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dimanche 16 octobre 2011

Le souffle de Mamywata de Claude Grenier

La trame de fond de cette histoire est simple parce que courante : un homme dans la cinquantaine s’ennuie, malgré son travail de documentariste le tenant loin de la routine du « 9 à 5 ». En apparence, sa vie personnelle se porte bien : une femme qu’il aime et deux enfants qui l’adorent. « Que désirer de plus ? » diront certains. Il n’y aurait pas de crise de la cinquantaine, ni d’antidépresseurs, et encore moins de roman, si tout se réglait aussi facilement.

Par une vue en plongée de son intérieur, on nous montre le vide d’un homme. Comme tout vide réclame d’être comblé, même par du poison, il tentera de le remplir. C’est lors d’une expédition dans le cadre de son travail que sa vie chavirera. Pour la beauté et l’élégance du continent africain, dira-t-il à sa femme, lui taisant son fort attrait pour les femmes africaines la femme noire et son mysticisme vaudou l’ensorcelant. Plus précisément, il désire se laisser ensorceler. Nous entrons dans le champ brumeux de la psychologie d’un moi qui a besoin de se fondre dans l’autre, jusqu’à s’anéantir. C’est une des originalités du roman de faire vivre à un personnage masculin un fatras d’émotions perfides, dont le désir d’une fusion dévastatrice. Cela nous change de l’inverse qui a été fortement exploité. Ici, la femme est forte et tient le haut du pavé, l’homme est faible et se présente comme une marionnette.

Le personnage, un réalisateur mandaté au Bénin, décide de risquer le tout pour le tout. Est-ce que son système d’alerte finira par sonner et est-ce qu’il sera trop tard? Là est la question à laquelle j’ai accrochée. Le fait que les émotions nous soient exposées avec la transparence du « journal intime », que la pudeur n’y ait pas sa place, n’est pas étranger à mon intérêt pour cette histoire torride. Le personnage appréhende le monde avec ses sens en alerte. Il déroule la pellicule sous nos yeux, hors de nos sentiers battus, plongés dans des us et coutumes bouleversantes.

Une empreinte de documentariste – c’est la profession de l’auteur – est déposé sur cette histoire que l’on jurerait s’être déroulée telle quelle. Il semblerait d’ailleurs que la trame repose sur plusieurs faits vécus, ce qui ne lui enlève aucun intérêt, au contraire.

N.B. : Ce titre est un repêchage préalablement publié sur le webzine La Recrue, vitrine des premières oeuvres littéraires québécoises. Je vous invite à visiter Le Sermon aux poissons de Patrick Lessard mise sur la sellette ce 15 du mois. Vous saurez tout sur cette oeuvre (ou presque) !

Le souffle de Mamywata - Claude Grenier, Leméac, 2011, 288 pages

1 commentaire:

anne des ocreries a dit...

Celui-là, si je le croisais, je le lirais juste par curiosité, pour voir de quoi il en retourne, car il m'intrigue, mais pas au point cependant de foncer le commander ! j'attendrais vraiment de le voir sur mon chemin, à l'occasion. Il me paraît torturé, cet homme-là....(le personnage principal).