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lundi 21 février 2011

Lettres à mademoiselle Brochu de Maxime-Olivier Moutier

Petite historique de lecture, ce mini roman écrit en 1999, réédité en 2007 m’a été donnée au Noël 2009, par nul autre que mon chéri, Marsi. Il se souvenait que j’avais lu et aimé du même auteur Les trois modes de conservation des viandes publié en 2006. Il se rappelait que je n’arrêtais pas de passer des commentaires, ce roman m’avait fait réagir. Et puis, plus rien de cet auteur, Wikipédia a été déjoué : " Après cinq ans de silence, Les trois modes de conservation des viandes aux éditions Marchand de feuilles marque le début d'un nouveau cycle d'écriture pour Maxime-Olivier Moutier ". Si c’était le début d’un cycle nouveau, j’attends toujours la prochaine parution.

C’est rare que je le fais mais j’irai d’un paragraphe « quatrième de couverture » : "Ce roman épistolaire moderne offre une histoire picaresque version compacte, un bric-à-brac d’émotions et de détails saugrenus, une sorte de miracle issu du ton qui porte cette histoire d’amour au charme acide".

Ce texte rend assez bien ce que j’ai lu, mais je vais quand même le traduire en langue Vénitienne ! C’est effectivement un roman épistolaire moderne, mais précisons qu'il est à sens unique. L’auteur des lettres recevra une seule réponse qu’il ne daignera pas partager avec nous, ses lecteurs. Une histoire picaresque ? J’avoue ici avoir sorti mes dictionnaires. Picaresque : Qui met en scène des aventuriers espagnols. Euh ... je n'y ai trouvé aucun rapport. Je changerai donc le mot pour pittoresque. Version compacte oui et j’aime beaucoup la forme et l’allure de ce mini roman. Il est irrésistible. La preuve en est que Marsi, qui se laisse facilement enchanté par la forme, a été séduit. Un bric-à-brac d’émotions et de détails saugrenus, alors là, je ne saurais mieux dire. Pour la balance de la phrase, je n’irais pas jusqu’à parler de miracle de ton, et j’augmenterais le acide pour pousser jusqu'à caustique. C’est rare un ton acide pour chanter la pomme, de là le côté moderne j'imagine. Pour 1999, c’était plutôt audacieux.

Cet épistolier, follement épris d’une certaine mademoiselle Brochu, dont on ne connaîtra l’identité qu’à la toute fin, exerce le métier de garagiste. On apprend à connaître l’élue de son cœur à travers ses yeux de singulier personnage. Il maintiendra habilement le mystère de sa dulcinée, ce qui rajoute de l’intrigue à cette intrigue amoureuse. C’est le fil qui m'a retenu en ces moments où une certaine lassitude s’infiltrait dans ce qui devenait une rengaine amoureuse. Reste que des lettres idylliques à un être qui ne nous répond pas finissent souvent par tourner un peu en rond. Malgré cela, il sait nous emporter sur les vagues hautes de son « éperdument amoureux » et s'échappe de sa plume un délire si exubérant qu’il en devient surprenant. Et la chute s'avère aussi brutale que haute a été la vague. Il passe sans crier gare au mode dénigrement de son adorée. On aime haïr autant qu'on haït aimer.

J’aurais apprécié un peu plus ces lettres originales pour leur impudeur cru, si je n’avais pas tiqué à la fonction de garagiste. Je n’ai pas cru que cet épistolier particulièrement doué, digressant sur un moteur d'auto d’une manière professorale soit un homme manuel aux mains luisantes de cambouis à la journée longue. D'ailleurs, il écrit même certaines lettres au garage. Il tient à mon avis un langage d’étudiant, de professeur, ou d’écrivain ...

Et le dénouement n'a rien fait pour diluer ce feeling.

* * *
Bonne nouvelle : Je viens d'apprendre ceci sur facebook par la bouche même de l'auteur ": «La Gestion des Produits, vol. 1», — traité de sismographie contemporaine — devrait paraître aux éditions Marchand de Feuilles, cet automne.

10 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Et qui est-ce qui trépigne, hein, maintenant, et qui sautille sur place en disant "fais voir, fais voir-heuuuu ?" - ah, c'est un vrai supplice de Tantale, de lire les compte-rendus de lecture d'un autre continent ! :)))))))
C'est tellement dynamique et sans prétention, votre production littéraire ! comme on est loin de ces gens dont le personnage public eclipse les oeuvres, des pince-fesses français pleins de contipés "qui se la jouent", et de toutes ces mondanités barbantes qui font la soi-disant vie des lettres chez nous ! Y se prennent tellement au sérieux, ici, ce n'est plus l'aventure d'écrire, c'est une pataugeoire qui sent le marais !

Anonyme a dit...

Euh, votre dernier paragraphe m'a fait un peu tiquer Venise; je n'ai pas lu ce livre, et suis très tentée, grâce à votre résumé. Mais pourquoi un garagiste n'aurait-il pas une belle plume? Vous savez, je connais des universitaires extrêmement compétents (pour ne pas dire géniaux) dans leur domaine, mais incapables d'aligner deux phrases sans faire de fautes, ou ne connaissant rien à la littérature.

