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vendredi 31 août 2012

Depuis les cendres - Emmanuel Bouchard

Emmanuel Bouchard est un auteur qui vénère les mots, ça se sent. Assez souvent, les personnes qui vénèrent les mots sont portées sur la poésie et par la poésie, cette musique des mots.

J’aime ces styles empreints d’une délicatesse qui décrit la réalité en l’embellissant, maniant les mots qui ont du caractère et qui dégagent une odeur particulière difficile à définir. J’ai reconnu ce style chez Emmanuel Bouchard « Au passage » de son recueil de nouvelles paru en 2008. J’en ai gardé un assez bon souvenir pour ouvrir la main et prendre ce livre à la couverture recouverte d’un chandail de laine brune aux grossiers boutons.

C’est le chandail de son père et Hubert le porte, fier de se coller à celui pour qui il voue une admiration aimante, d’autant plus aimante, qu’il ne lui aurait pas suffisamment démontré ce sentiment pendant qu’il était vivant. Une émotion partagée par ô combien de personnes qui perdent trop tôt un être cher sans lui avoir rendu l’hommage mérité. Donc, rien de nouveau sous le soleil. Est-ce pour cela que j’ai avancé en compagnie d’Hubert éprouvant l’ennui d’une éternelle journée de pluie ?

Hubert tente de quitter sa peine en quittant la ville de Québec mais le décor seulement change, pas la morosité qui colle à lui comme une peau. Arrivé en France, cet être morose ne cherchant rien de particulier trouve ce qu’il ne cherchait pas. Un accident de parcours l’expulse de ses pensées qui, de toutes manières, tournaient en rond. La personne rencontrée souffre elle aussi d'un mal qui se mariera au sien, les deuils s’additionneront un à l’autre.

J’ai apprécié cette relation se déroulant sous mes yeux, un peu d'imprévu se faisait bienvenu, comme le soudain rayon de lumière passant à travers une vitre embuée. Mais tout est complexe et j'avais de la difficulté à compatir à ces personnes empêtrées dans leurs mares de misères psychologiques. Ma principale émotion était d'étouffer en lisant ce narrateur collé à son personnage. J’ai accueilli les courriels régulièrement expédiés à la famille comme de l'oxygène. Un bel astuce pour démontrer l'étendu et l’épaisseur du verni que Hubert présente aux yeux des autres.

Le roman se présente comme un journal d’un voyage en France mais surtout au cœur de soi, un soi assombri par la perte d’un être cher. On peut parler d’un bel hommage à un père, tellement le fils éploré nous le présente sous l’angle d’un homme solide et fidèle.

* * *
Nota Bene : Tenir compte que mon manque d'enthousiasme pour ce sujet n’a certainement pas aidé mon appréciation « Un roman sur le deuil, avais-je vraiment besoin d’en lire un, un autre ? » me suis-je répété tout au long de ma lecture.

4 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Ma réflexion en te lisant a été la même : " ai-je besoin de lire un livre comme ça " ? - et je crois que ce serait un livre à lire à jour de pluie, quand on est dans le marasme (mais ça n'arrangera rien....) et qu'on s'ennuie à cent sous de l'heure - et qu'il ne traîne rien de plus captivant à se mettre sous la dent.

Je passe....

Suzanne a dit...

Je passe également....

Anne a dit...

Ah tu n'avais pas vraiment apprécié, dirait-on ;-) Disons que ce qui m'a gênée, c'est le voyage un peu cliché en France, ça sonnait creux, mais il y avait chaque fois les passages "intérieurs", "intimes" que je trouvais tellement beaux, ça rattrapait tout àmes yeux.

Venise a dit...

Anne : C'est vrai, tu me donnes l'occasion de me relire et, en effet, il m'a laissé tiède disons. Par contre, en lisant ton billet, je me disait, bien vrai que la description du deuil était judicieuse. Question d'humeur souvent tout ça.

Et en ce sens-là, je serai prête à relire l'auteur n'importe quand. C'est plutôt le sujet qui m'a rebuté que le style.