Faites comme chez vous

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c'est recevant !

lundi 31 octobre 2011

Voyeurs s'abstenir - François Gravel

François Gravel est un écrivain prolifique, un roman n’attend pas l’autre. Le premier titre que j’ai lu de sa plume est « Vous êtes ici » . Je me souviens qu'il m’avait laissé plutôt tiède. Par contre, une saine discussion sur le style, dit plus léger donc populaire, et implicitement moins « littéraire » (le sempiternelle débat !) avait suivi ma critique. Je tenais donc à revisiter cet auteur. Je continue de m’étudier comme lectrice. Il est important d’après moi de bien identifier mes goûts pour tendre à pondre des commentaires plus justes. Une bonne manière est de lire des styles différents.

Voyeurs s’abstenir est un sacré défi que l’auteur s’est donné. Sa présentation de personnages m’a fait penser à des vases communicants, ou des poupées russes, en tout cas, un procédé à déconseiller à un auteur qui ne maîtrise pas parfaitement les voix narratives.

Une biographie a été écrite sur un homme, Carl Vaillancourt qui, parti de rien (ou seulement de lui !) devient riche, puissant et donc célèbre. Après son décès, la sortie de sa biographie soulève un tollé de réactions chez la population. À tel point que l’auteur de la biographie, enseveli sous une montagne de courrier, décide qu’il y a matière à écrire un second livre, y incluant les lettres les plus percutantes. Plusieurs signataires attaquent le biographe, l’accusent de ne pas avoir dit la vérité, toute la vérité et que, bien entendu, ce sont eux qui la détiennent cette vérité.

Entre chaque missive, l’auteur de la biographie et du roman, commente. Il se défend, acquiesce ou renchérit. Il présente tout d’abord l’auteur de la lettre, et y rajoute son gros grain de sel. Chaque lettre représente la vision d’un proche ou d’un quasi inconnu. Chaque vision l’habille ou le déshabille. Ce personnage se construit sous nos yeux de lecteurs par les visions des gens qui l’ont fréquenté. Et ce richard s’avère plus mystérieux qui n’y parait. Sommes-nous ce que les gens pensent ou projettent sur nous ? Saurons-nous qui il était vraiment ? Qui a la meilleure vision de soi ? Soi, ou l’addition des visions de chacun ?

Je ne vous dis pas que l’auteur répond à ces questions philosophiques ! Pas du tout, en fait. Il a utilisé un procédé littéraire, point. À nous de l’approfondir si ça nous tente, à nous de s’en amuser, si ça nous tente.

J’ai trouvé agréablement ambigüe cette navigation de la sphère fictive à la réelle. Du supposément réel, de vraies lettres écrites par de vrais gens, pourtant de la plus pure fiction, puisque la biographie n’a pas jamais été écrite. Le narrateur est un écrivain décrit par l’écrivain, François Gravel. Le procédé était assez efficace pour qu’il me soit arrivé d’oublier que la biographie était de la pure fabulation. Il y aurait de la téléréalité et de la "littéréalité" !

Ce qui me ramenait le plus souvent sur terre est le doute qu’un tel homme ait pu susciter tant de lettres parfaitement écrites. Quand je dis « parfaitement », même les imparfaites étaient parfaitement écrites (rendues) ! Une prostituée sans éducation ne s’exprimant pas comme un ex-premier ministre.

On apprend aussi à connaître le narrateur (l’auteur des deux livres), un personnage à part entière. L’auteur, le vrai, reste savamment camouflé ! Ce qui ne m’a jamais quitté, et légèrement dérangé, est de continuellement voir Pierre Péladeau en lieu et place de Carl Vaillancourt. Car j’oubliais de vous communiquer une info, pourtant omniprésente au cours du roman, l’homme d’affaires n’est pas que riche et puissant, il est laid. L’énigme semblerait de trouver comment cela se fait qu’un homme aussi laid ait pu obtenir autant de succès chez les femmes les plus exquises.

Allons donc, forçons-nous un peu les méninges, je crois que nous allons finir par trouver pourquoi !

