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mardi 19 mai 2015

L'amour inconditionnel de Denise Riendeau

Voici un roman qui s’est imposé à moi, qui est venu me chercher. J’aurais dû lui faire prendre la file de ma pile, mais aussitôt feuilleté, je n’ai plus voulu quitter Marie-Denise, le personnage principal. Il est question d'une adolescente insoumise au caractère intense et exacerbé par l’absence de filtre entre l’auteure et son personnage. Elle a ceci d’attachant qu’il est facile de revivre ses élans contestataires pour qui a rué dans les brancards dans sa jeunesse. Sa fougue est tenue sous bride par son entourage, permettant des écarts qui ne la dévieront pas trop de son chemin.

Mais parlons du contexte où nous retrouvons cette ainée de famille. Suite au départ du père, la mère la place avec ses frères et sœurs dans un orphelinat tenu par les religieuses. Ses fugues à répétition la mèneront à son ultime but ; sortir des murs de prison de l’orphelinat. L’adolescente idéaliste pense avoir atteint la liberté, incapable à son âge de soupeser les contraintes de sa nouvelle vie dans un collège, cette fois supervisée par une mère ferme et une grand-mère autoritaire. Facile pour elle de s’imaginer, qu’avec un père, tout serait différent et plus facile.  

Mère, grand-mère, amie, épreuves, vie familiale, choix du métier, amour, absolument tout, passe à travers les prismes de la vision de cette jeune fille qui deviendra une femme sous nos yeux. Pour m’attacher à une histoire, j'aime du mystère. Ici, je l’ai trouvé à tenter de cerner la réalité à travers l’importante subjectivité de ce personnage.

Je dois le dire, j’ai préféré sa jeunesse à sa vie adulte. Premièrement, son caractère s’accordait mieux à la révolte contestataire d’une adolescente qu’à celle d’un adulte. L’autre raison n’est pas négligeable, j’ai été séduite par la détermination du personnage maternel abandonné à son pénible sort d’avoir seule la charge de ses enfants, tandis que l’aide sociale n’existait pas. Pourquoi son mari l’a-t-elle abandonnée ? Jusqu’à quel point est-elle influencée par sa famille ? Arrivera-t-elle à sortir de la misère ? Va-t-elle sortir ses autres enfants de l’orphelinat ? Même si je l’ai fréquenté sous la vision de sa fille, j’ai beaucoup aimé la suivre. Quand Marie-Denise devient une jeune femme, sa mère se retrouve dans l’ombre, sa présence m’a manquée.

L’option de l’auteure fut de se centrer sur un seul égo, celui de Marie-Denise. L’envers de la médaille, si la rencontre avec le personnage principal ne se fait pas, il y a fort à parier que l’on passe à côté de l’intérêt suscité par cette histoire.  Est-ce l’absence totale de père dans ma vie, ou d’avoir connu l’enseignement religieux à la même période ou ma quête de l’amour en réaction au père absent mais la similitude de situation avec la mienne m’a aidé à garder le cap.

Le style de l’auteure est à l’image du personnage principal : intense, bouillant mais un peu brouillon. Il m’est arrivé de lire certaines infos déjà abordées, ou de régresser après avoir avancé, de lire des contradictions. La ligne de vie ne se présente pas toujours nettement. Comme les êtres humains, les livres ont des défauts, lesquels peuvent aussi nous charmer. Ce qui fut le cas ici.

Si je devais ajouter un accent philosophique à l’histoire, je dirais ceci : comme la vie ne supporte pas le vide, l’absence du père a rempli et éclairé la majorité des gestes et pensées du personnage principal, Marie-Denise. La quête du père chez une personne percluse d’idéalisme vous intéresse, ouvrez-vous à ce titre.

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