La culture est accessible à tous aujourd'hui, peu importe le niveau social dans notre société de petites cases. Comme on dit si bien , il ne faut pas juger un livre à sa couverture, et ça vaut pour les humains aussi je crois.

:-D

Lise qui n'a pas de blogue

Ginette a dit...

Venise!

J'avais lu ce livre il y a 1 an. Et j'avais fait un petit commentaire sur mon blogue: http://yosoy17.blogspot.com/search?q=lettres+%C3%A0+Mademoiselle+brochu.

J'admire beaucoup votre commentaire. Le mien est plutôt chétif.

J'aime aussi beaucoup le style de Maxime-Olivier Moutier.

J'attends toujours son nouveau roman.

Venise a dit...

Anne : J'ai été aussi surprise qu'émue de lire ton commentaire. C'est vrai ce que tu dis, pour la grande majorité des écrivains d'ici, leurs oeuvres les dépassent. Je veux dire que leurs oeuvres est plus grande qu'eux. Est-ce le fait que la modestie s'impose d'elle-même pour le peu de lecteurs que nous avons ? Toujours est-il qu'il y en a peu qui s'enflent la tête !

Venise a dit...

Chère Lise qui n'a pas de blogue !

Je suis d'accord avec vous et entièrement. Quand j'écrivais cette dernière remarque, sur mon manque de crédibilité du personnage de garagiste, je tiquais moi-même. Je comprends très bien ce que vous voulez dire.

Par contre, j'y peux à peu près rien, j'assume mon ressenti. Dans la vie, je trouve tout à fait plausible qu'un garagiste ait une belle plume. Cette fois, dans ces lettres, je ne suis pas arrivé à incarner ce personnage dans sa réalité. Je le voyais observateur de ces collègues garagistes, comme si lui ne l'était pas. Qu'est-ce qu'il faisait dans un garage ? aimait-il son métier, était-ce un pis aller ? Il aurait été un intrus dans ce garage que je l'aurais cru. C'est un flottement, un manque de racine. Intrinsèquement les lettres sont crédibles, mais dès que le narrateur nous ramenait dans sa réalité de garagiste, je voyais un décalage, un fossé que je n'ai pas su combler en tant que lecture.

C'est très personnel vous savez. Une autre personne le lira et n'éprouvera pas ce feeling. Mais cela n'empêche pas que je ne puisse extraire de moi ce dérangement. Un peu comme si le narrateur s'était donné ce métier d'une manière un peu gratuite. N'oubliez pas que j'ai une formation de comédienne, je dois absolument croire à un personnage !

Venise a dit...

Chère Ginette,

Vous allez être contente, j'ai rajouté l'info que j'ai apprise ce matin même : le tout nouveau roman de Maxime-Olivier Moutier s'en vient. En automne. C'est certain que je vais le lire moi aussi. Et de clic, je m'en vais lire votre commentaire de lecture.

Anonyme a dit...

Venise,

je le sais que vous avez une formation de commédienne, et vous ai d'ailleurs reconnue dans un film de Fred Pellerin (Babine)que j'avais loué il y a deux ans.

Et là je viens de vous voir à l'émission "Le cercle" que j'écoute (une des rares, étant anti-télé et préférant de très loin la lecture); je l'avais lu sur votre blogue, que vous étiez invitée, ainsi que votre Marsi/Marc Simard. En tout cas, vous êtes charmante, très belle, et vous ne teignez pas vos cheveux. Moi non plus, et je m'y refuse (j'ai 55 ans) car j'aime ma couleur naturelle.

Bon, ceci dit je passe souvent ici, histoire de consulter la liste de livres que vous avez lus, et de découvrir des auteurs inconnus de moi. Ce que je fais d'ailleurs sur plusieurs blogues littéraires: même si je sais ce que j'aime, il est toujours agréable de faire des découvertes...

:-)

Lise qui n'a pas de blogue.

Venise a dit...

Très gentil ce que vous me dites, Lise. Sur ma personne oui, ça fait toujours plaisir, mais sur le fait que parfois le Passe-Mot vous donne envie de découvrir de nouveaux auteurs ou titres, eh bien c'est le summum de la récompense pour moi. C'est de l'or en barre !

Merci Lise.

Réjean a dit...

Ah, chère Venise, ça va donc mal au Cercle. Dites-moi que le meilleur est à venir...

Venise a dit...

Réjean : J'aimerais bien vous le dire... hum, mais un cercle ça tourne en rond parfois.

Mais jeudi, ce sera amusant à défaut d'autre chose. Malgré tout, c'est une très belle expérience et je ne la regrette pas du tout.

Au premier enregistrement (hier), j'étais encore sous le choc puisque nous avons eu un accident d'auto juste avant. Je suis d'ailleurs arrivée en métro, laissant là Marc et les policiers. Rien de grave, mais c'était très énervant pour moi. J'étais considérablement en retard, ils ont passé à un poil de me remplacer. J'étais donc stressée.

Mais ainsi va la vie, et j'en suis revenue!