Voyeurs s'abstenir, François Gravel, Éditions Québec-Amérique, 2009, 240 pages,

lundi 24 octobre 2011

L'Énigme du retour - Dany Laferrière

Hum... gros titre. Un roman qui a fait la une, gagner quantité de prix (rien de moins que le Médicis - 2009), on s’en approche avec circonspection. Et si, nous, on l’aimait pas et si, nous, on l’aimait moins ?

J'ai en main L'Énigme du retour depuis le 21 novembre 2009 et je rends grâce à l’habitude de Dany Laferrière de dater ses dédicaces. Remarquez que je considère avoir mérité l’inscription de cette date ayant attendu deux heures dans une file qui n’en finissait plus de s’étendre, en fait, jusque devant les toilettes sous les escaliers du Salon du livre de Montréal ! Des personnes de tous les âges patientaient vaillamment. C’était au plus fort de la vague de L’Énigme du retour et j’ai succombé à la tentation de m’inscrire dans l’histoire littéraire.

Deux paragraphes, avez-vous remarqué deux paragraphes et je n’ai pas encore dit un mot sur ma lecture en tant que telle ? C’en est presque inquiétant ! Allons droit au but, j’ai aimé ma lecture mais je me tiens loin de l’exaltation de certains qui l’ont lu plus d’une fois. Il y a des romans qui ont un rendez-vous avec le temps, c’en est un de ceux-là, selon moi. Cette photographie d’Haïti passant par l’œil du sentiment, avant le cataclysme, et tout le parcours de vie de l’auteur ont préparé cette écriture mûrie à point. C’est le livre après tous les autres et avant tous les autres.

C'est l'histoire du retour de Dany Laferrière au lieu de l'enfance densément peuplé par ses pensées. Par sa mère aussi et surtout. La mort d’un père qu’il apprend comme une banale nouvelle est le bras qui embraye le temps qu’il recule jusqu’à son état de petit garçon. Par ce pèlerinage, son père, ce grand absent retrouvera la vie par les yeux et la voix de son fils.

Vous connaissez la propension de Dany Laferrière à se laisser emporter par les mots pour rendre l’anecdote amusante ? Pour faire rire son public et se faire rire lui-même surpris de son esprit bondissant ? Eh bien, dans ce texte de 286 pages, il ne fanfaronne pas. L’heure est à la gravité sereine portée par la nostalgie. On ne peut être nostalgique du présent et encore moins de l’avenir, la nostalgie est affaire de passé.

Ce Laferrière adulant les mots à les faire virevolter dans sa tête jusqu’au vertige ne pouvait refuser à la poésie de se saisir de lui. Il a dû la laisser courir, qu’elle ne s’essouffle pas de la contrainte. Elle s’est posée entre les paragraphes de prose sans ordre ni prescription. C’est beaucoup l’art et l’originalité de cet écrit, à mon humble avis. La poésie se présente comme une simple amie des mots, se donnant une chance d’apprivoiser certains esprits qui la regardent de haut. Poésie et prose se lisent et se lient comme larrons en foire parce que l’auteur laisse voler sa plume d’une à l’autre, gardant oxygéné le souffle de son inspiration.

Haïti abrite l’enfance de l’homme retournant sur ses pas, qui s'essaie à mesurer l’étendue des plages entre des blocs de vie : présent, passé. Arrivé de son présent enrobé d’un Québec frigorifiant, il approche sa silencieuse sœur, témoin du présent, se frotte à la fougue de son neveu tourné vers l’avenir, se penche au-dessus d’un trésor de mémoire, sa mère.

Une lecture sereine, consciente du privilège de longer le même horizon qu'un explorateur en conciliabule intelligent avec son passé et son présent.

mercredi 19 octobre 2011

Le VRAC en demande

Je réitère avec mon VRAC. Je prétends qu'il m'a manqué !

Le Lux de l’image
14e édition du Concours Lux récompensant les meilleures images de l’année au Québec. Le collectif Carton, publié aux éditions de la Pastèque, a reçu jeudi dernier le premier prix Lux, dans la catégorie bande dessinée. Voilà une chose de dite mais j’en ai une autre. Vous vous rappelez de ma critique de Ceci n’est pas une histoire de dragons ? Eh bien, Benoit Tardif a reçu un Grand Prix pour sa couverture assez particulière merci, comme pas mal tout ce qu’il dessine d’ailleurs. Pour les amateurs d’images, photos autant qu’illustrations, sur le site de Lux, on présente chaque prix. Attention, il y en a un char pis une barge.

