle aventure ! Je suis entrée dans l’étrangeté par une voix qui arrive à mettre des mots sur l’anxiété, la peur, l’angoisse d’un personnage. L’angoisse est une émotion si intime qu’elle est difficile à décrire. Et il y arrive haut la main. Chaque angoisse laisse une empreinte unique sur la peau fébrile d’un esprit. C’est le roman le plus anti-cliché sur la peur que j’ai lu jusqu’à date !

Matériellement parlant, qu’est-ce qui est rassurant dans la vie ? Sa niche, sa maison, son quartier. Le narrateur voit les menaces rôder, voit la mort errer, voit les esprits malins vagabonder autour de la maison voisine de la sienne. Qu’est-ce qui a brisé son équilibre : son voisin est décédé à l’intérieur de cette maison. Depuis ce moment, il nourrit la peur et la peur se nourrit de lui, il vit dans la terreur sans la fuir. Il reste, observe, scrute, puis compile ses observations dont il nous fait part avec une minutie du détail qui nous revoie à un imaginaire inquiétant. On perd donc pied, nous aussi, spectateurs de son monde.

Ce traqueur des ombres de la mort se sonde. Cette introspection le pousse impulsivement à sortir de son quartier, quitter une certaine sécurité, à la quête d’une réappropriation de son enfance. Il cherche à renouer avec un frère qui lui a enseigné et avec qui il a eu un échange épistolaire déterminant.

J’ai tenté pour vous de rendre un peu le fond de cette histoire qui est finalement rien sans sa forme. La forme prime, la *texture* se densifie et certains phrasées m’ont ramenés à la même émotion que j’éprouve devant un texte poétique. Une poésie d’action rebelle et dynamique.

J’ai été dépassée par le fond et impressionnée par cette forme :

La moustiquaire servait de rideau de fer contre les vents hurlants et leurs ombres. Je devais attendre, m’étais-je dit. Après plus d’une quarantaine d’heures, le sang, la neige, le sperme du désespoir et le corps du voisin dormaient devant chez moi.
[...]

Après avoir été témoin du sacrifice, j’avais passé quelques heures sous la douche. J’avais voulu tremper la vision arrêtée de la dernière respiration de mon voisin. Rien ne disparaissait sur ma peau. J’avais emmagasiné le long-métrage, dans l’éternité de mon corps.

J'ai eu peur d'un quartier autrefois, Patrick Drolet, Hurtubise, Collection *Texture*, 94 p.