Québec en toutes lettres - 13 au 23 octobre
Exposition, conférence, discussion, rencontre, théâtre, spectacle littéraire, performance, film, conte ... Toujours aussi effervescente en littérature, cette ville de Québec ! Ce festival littéraire, à sa deuxième édition, met à l’honneur Réjean Ducharme. Les absents n’ont pas toujours tort, on leur donne parfois beaucoup d’attention.

Vendre la mèche
Je vous vends la mèche avec plaisir, une autre maison d’édition québécoise est née : La mèche. Applaudissons l’audace !

Deux lancements ponctuent cette naissance :
  • La Solde d’Éric McComber
  • Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu
Vous avez jusqu’au 21 octobre pour dire oui et vous rendre à la librairie Le Port de tête pour participer à cette triple naissance.

GG
Il y a trois Prix du Gouverneur Général que je n’ai point lus. Non, je me reprends, disons plutôt, deux que j’ai lus. Lesquels ?

  • Alain Beaulieu, Le postier Passila (Leméac)
  • Jean-Simon Desrochers, Le sablier des solitudes (Les Herbes rouges)
  • Perrine Leblanc, L’homme blanc (Le Quartanier)
  • Tassia Trifiatis, Mère-grand (Léméac)
  • Mélanie Vincelette, Polynie (Robert Laffont)
BDQ Rendre grâce
Je m’acharne sur cette expression un peu pompeuse « rendre grâce ». Cette fois-ci, c’est à la libraire Isabelle Melançon de chez Monet parce qu’elle a eu le courage de se mouiller avec son Top 10 de BDQ (Bandes dessinées Québécoises). Amateurs de bandes dessinées, parce qu’il y en a quelques qui me fréquentent, exprimez-vous !

Hors Champ
Est-ce que vous le savez combien j’aime les chroniques de Nicolas Dickner publiées dans le magasine Voir ? Si vous ne le savez pas, eh bien, je vous le dis. Monsieur Dickner est pour moi le meilleur des chroniqueurs. Ne le lui dites jamais, mais je le préfère même légèrement comme chroniqueur à romancier. Aujourd’hui, j’ai reçu un communiqué de presse où il est question de mon chroniqueur préféré, de la maison d'édition Alto et de l’alphabétisation. Un recueil sort ces jours-ci et c’est très spécial, par le titre, par la couverture, par l'initiative.
:
52 chroniques de Nicolas Dickner «à emporter» ont été sélectionnées parmi les 200 publiées au magazine Voir. Tirage unique de 2500 exemplaires et pour chaque livre vendu à 16.95 $, un 7 $ sera remis à la Fondation pour l’alphabétisation. À l’achat de la version électronique (PDF et ePub), réalisée avec le partenariat de De Marque, ce sera un 5 $.

En l'achetant, on fait double cadeau.

dimanche 16 octobre 2011

Le souffle de Mamywata de Claude Grenier

La trame de fond de cette histoire est simple parce que courante : un homme dans la cinquantaine s’ennuie, malgré son travail de documentariste le tenant loin de la routine du « 9 à 5 ». En apparence, sa vie personnelle se porte bien : une femme qu’il aime et deux enfants qui l’adorent. « Que désirer de plus ? » diront certains. Il n’y aurait pas de crise de la cinquantaine, ni d’antidépresseurs, et encore moins de roman, si tout se réglait aussi facilement.

Par une vue en plongée de son intérieur, on nous montre le vide d’un homme. Comme tout vide réclame d’être comblé, même par du poison, il tentera de le remplir. C’est lors d’une expédition dans le cadre de son travail que sa vie chavirera. Pour la beauté et l’élégance du continent africain, dira-t-il à sa femme, lui taisant son fort attrait pour les femmes africaines la femme noire et son mysticisme vaudou l’ensorcelant. Plus précisément, il désire se laisser ensorceler. Nous entrons dans le champ brumeux de la psychologie d’un moi qui a besoin de se fondre dans l’autre, jusqu’à s’anéantir. C’est une des originalités du roman de faire vivre à un personnage masculin un fatras d’émotions perfides, dont le désir d’une fusion dévastatrice. Cela nous change de l’inverse qui a été fortement exploité. Ici, la femme est forte et tient le haut du pavé, l’homme est faible et se présente comme une marionnette.

Le personnage, un réalisateur mandaté au Bénin, décide de risquer le tout pour le tout. Est-ce que son système d’alerte finira par sonner et est-ce qu’il sera trop tard? Là est la question à laquelle j’ai accrochée. Le fait que les émotions nous soient exposées avec la transparence du « journal intime », que la pudeur n’y ait pas sa place, n’est pas étranger à mon intérêt pour cette histoire torride. Le personnage appréhende le monde avec ses sens en alerte. Il déroule la pellicule sous nos yeux, hors de nos sentiers battus, plongés dans des us et coutumes bouleversantes.

Une empreinte de documentariste – c’est la profession de l’auteur – est déposé sur cette histoire que l’on jurerait s’être déroulée telle quelle. Il semblerait d’ailleurs que la trame repose sur plusieurs faits vécus, ce qui ne lui enlève aucun intérêt, au contraire.

N.B. : Ce titre est un repêchage préalablement publié sur le webzine La Recrue, vitrine des premières oeuvres littéraires québécoises. Je vous invite à visiter Le Sermon aux poissons de Patrick Lessard mise sur la sellette ce 15 du mois. Vous saurez tout sur cette oeuvre (ou presque) !

Le souffle de Mamywata - Claude Grenier, Leméac, 2011, 288 pages

mercredi 12 octobre 2011

Déjà de Nicolas Bertrand

« Enfin », je transmets mes impressions sur « Déjà » !

Un roman qui aborde principalement la mort qui rôde est une gageure, de décrépitude qui s’éternise, un défi dans notre ère où l'humour est roi. Dans un premier roman, je parlerais d'un acte intrépide. Nicolas Bertrand l’a commis, sans compromis.

Roland, un bon vivant mène une vie des plus actives « Pressé de vivre, entêté, s’imaginant capable de mener de front plusieurs vies parallèles, celle d’amant, de père, de travailleur, de syndicaliste et dorénavant d’étudiant » (p. 25). La seule menace qui pèserait serait de vouloir bouffer la vie goulument au risque de négliger l’amour de sa vie, sa femme. Une vie, même ordinaire, goûte bon, et cet hyperactif l’apprendra le jour où la sienne sera menacée par une mystérieuse maladie qui lui tombera dessus sans crier gare.

Nous entrons à petits pas dans cette histoire. Le dénouement pourrait se raconter en un paragraphe mais ce serait, à mon avis, manquer le principal, la manière dont elle est traitée. Ce qui arrive à cet homme, et par ricochet à sa femme, Nicolas Bertrand nous le présente comme un objet tenu loin des yeux de l’émotion. Ce décalage émet un espace silencieux entre le moment où le destin foudroie et les réactions humaines qui en découlent. Tout au long du récit, nous retrouvons ce décalage "temps", maintenu par l’auteur comme une respiration régulière.

Qui dit maladie, et encore plus si mystérieuse, dit médecine. Le corps médical se penchera sur le corps souffrant de Roland avec passion ... et sans aucune compassion. Les yeux des médecins pétilleront de convoitise devant le haut potentiel de ce cobaye. Roland, acceptera-t-il ces traitements hasardeux qu’on lui proposera pour faire avancer la science ? Comment réagira sa femme devant le bouleversement total de sa vie de jeune mère ? Et comment réagiront père-mère, frère et sœurs ?

L’histoire d’amour entre Roland et sa femme se superpose au drame de cette maladie tombant sur un être sans égard à son mérite. J’ai admiré ce joyau qui brille dans la pénombre, la fidélité d'une femme vaillante devant l'entêtement du pire. J’ai été émue du tête à tête avec une valeur, la fidélité, d’autant plus émouvante à mes yeux que dénudée de son mélodrame ou de sa férocité passionnelle. J’ai entendu son souffle dans le silence de l’amour inconditionnel de cette femme face à son homme.

Autant le regard porté sur le couple glorifie, autant il raille le lien familial. On aurait affaire à des scènes presque drôles entre les parents, frères et sœurs si la circonstance ne nous tirait pas tant vers le bas.

J’ai trouvé de grandes qualités à ce récit dont la constance du ton utilisé pour nous réveiller à cette réalité ; tout est une question de temps pour les êtres incarnés que nous sommes. Si l'objectif de l'auteur était d'aborder cette réalité dure de la vie, en nous protégeant de la déprime, dans mon cas, c'est mission accomplie.

Déjà de Nicolas Bertrand - Collection Hamac, 204 pages.

vendredi 7 octobre 2011

Sous la glace - Louise Penny

Je conseille ce polar à toute personne qui appréhende le noir. Cette histoire est de toutes les couleurs, sauf noir. Installez au centre d’une brochette de villageoises typées, de l’acariâtre poétesse à l’imperturbable spirite en passant par la peintre inquiète, un inspecteur bienveillant aux perceptions aiguisées, et vous avez une partie du tableau. Le décor ? Un village enseveli sous une épaisse neige étouffant le bruit de la rumeur, générant une sensation malsaine d’intimité entre de potentiels meurtriers.

Pendant que les cheminées des chaumières fument paisiblement, l’équipe Gamache est au travail. Le quartier général est temporairement installé au cœur du village, pas question de quitter Three Pines pour retourner à la maison discuter du cas avec la douce moitié. Cela devra se faire au téléphone. Il n’est pas si difficile de faire parler les uns et les autres quand tous se connaissent et aiment l’inspecteur pour l’avoir connu dans une enquête précédente. Faut dire qu’il n’est pas difficile à aimer, Armand Gamache, il est l’amabilité sur deux pattes. C’est à presque donner l’envie d’être mêlé à une histoire de meurtre ! En plus, c’est un bon vivant. Remarquez, il faut être un bon vivant pour se pencher sur les morts sans perdre le moral. Sous des dehors paternels, il dirige des hommes et des femmes avec la fermeté de celui qui doute de tout, excepté de lui-même. Tant mieux, car se présente à lui un défi de taille, une jeune femme est morte électrocutée pendant une partie de curling sur la glace. Fait intéressant pour nourrir l’intrigue, quasiment tout le village participait ou assistait à cette partie de curling annuelle.

L’omniprésence de la blancheur immaculée des tempêtes de neige à répétition atténue les relents de morbidité. Sous d’épaisses couches d’apparence trompeuse se découvre une forte misère morale et physique sur laquelle on ne s’attardera pas trop, ménageant l’ambiance de joyeuse bonhommie, collant à la peau de l'inspecteur.

Partie gagnée par l’auteure, je me suis surprise à butiner d’un coupable à l’autre, ce qui est l’idée j’imagine. Ils ont tous un motif étampé sur le front, mais ils ne peuvent être tous coupables ! Mes soupçons se sont vite portés sur le ou la coupable « X » mais bien sûr, je l’ai abandonné en cours de route. Je n’aurais pas dû. J’ai été frappé jusqu’à quel point l’histoire est prétexte au jeu de la devinette. Louise Penny en manie habilement les ficelles. Je l’imagine nous regarder malicieusement avancer sur l’échiquier des doutes, case après case. Il m’est arrivé d’entendre certaines phrases ou expressions en anglais dans ma tête, me dégageant difficilement de la touche « british » élégante et pince sans rire.

Quel contraste entre le traitement candide et le côté emberlificoté du meurtre. Je me demande encore si j’ai vraiment compris le mode d’emploi du « comment ». Peut-être pourrais-je un jour y répondre mais pas avant d’avoir consulté des spécialistes en la matière !

Je ne renie pas le plaisir que j’ai retiré à découvrir cette histoire racontée dans la sensualité et l’humour, même si j’avoue m’être parfois impatientée du rythme lent, aussi lent qu’un Gamache fumant la pipe auprès de l’âtre tout en faisant rouler ses indices comme des billes. Je tardais qu’il les jette sur la table, qu’on les voit enfin. Je me laisserais probablement tenter par une autre histoire de madame Penny, en m’assurant cependant de me trouver dans l’humeur approprié d’avoir le goût de prendre mon temps.

J'apporte à votre attention que Louise Penny a un site web digne d’une visite.

Sous la glace, Louise Penny, Roman policier, Flammarion Québec, 383 pages, janvier 2011,